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EAN : 9782021506983
Seuil (06/05/2022)
3.61/5   18 notes
Résumé :
Quand Aya Cissoko était jeune, sa mère, Massiré Dansira, ne cessait de lui répéter : « Tu n'es pas l'enfant de rien ni de personne ! ». Devenue mère à son tour, l'autrice entend ici rappeler à sa propre fille ses origines ; son enfant est en effet issue d'une double lignée à l'histoire violente et douloureuse, celle de guerriers bambaras du Mali qui ont affronté la colonisation, et de juifs ashkénazes déportés à Auschwitz.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'auteure, fille de Maliens installés en France, était mal partie dans la vie. Jeune, elle a vécu dans une famille noire et pauvre. En particulier elle évoque avec émotion la mémoire de sa mère analphabète, qui a toujours conservé sa dignité. La trajectoire d'Aya Cissoko l'a conduite à sortir de ce milieu. Pourtant, elle n'a rien oublié. S'adressant à sa fille, elle témoigne de sa condition de « Noire-Noire », qu'elle assume.
Le début est particulièrement incisif. Dès la page 4, elle nous assène que tout est « politique ». La meilleure défense étant l'attaque, elle stigmatise en bloc les Blancs comme les « Autres ». Par la suite, l'auteure parait moins dogmatique et surtout plus précise. Elle décrit bien le racisme quotidien, les abus de pouvoirs de la police, la lourdeur administrative, le fiasco de l'Education Nationale (dans sa tentative d'intégrer les enfants d'origine étrangère), etc... Evidemment, les problèmes soulevés ici sont immenses et je ne suis pas sûr qu'on aille présentement dans la bonne direction...

