On considère la boxe comme un sport violent. Mais je trouve, moi, que c’est la vie qui est violente, confie-t-elle. Ce qu’elle inflige sans crier gare est autrement plus douloureux que ce qu’on risque entre les cordes.
Rien ne ressemble plus à un délire paranoïaque qu'un discours raciste.
Quand on est le personnage d'une tragédie, on ne s'épuise pas à chercher des coupables. On s'efforce tout juste d'aller jusqu'à demain.
« J’aimerais que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu’il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai. (…) Il est mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant. »
On se résigne plus vite à admettre l'injustice et le crime quand ils touchent les pauvres.
J'abandonne un instant une existence que je considère comme "normale", où l'on ne se pose pas en permanence la question du toit, du repas, de l'eau, pour entrer dans la vraie vie. La vie des autres, de la majorité des autres, où le quotidien s'arrange de la faim, de la rue, de la vermine, de la maladie, de la mort.La misère est partout palpable. Pas la petite misère qui ressemble à la pauvreté, mais la misère comme un destin, un enfer commun. Ce qui me frappe le plus, ce sont ces enfants qui dorment sur les trottoirs, les petits corps recroquevillés sur l'asphalte ou la terre battue. C'est une chose très différente de savoir et de voir.
Je m'applique à encaisser. On boxe à cette condition: l'autre ne doit jamais savoir que vous venez de prendre un coup. Quand je m'entraîne, surtout, j'arrête de penser. Je me bats l'esprit aux abonnés absents. Je n'entends plus que mon corps, le tressaillement des muscles. Je m'exerce à tolérer la douleur, à passer les seuils. Ce mal-là, j'en veux bien, je l'ai choisi.
Boxer me prouve, à longueur d'entraînement, que j'existe. Chaque coup reçu, chaque impact, la douleur même, me rappellent que je suis vivante. J'ai mal et je résiste.
Il n’y a pas d’âge pour se conduire dignement, ni de circonstances qui vaillent
Au destin qui s'acharne, on ne peut opposer que la ténacité et le recommencement;