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Critique de VincentGloeckler


À Atmore Alabama, pays des rednecks, des cerveaux étriqués et du poing facile, où l'on s'endort dans les brumes de l'alcool et les commentaires haineux et racistes de Foxnews, la ville est encadrée par deux mastodontes de béton, le casino, laissé à la gestion des indiens Creeks, comme un os à ronger pour les indigènes locaux, et le pénitencier, sur le parking duquel il ne fait même pas bon s'attarder. C'est dans cette cité-image d'une Amérique en pleine régression, hésitant entre l'adhésion à un certain fascisme moral et politique, assorti de xénophobie, et l'oubli dans les drogues, qu'est arrivé, comme au terme d'une quête, le narrateur de cette histoire. Et c'est là, s'installant chez l'habitant, l'hospitalière Mae au fils enfermé à vie dans le pénitencier, errant à travers la ville pour toujours ramener ses pas vers la prison, qu'il fera connaissance d'Eve, une pute mexicaine au grand coeur mais à la parole acérée, bientôt la condidente de ses états d'âme. Que vient faire ce Français dans ce trou perdu d'Amérique ? le roman, petit à petit, le dévoile, mélangeant avec habileté l'évocation de la misère sociale et l'aveu des désarrois intimes, dans une langue taillée au couteau, une écriture de la nuit à peine constellée d'éclats d'humour et de formules acides ou tendres comme « Je la regardais, cette Amérique, et me suis dit qu'elle dégueulait d'Amérique », «j'ai envie de mettre ta tristesse dans ma tristesse comme on met une petite boîte dans une boîte plus grande », « ils pensent être le peuple. Ils ne sont que la foule », « là-bas, les alligators grouillent comme des masochistes à une distribution de baffes »… « Atmore Alabama », le nouveau roman d'Alexandre Civico, une allègre symphonie macabre, un des textes importants de cette rentrée littéraire, à paraître en septembre chez Actes Sud (collection Actes noirs). Par un écrivain, membre du collectif Inculte, dont les deux précédents textes, publiés chez Rivages, avaient déjà été très remarqués.
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