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EAN : 9782708245280
366 pages
Editions de l'Atelier (23/03/2017)
4.16/5   28 notes
Résumé :
L’histoire de France est aujourd’hui l’objet d’un nouvel enjeu. D’un côté, quelques nostalgiques d’un nationalisme barrésien réclament le retour du « roman national » ; de l’autre, les
chercheurs – historiens, archéologues, politologues, préhistoriens – et les enseignants mettent en récit une histoire de France « retrouvée », « mondiale », en tout cas ni gauloise, ni prédestinée par le sacre de Clovis, ni même par l’avènement d’Hugues Capet.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La nouvelle édition du livre de Suzanne Citron dans une édition de poche est une très bonne nouvelle.

L'auteure, avec un vrai talent, de conteuse analyse « la mise en scène du passé imaginée au siècle dernier par les historiens libéraux, romantiques puis républicaine ». Elle soumet à une critique rigoureuse le récit linéaire et continu d'une France pré-incarnée dans la Gaule, réintroduit les victimes et les oublié-e-s, n'oublie pas l'esclavage, les conquêtes coloniales, Vichy et la guerre d'Algérie, etc.

L'auteure démonte la construction de la fille ainée de l'Église, les réécritures successives des passés en fonction des présents. de nos ancêtres les gaulois, à la négation des spécificités franques, de la France incréée à ses vocations universalistes, un fil permanent semble tendre une continuité au milieu de ruptures ou d'anachronismes.

De ce point de vue, les manuels scolaires sont révélateurs de l'exposition et des déplacements du mythe national, de l'incapacité d'être parmi les autres, du gommage, des omissions et des mensonges pour construire des fables qui n'ont que peu de rapport avec les aspérités des histoires.

Se réapproprier la construction même de cette histoire est donc un enjeu politique.

Suzanne Citron nous propose une autre vision de l'écriture de l'histoire. « Sans se laisser empêtrer dans la raison d'État, elle n'occulterait pas les dénis qui parsèment l'histoire de France comme celle des autres, ce qui n'a rien à voir avec la repentance. Rompant avec la logique linéaire du même, elle décrypterait dans les processus le différent dans le semblable, le multiple dans l'Un, les convergences et les confrontations entre l'État dans ses figures successives et les Français dans leurs diversités sociales, idéologiques, culturelles. »

L'auteure souhaite aussi une vrai démystification de la Révolution de 1789. « Je continue de penser que la capacité à dépasser la révérence passionnelle et à traiter la Révolution comme un objet historique et non plus comme l'avènement michelétien (de Michelet) reste une nécessité vitale pour une Gauche en quête d'elle-même mais pour une France qui n'a aucune raison de se penser comme le pays des droits de l'homme. »

Comment ne pas partager cette invitation et l'étendre à d'autres révérences passionnelles et d'autres révolutions, et en particulier celles du vingtième siècle ?

Cet ouvrage est passionnant. On pourra bien évidement discuter de tel ou tel point, mais le tout est bien décapant. Pour ceux et celles qui voudrait mieux connaître l'auteure, je signale aussi son autobiographie parue en 2003

