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Citations sur De la France (34)

L’intelligence et les sens peuvent s’accorder et même s’entraider. Mais quand intervient l’âme, avec ses incertitudes obscures, la paix est troublée.
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La culture est nuance ; la profondeur, intensité. Sans une dose d’artificiel, l’esprit humain se brise sous le poids de la sincérité, cette forme de barbarie.
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Les gens ne semblent faits que pour se retrouver et parler. Le besoin de conversation provient du caractère acosmique de cette culture. Ni le monologue ni la méditation ne la définissent. Les Français sont nés pour parler et se sont formés pour discuter. Laissés seuls, ils baillent.
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Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de la décadence est inséparable de la gastronomie. Un certain Romain, Gabius Apicius, qui parcourait les côtes de l'Afrique à la recherche des plus belles langoustes et qui, ne les trouvant nulle part à son goût, ne parvenait à s'établir en aucun endroit, est le symbole des folies culinaires qui s'instaurent en l'absence de croyances. Depuis que la France a renié sa vocation, la manducation s'est élevée au rang de rituel. Ce qui est révélateur, ce n'est pas le fait de manger, mais de méditer, de spéculer, de s'entretenir pendant des heures à ce sujet. La conscience de cette nécessité, le remplacement du besoin par la culture - comme en amour - est un signe d'affaiblissement de l'instinct et de l'attachement aux valeurs. (p.66)
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Rien ne blesse plus l’intelligence que le patriotisme. L’esprit, en se raffinant, étouffe les ancêtres dans le sang et efface de la mémoire l’appel de la parcelle de terre baptisée, par illusion fanatique, patrie.
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Les Français ne peuvent plus mourir pour quoi que ce soit. Le scepticisme cérébral est devenu organique. L'absence d'avenir est la substance du présent. Le héros n'est plus concevable parce que personne n'est plus inconscient ni profond.
Une nation est créatrice tant que la vie n'est pas sa seule valeur, tant que ses valeurs sont ses critères. Croire dans la fiction de la liberté et mourir pour elle ; participer à une expédition pour la gloire ; considérer que le prestige de son pays est nécessaire à l'humanité ; substituer à cette dernière ce en quoi l'on croit, voilà les valeurs.
Tenir davantage à sa peau qu'à une idée ; penser avec l'estomac ; hésiter entre honneur et volupté ; croire que vivre est bien plus que tout, voilà la vie. Mais les Français n'aiment plus qu'elle, et ne vivent plus que par elle. Depuis longtemps, ils ne peuvent plus mourir. Ils l'ont trop souvent fait dans le passé. (p.43)
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Quand une civilisation entame-t-elle sa décadence ? Lorsque les individus commencent à prendre conscience ; lorsqu'ils ne veulent plus être victimes des idéaux, des croyances, de la collectivité. Une fois l'individu "éveillé", la nation perd sa substance, et lorsque tous s'éveillent, elle se décompose. Rien de plus dangereux que la volonté de ne pas être trompé. La lucidité collective est un signe de lassitude. Le drame de l'homme lucide devient le drame d'une nation. Chaque citoyen devient une petite exception, et ces exceptions accumulées constituent le déficit historique de la nation. (p.40)
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La poursuite insistante du bonheur, le goût pour la parade du paradis, la volonté d’étouffer le noyau amer du temps, du cœur sont les preuves d’une profonde fatigue. Dans le souhait de s’épuiser dans l’immédiat, il y a le renoncement à l’infini. Rien n’est plus gênant que de voir une nation qui a abusé — à juste titre — de l’attribut « grand » — grande nation, grande armée, la grandeur de la France — se dégrader dans le troupeau humain haletant après le bonheur. Elle était réellement grande quand elle ne le cherchait pas. Aucune guerre, aucune révolution, aucun monument et aucun acte d’exception ne se sont jamais réalisés sans la passion aventureuse pour les flagellations de l’adversité et sans cette influence de chance et de malchance couronnant les actes de gloire. « Le Français moyen », « le petit-bourgeois » : types honteux de circulation courante, qui ont fleuri sur les ruines des exploits du passé. Quelle ironie de la vie : le sacrifice des héros est suivi des fades délices du médiocre, comme si les idéaux ne jaillissaient de la gloire du sang que pour être piétinés par les doutes.
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Les générosités sont de graves fautes théoriques. Mais, sans elles, une civilisation ne justifie pas sa marche sous le soleil. Elles révèlent le pouvoir d’illusion – de vie – qui gît dans un peuple. Plus elles ont été grandes, plus le réveil sera écrasant. C’est une graine de donquichottisme qui marque les potentialités internes d’un peuple. La civilisation qu’il crée est le fruit de cette graine. Quand elle s’est épuisée, l’homme s’assoit au bord de son destin, avec toutes les valeurs issues de la sève du leurre fécond, et jardine son abattement dans le repentir et le désenchantement.
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La graine d’enfance qui donne naissance au temps a perdu sa vigueur dans un pays désensemencé de son avenir par un trop-plein de passé.
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