Sur le fond, comment puis-je me positionner après avoir lu le livre d'Aya Cissoko ?
Pas de doute pour moi: l'Homo Sapiens est un être agressif, cherchant constamment à asseoir sa domination sur les autres. Cela commence dès l'école primaire: un enfant trop gros, ou trop petit, ou trop naïf, ou trop protégé, est couramment victime de vexations petites ou grandes, infligées sans vergogne par d'autres élèves. A l'école comme ailleurs dans la société, n'importe quoi – y compris la couleur de la peau – peut engendrer ce type de méchancetés.
Les réactions racistes sont un phénomène de masse très ordinaire, dont personne ne peut s'exonérer complètement. En outre, le racisme et les injustices qui lui sont attachées ont, dans la société, une dimension collective et engendrent une colère plus ou moins visible. L'auteure l'exprime sans détours: « La colère est l'une des réponses instinctives et immédiates à l'injustice. La colère précède l'action » (p. 33). A vrai dire, son ire semble d'autant plus violente que elle-même a eu autrefois honte de sa mère qui n'a jamais été "assimilée".
Aya Cissoko est elle-même prisonnière du système: par exemple, quand elle scolarise sa petite fille dans une école privée, comme le ferait une Blanche BCBG ! Par ailleurs, je n'ai pas compris pourquoi elle rechigne à être considérée comme un exemple d'intégration réussie. (A ce sujet, on se demande pourquoi elle ne décrit pas clairement ici son propre parcours, qui est remarquable).
Je suppose que les contempteurs du "wokisme" vont beaucoup s'énerver en lisant ce livre. Moi, je pense que le point de vue des Noirs vivant en France est méconnu et mérite d'être documenté. Tant pis si l'auteure me parait parfois beaucoup trop catégorique.
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« Tu n'es pas l'enfant de rien ni de personne ! » disait sans cesse Massiré Dansira...
Ce texte est un fort et émouvant passage de témoin pour sa fillette qui vient de naître. Aya Cissoko, fille d'immigrés venus du Mali en 1960 y raconte l'histoire de son père qu'elle a peu connu et surtout celle de l'existence laborieuse d'une mère, digne et respectueuse malgré  les nombreuses marques de mépris, ou de racisme. Elle rend hommage à la noblesse passée et à la richesse convoitée du Mali, à la dignité de sa mère, Massiré Dansira, dont elle a parfois eu honte adolescente, juste pour mieux s'intégrer...Ce texte constitue comme une réparation de son attitude. 
"La France m'apprit que pour appartenir à ces Autres, il me faudrait m'assimiler en trahissant mon propre camp. La France m'a fait avoir honte de ma mère. Parce que je n'avais qu'elle sous la main. Et que sa personne concentrait tout ce que nous n'étions pas. Elle n'était pas blanche et n'avait que sa force de travail à vendre. Une femme docile et silencieuse par nécessité, tant qu'on ne lui manquait pas de respect. Massiré Dansira dut en passer par là pour qu'il en soit autrement pour nous."
Aya Cissoko adresse aussi à la France un témoignage personnel de sa difficulté d'être considérée comme française alors même qu'elle est née sur le territoire français et parfois même considérée tout simplement parce que c'est une femme influente. 
" La dignité est tout ce qu'il reste à ceux qui ne sont rien et ne possèdent rien dans une hiérarchie des hommes faite par quelques-uns pour ces quelques-uns."
Un texte miroir qui fait réfléchir... Je recommande!
#Aunomdetouslestiens #NetGalleyFrance
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J'ai bien du mal à me forger une opinion sur ce texte, tant il a suscité en moi des sentiments et des réflexions contradictoires.
J'ai apprécié découvrir l'histoire de l'auteure, son passé et le regard qu'elle porte sur son héritage familial et culture, sur son enfance et sur la manière dont ces éléments ont contribué à forger la femme qu'elle est aujourd'hui.
En revanche, j'ai eu beaucoup plus de mal avec le ton adopté : extrêmement critique, moralisateur et vindicatif, je trouve qu'il en vient presque à desservir la réflexion menée par l'auteur tant il finit par lui faire adopter les positions qu'elle tend à critiquer. C'est ainsi qu'un texte qui fait la part belle à l'altérité et promeut l'humanité en vient presque à diviser au lieu de rassembler.
Pour autant, l'auteure utilise son histoire personnelle et son ressenti sur les évènements qu'elle a traversé pour nourrir une réflexion sur le racisme, sur le poids de notre héritage à tous sur les rapports humains, et sur la nécessité de déconstruire des schémas de pensée que l'on nous inculque depuis toujours.

Je ressors donc un peu frustrée de cette lecture : le point de vue de l'auteure est capital et mérite d'être largement diffusé, mais la construction du texte vient quelque peu renier les principes qu'elle souhaite mettre en avant, donnant par moment l'impression qu'elle reproduit le système qu'elle cherche à dénoncer.
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Je remercie netgalley et la maison d'édition de m'avoir permis de lire cet ouvrage.

Il faut savoir que je l'ai demandé dans l'optique de mon challenge lecture écrite par des minorités. Je me suis mis comme challenge de découvrir de nombreux livres écrits par des personnes de la communauté africaine, ayant fini mes lectures sur la communauté amérindienne, je poursuivrais ce challenge avec la communauté asiatique.

Ici, dans cet ouvrage, nous retrouvons l'auteur qui s'adresse à sa fille, afin de lui expliquer ses origines.
Nous allons retrouver plusieurs aspects qu'elle veut lui transmettre, qui elle est, d'où elle vient, sa culture.
Afin que celle-ci puisse prendre conscience de son héritage qui est à la fois riche, mais triste. Mettre en avant certains stigmates auxquels elle pourrait être exposée au cours de sa vie, par exemple le racisme. J'ai pu me retrouver dans plusieurs aspects de cet ouvrage étant métisse, en fonction de l'endroit où l'on se trouve la réaction des gens diffères.

La France pense que nous ne sommes rien sans elle et que nous lui devons tout. Nombreux sont ceux de ma génération à avoir cru au mérite républicain et à avoir durement travaillé pour en bénéficier. Mais la classe n'efface pas la race.