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« le mythe national, l'histoire de France revisitée » est parue en 1987, l'ouvrage a été plusieurs fois réédité, la dernière édition datant de 2017. L'auteure, Suzanne Citron, décédée en 2017, était une spécialiste de la question de l'enseignement de l'Histoire à l'école. Dès les années 1980, elle interpelle le ministère de l'Education sur le rétablissement d' un programme d'Histoire centré sur la France.
La parution en 2017 de « L'Histoire mondiale de la France » dirigée par Patrick Boucheron a relancé le débat. L'élection présidentielle de 2017 a redonné une « publicité » (mais en avait-il besoin ?) au livre de Suzanne Citron quand une historienne l'a offert à François Fillon qui voulait revenir au récit national. Actualisé, l'ouvrage en ressort conforté par vingt années de recherches et la parution de nombreux travaux.
La présentation et l'étude des ouvrages scolaires de la III ème République livrent la construction de l'enseignement de l'Histoire. Un passé glorieux est constitué, rattaché aux gaulois qui sont liés aux germains par leur ancêtre commun : Noé. Depuis Vercingétorix, les gaulois sont la référence. Une succession de héros nationaux est donnée en exemple aux élèves. Par leur valeur personnelle, leur courage, leur exemple .. ils forment une trame chronologique construite sur des étapes "nécessaires" et constitutives du territoire national. Ainsi patrie, nation et état s'unissent pour aboutir à la réalisation de la France. le sacre de Clovis relie le roi à une mission divine, les Carolingiens puis les Capétiens se rattachent généalogiquement aux Mérovingiens. Ils réinvestissent ainsi le mythe et légitiment leur dynastie. le roi s'identifie au royaume, leurs conquêtes construisent la France. La Révolution de 1789 remplace le roi sacré par la nation et la république, notions abstraites au regard des passés et des origines diverses des provinces devenues départements. Ainsi la France se trouve déjà constituée dans le passé lointain et construite par des conquêtes « légitimes » menées par des rois, héros et incorporation de territoires qui fondent la France de l'époque. Une histoire au service de la République est construite. L'école historique (appelée) méthodique est organisée pédagogiquement par Lavisse. Elle connaît un succès sans faille avec les ouvrages de Mallet et Isaac jusqu'aux années 1960. Non sans contradiction : La Révolution Française proclame les Droits de l'Homme et du Citoyen… Mais l'état de Droit est un idéal : l'histoire scolaire oublie la responsabilité de la République dans la condamnation du capitaine Dreyfus, puis la torture en Algérie…
Suzanne Citron démonte le mécanisme de l'écriture de l'histoire de France transmise aux écoliers. le travail d'analyse est éclairant et fort intéressant. Elle expose les multiples origines, coutumes, les diverses religions …. qui composent les régions de France et qui sont « oubliées » dans les manuels. La démonstration est, là, très large et, de fait, quelque peu générale et inachevée. Se pose ainsi la nécessité de construire un parcours historique qui reconnaisse les diverses origines et particularités.. dans lequel les élèves peuvent se reconnaître, s'accepter avec leurs différences et construire l'Europe . Vaste débat qui rebondit depuis une trentaine d'années. Les pistes ouvertes par l'ouvrage restent générales, ce sont des propositions qui montrent l'ampleur de la tâche.
L'intérêt retrouvé pour la notion d'identité, les polémiques sur les éléments constitutifs d'une histoire nationale, inscrite dans ses frontières, ou ouverte sur le monde est au coeur des préoccupations de l'époque. Dans ce contexte,« le mythe national, l'histoire de France revisitée » est un ouvrage intéressant et qui ouvre la réflexion .




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J'avais choisi ce livre lors de la masse-critique de Mai. Merci à Babelio et aux édition de l'atelier, j'ai été enchantée de le recevoir et je ne fut pas déçue par la lecture.

Et écrire une critique dans le mois suivant la réception de l'ouvrage fut pour moi un bon challenge. Je dois avouer que "normalement" c'est le type d'ouvrage que j'aurais lu en plusieurs mois :
- ce n'est pas un roman,
- il nécessite un certain niveau de concentration, qui ne cadre par forcément avec mon habitude de lecture du soir
- et sur ce type de lecture j'aime beaucoup prendre le temps d'aller "fouiller" à la recherche d'informations complémentaires.
Je vais donc certainement "devoir" le relire, plus calmement.

J'ai tout d'abord été très étonnée par la date de première édition de cette étude : 1987. Etonnée et ensuite inquiétée par les dérives politique actuelle autour de l'identité nationale, qui me semble en plus anachronique.

Ce texte est tout à fait accessible. J'ai crains un moment qu'il soit destiné à des spécialistes de l'histoire, mais même avec quelques (nombreuses) lacunes, je n'ai aucun soucis à en suivre le cheminement : bien cadré en chapitre.... très "scolaire".

Outre l'envie de relire ce texte calmement, je me pose également beaucoup de question :
- l'enseignement de l'histoire est elle toujours aussi géographiquement centrée ?
- 30 ans après la première édition de ce livre, les histoires locales sont elles tout autant ignorées ?
- Est ce que cette idéologisation de l'histoire est spécifique à la France ? comment cette matière elle enseignée en Allemagne par exemple : la capitale du royaume de Charlemagne étant Aix la Chapelle, il n'y a effet pas de raison qu'il soit plus "français" qu'"allemand".

Ce document est surtout un bonne source de réflexion autour de notre société actuelle.
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J'avais lu et apprécié « L'histoire de France autrement » publié par cet auteur. Ce livre, qui apporte une vision différente de l'histoire et décrypte quelques légendes, était la mise en pratique des théories de l'auteur, qui critique la manière de transmettre et d'enseigner l'histoire, théorisées dans ce Mythe national dont une nouvelle édition vient de paraître, reçue dans le cadre de masse critique.

Alors que l'on nous a rabattu les oreilles avec le « roman national », il n'est pas inutile d'avoir un contrepoint. Cette version ne plaira pas aux nationalistes de tout poil ; on même peut dire que c'est une vision plutôt gauchiste de l'histoire, plus précisément de l'histoire de l'histoire, tout à fait intéressante (j'ai mis quelques citations).

La première partie du livre décrypte les manuels scolaires et montre la permanence du discours depuis le « petit Lavisse » de 1884 quasiment jusqu'à nos jours, basé sur des héros, la grandeur et le service de la France et de ses valeurs universelles. L'histoire commence avec nos ancêtres les Gaulois et « les brouillages sémantiques et diverses affabulations ont permis la mythification des origines et l'incorporation de Clovis et de Charlemagne à l'histoire de France. » Dans cette optique, les rois qui ont contribué à agrandissement territorial de la France sont de bons rois, ceux qui ont perdu des territoires sont mauvais et les envahisseurs sont forcément barbares. L'histoire est écrite de façon linéaire, sans accrocs, la Révolution est considérée comme un tout et on ne parle pas de Dreyfus.

Ce type de manuels, que j'ai connu, simplifient sans doute parfois trop, biaisent le discours en centrant sur l'hexagone, mais les quelques contre-exemples donnés qui veulent rétablir la complexité des situations ne sont pas probants. Personnellement, je trouve que raconter quelques belles histoires en primaire m'a fait aimer l'histoire, m'a donné des repères temporels grâce aux personnages qui ont ponctué le programme mais j'admets que cette approche a été partiale.

La suite de l'ouvrage démonte la construction de ce récit un peu biaisé où le discours républicain reprend le fil des arguments développés pour légitimer la royauté et amalgame les définitions de « France » et « nation ». La deuxième partie, tout aussi passionnante, détruit le mythe de « nos ancêtres les Gaulois » et montre le glissement terminologique de royaume des Francs à royaume de France qui englobe progressivement des territoires qui n'ont pas fait partie de la Francia géographique. le récit de la royauté, porté par des chroniques diffusées par les grandes abbayes a contribué à la légende du roi de droit divin et la Révolution a transféré à une vision particulière de la nation les principes d'unité et d'indivisibilité du royaume. L'analyse des discours historiques et politiques contemporains montre bien la permanence de ces principes.

La dernière parie de cet ouvrage est plus polémique, elle dénonce une vision centralisatrice de la France, de sa construction et de ses communautés.

Cette démonstration reprend le fil des évènements depuis l'origine. Elle revoit ce qui a déjà été présenté dans les chapitres précédents avec un angle légèrement différent, mais c'est toujours la même dénonciation de la légitimation républicaine d'un discours, déjà utilisé pendant de la royauté, qui justifie les conquêtes et annexions du pays au nom d'un nationalisme qui sacralise l'État, le territoire et les valeurs universelles apportées par la France.

Si le propos de cet auteur est intéressant, j'ai quand même quelques réserves sur cet ouvrage. D'une part, le propos est un peu redondant entre les différentes parties et il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver dans le déroulé. D'autre part, au plan éditorial, ce livre est une nouvelle édition mais ce n'est indiqué ni en couverture ni en pages intérieures, il semble que c'est une 4e édition, enfin une 3ème révisée à la marge…. Il reste de nombreuses coquilles (Michelet et Quinet en républicains des années 1930 et 1940), l'orthographe n'est pas toujours unifiée (on trouve wisigoth ou visigoth sur la même page) et je ne vois pas l'intérêt de mettre deux épilogues quand le second reprend mot pour mot des phrases entières du premier.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Cet ouvrage traite de la façon dont a été enseignée L Histoire depuis le XIXème siècle à l'école à travers les manuels ainsi que plus globalement de la façon dont elle a été écrite et ré-écrite depuis l'époque des Gaules, et les conséquences de ce traitement de l'Histoire que décèle l'auteure: sur L Histoire des communautés, l'intégration à la française ou même sur la décolonisation. C'est à la fois passionnant et instructif.