J'ai bien trop souvent entendu, qu'ils rentrent chez eux, ils sont là pour les allocs ou phrases péjoratives concernant la communauté noire, mais je réponds toujours, ils ne vous ont pas demandé de les coloniser, de voler leur richesse. En France, ils les ont tous mit dans des cités, car ils avaient besoin de mai d'oeuvre, mais aussi de remonter le taux de natalité du pays et ensuite, ils viennent se plaindre. Certes une minorité fait des problèmes, mais ceux qui ne font sont stigmatisé. C'est pareil pour toutes les communautés. Il y a encore des gens en 2022, qui pensent qu'il y a une "race" supérieure aux autres. Et ce livre démontre plusieurs aspects de mes dires.
suite sur le blog
Lien : http://www.leslecturesdophec..
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Voilà une lecture qui n'a pas été facile, en raison des thématiques traitées dont certains resonnent, avec force, avec mon vécu. C'est un cri de colère que je connais, malheureusement, très bien.

Peut-être certains seront mal à l'aise pour le ton qui peut paraître vindicatif, mais c'est la seule manière pour montrer comment ce que l'autrice a vécu, peut vous marquer à vie:
- Comme il peut être épuisant que bien être né(e) français(e), ce n'est pas considéré comme tel à cause de votre couleur de peau, que l'on vous demande de vous "intégrer" presque en reniant l'héritage de votre culture pour ne pas faire du "communautarisme", de devoir se battre contre des clichés absurdes et blessants, de devoir rentrer dans un "moule" bien défini...

Bref ! Comprenez cette colère qui est là pour vous ouvrir les yeux sur le quotidien de nombreuses personnes. Elle imprègne tout cet ouvrage pour vous secouer et montrer la réalité. Alors, écoutez... Ecoutez et comprenez
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critiques presse (1)
LeMonde
19 août 2022
Au nom de tous les tiens (éd. Seuil, 2022) résonne comme un cri de colère. Dans ce texte abrupt, écrit dans la continuité de ses deux précédents romans, Danbé et N’ba, Aya Cissoko interroge les inégalités sociales et la persistance du racisme en France.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
L'idée de te remettre dans le public ne me quitte pas, malgré les années qui passent. J'éprouve de la culpabilité à l'idée d'aller à l'encontre de mes convictions. La réaction du directeur de l'établissement public dans lequel nous sommes sectorisés dut à la fois inattendue et abrupte. Il était venu parler de son école à la bibliothèque municipale où nous avons nos habitudes. C'était l'occasion de lui demander ce qu'il pensait de ton inscription dans son école. "Mieux vaut la laisser là où elle est", m'avait-il répondu...
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La France m’apprit que pour appartenir à ces Autres, il me faudrait m’assimiler en trahissant mon propre camp. La France m'a fait avoir honte de ma mère. Parce que je n’avais qu'elle sous la main. Et que sa personne concentrait tout ce que nous n'étions pas. Elle n’était pas blanche et n’avait que sa force de travail à vendre. Une femme docile et silencieuse par nécessité, tant qu'on ne lui manquait pas de respect. Massiré Dansira dut en passer par là pour qu'il en soit autrement pour nous."
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(p. 9)
Les Autres avaient en commun d’être blancs. Ils parlaient correctement, s’habillaient comme il faut et semblaient porter un attention toute particulière à leur progéniture. J’avais choisi mon camp, celui de la trahison, celui des Autres.
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(p. 102)
La France pense que nous ne sommes rien sans elle et que nous lui devons tout. Nombreux sont ceux de ma génération à avoir cru au mérite républicain et à avoir durement travaillé pour en bénéficier. Mais la classe n’efface pas la race.
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La France voudrait que nous l'aimions d'un amour absolu, indéfectible, aveugle. Elle exige continuellement des gages de cette relation prétendument équitable tout en niant les conséquences de son attitude belliqueuse sur nos vies. La France veut que nous soyons sous son contrôle et à sa merci. Elle nous maltraite et s'offusque bruyamment que nous lui tournions le dos.
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