L'organisation en parties et chapitres, eux-mêmes divisées en sous parties titrées permet une lecture dynamique. On ne se perd pas dans de long paragraphe où il est impossible de reprendre son souffle. En tant que néophyte, la logique de l'ordre de ces parties m'a paru compréhensible et cohérente.

Le contenu m'a semblé accessible à tout un chacun, malgré quelques passages un peu plus complexes. Suzanne Citron aborde les sujets qui fâchent comme les dénis de notre histoire, les manipulations des historiens pour créer la "France éternelle" ou encore les crimes commis par la France, occultés au nom de la raison d'Etat. Ce livre donne un aperçu de "Mythe français" et donne envie d'approfondir le sujet, avec d'autres oeuvres complémentaires, mais aussi contradictoires: l'auteure prend position, il est donc toujours important de se renseigner par d'autres biais pour se faire sa propre vision des choses.

J'ai été happée par ma lecture que j'ai vraiment appréciée. Je recommande cet ouvrage à tout les amoureux d'Histoire et à ceux qui veulent en apprendre plus sur la façon dont l'image de notre pays a été crée au fil des siècles.
Lien : https://lirelafolie.wordpres..
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critiques presse (1)
NonFiction
11 octobre 2017
Comment est né le roman national en France et comment a-t-il été enseigné ? Et surtout, comment en sortir…
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation

EXTRAIT DE LA PRÉFACE , consultable sur le site par l'intermédiaire de l'aperçu de lecture proposé :
En 1987 , Année de la première édition de ce livre , la France officielle de Jacques Chirac et de François Mitterand célébrait " Le millénaire de Hugues Capet " . Quatre ans après le tonnerre de l'élection de Dreux , qui avait vu la victoire du FN au scrutin municipal , le discours du parti frontiste désignant " Les immigrés " comme responsables de tous nos maux se répercutait de façon préoccupante dans la société . C'était l'année " du point de détail " de Jean-Marie Le Pen ( qui bien que moins borgne n'y voyait que d'un œil ) . C'était aussi un temps d'espoir : les " Beurs " , première génération d'enfants d'immigrés nés en France , organisaient la marche de 1983 à la suite des affrontements de Vénissieux et pouvaient devenir les contributeurs d'une nouvelle manière de penser l'histoire de France et la nation .
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L'absence, en France, de l'idée que l'histoire a une "histoire" est flagrante. Nous croyons à l'histoire avec un grand H. Pourtant, le passé se transmet sous des habillages qui varient avec les époques. La configuration d'un récit est marquée d'empreintes idéologiques fluctuantes, de coloration imaginaires. Nulle explication ne reflète jamais complètement son objet. L'histoire de France reste, pour la plupart des Français, ce qu'elle était à la fin du siècle dernier : à la fois science et liturgie. Décrivant le passé "vrai", elle a pour fonction et pour définition d'être le récit de la nation : histoire et nationalisme sont indissociables. Au XIXe siècle, la nation devint l'être historique par excellence, autour duquel s'organisa le passé supposé intégral.
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Cette histoire (de France) reste celle de l'État unitaire et de sa légitimité et, en aucune manière, celle de la société civile pluriculturelle. Dans cette histoire, telle que l'avait voulue l'école méthodiste et lavissienne, point de passé pour les Occitans, les Bretons, les Béarnais, les Basques, les Corses, les Savoyards, les Alsaciens, pas de place pour une identité antillaise avec en toile de fond de la traite et l'esclavage, pour une mémoire juive, protestant ou pour celle des immigrations.
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Répression de la Commune, affaire Dreyfus, mutineries de 1917, massacres de Sétif en mai 1945, tortures en Algérie, combien de temps aura-t-il fallu pour que « l'histoire » élucide ces secrets et pour qu'ils entrent dans une logique d'explication qui casse les tabous et cesse d'être une logique d’inculcation ?
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La crise de l'identité nationale ne peut être dissociée d'une crise de la culture "républicaine", qui se manifeste par des références abusives à l'exceptionnalité de la nation et par l'usage incantatoire du mot "République". L'imaginaire historique forgé au XIXe siècle sous-tend des nationalismes et des souverainismes mystificateurs.
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