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EAN : 9782718608136
196 pages
Galilée (18/02/2010)
4.21/5   12 notes
Résumé :
Les deux textes réédités ici pour la première fois ensemble sont sans doute les écrits les plus célèbres d’Hélène Cixous : publiés en 1975, mais inaccessibles en français depuis plusieurs décennies, Le Rire de la Méduse et Sorties ont fait le tour du monde. Traduits très vite en anglais, ensuite dans des dizaines d’autres langues, ils sont devenus des classiques de la théorie des genres (gender theory), et ont fait de leur auteur l’une des chefs de file du « New Fre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

«  En 1968, je tirai des chaos une barque, un trésor, j'inventai l'Université de rêve, dans le bois enchanté de Vincennes. Une université avec des ouvertures, des passages, des alliances, des transes, comme leur modèle : Les Comédies de Shakespeare. Une Université d'Une Nuit d'Eté. Là on pouvait jouer les différences sexuelles, sauter le pas, être bel comme un âne et reine comme un rêve ».
« Il faut anticiper ».C'est à cela que l'on reconnaît les grandes écritures. Elles sont très éclairantes.
J'ai découvert Hélène Cixoux à travers le théâtre. Notamment à travers ses écrits pour le Théâtre du Soleil.
Je découvre l'écriture d'Hélène Cixous. Son énergie est étonnante. Elle pousse les lignes. Elle rythme. Elle pulse. Même si il est d'usage de dire que ce texte « s'inscrit dans une période qui rendait nécessaire. »..etc etc etc.... Stop !
Pas d'accord. Je ne suis pas d'accord.
Ce texte est d'actualité. « Actualité » même n'a aucun sens. Quand il s'agit de vérité, le temps doit disparaître de l'espace. Donc ouvrons les yeux et lisons.
Lisons cet Amour, cet amour autre, lisons son féminin, son masculin, son neutre, sa totalité.
«  faire signifier une loi universelle autre que celle de la division », de l'opposition, de la dualité.
Ils ont fait de nous des êtres binaires. On/off.Passif/actif. Nous sommes tous devenus esclaves de nos rôles. Sauvegardons nos complexités. L'écriture esr transformation, un océan de possibles.
Colette, Duras, Genêt, c'est en leurs textes que Cixous voit s'inscrire de la féminité en littérature française. le féminin est un sextant pour Cixous , une possibilité, ce n'est pas une réponse, pas une question, pas un dogme, pas une loi, pas un sexe.
C'est un don. Un don venu de renaissance.
Autre. Autre amour. le texte donc.
Il est. Présent. Multiple,mouvement, mouvant.
Le logos des femmes a t il un temps ? Deux mille ans de silence, - étroitesse de mon décompte j'en conviens - contre quelques années de parole ? Voilà tout ce qu'on concède à cette voix ? Et le rire ? Et le jouir, son outrance, sa démesure, son élan, sa passion, sa folle envie ?
La belle est Rieuse , serait ce là le plus redoutable des maux ?
La langue des femmes ne siffle pas, ne persifle pas, ne rampe pas, ne s'entortille pas, elle n'est pas reptilienne, elle source de vie et de jouissance. Elle jaillit. Elle ne connaît pas de frontière.
«  L'imaginaire des femmes est inépuisable, comme la musique, la peinture, l'écriture : leurs coulées de fantasmes sont inouïes ».
Adieu petite sirène, ….c'est d'une grande sève que tu seras aimée.
«  la beauté ne sera plus interdite », adieu inutile sainteté sacrificielle, bienvenue à la bonté.
«  Alors je souhaitais qu'elle écrive et proclame cet empire unique.Pour que d'autres femmes, d'autres souveraines inavouées, s'écrient alors : moi aussi je déborde, mes désirs ont inventé de nouveaux désirs, mon corps connaît des chants inouïs, moi aussi je me suis tant de fois sentie pleine à exploser de torrents lumineux, de formes plus belles que celles qui encadrées se vendent pour de la galette qui pue. Moi aussi je n'ai rien dit, je n'ai rien montré ; je n'ai pas ouvert la bouche, je n'ai pas re-peint ma moitié du monde.J'ai eu honte. J'ai eu peur et j'ai bouffé ma honte et ma peur.Je me disais : tu es folle ! Qu'est-ce que ces que ces montées, ces inondations, ces bouffées ? Quelle est la femme bouillonnante et infinie qui n'a pas, immergée qu'elle était dans sa naïveté, maintenue dans l'obscurantisme et le mépris d'elle même par la grande poigne parentale-conjugale-phallogocentrique, eu honte de sa puissance, ne s'est pas, surprise et horrifiée par le remue-ménage fantastique des ses pulsions ( car on lui a fait croire qu'une femme bien réglée, normale, est d'un calme...divin.) , accusée d'être monstrueuse?
Qui, sentant s'agiter une drôle d'envie ( de chanter, d'écrire, de proférer, bref de faire sortir du neuf ) ne s'est pas crue malade ? Or sa maladie honteuse, c'est qu'elle résiste à la mort, qu'elle donne tant de fil à retordre ».
Vous avez dit ….dépassé ?
Chaque jour vous rencontrez ces folles de joie, ces fols espoirs, écoutez les.
Ce logos est il différent, que porte-t-il , qu'elle est cette différence. Existe t elle ? Est ce une folie ? Si elle l'est , et elle l'est, alors dieu n'est pas et elle est vivante.
On convient de dire que l'écriture n'a pas de sexe. L'écriture n'est pas un ange. Pas un mal, pas un démon. C'est le signe de la bonne santé de la Vie.
On convient. Qui convient. Qui codifie ?
C'est un appel au reveil. Un éveil de toute notre humanité.
«  a force d'affirmer le primat du phallus, et de le mettre en oeuvre l'idéologie phallocratique a fait plus d'une victime : femme, je n'ai pu être obnubilée par la grande ombre du spectre, et on m'a dit : adore-le, celui que tu ne brandis pas. Mais du même coup ont a fait à l'homme ce grotesque et, songes-y, peu enviable destin d'être réduit à une seule idole aux couilles d'argile. »
Bien sur l'écrit des femmes ira plus loin. Vers des contrées jamais visitées. La femme dira, partagera, ce qu'elle a touché, senti, ressenti, respirer en ce cosmos que son corps habite.
La femme ne possède pas, elle vole, émet, voyage, transmet, écrit. C'est « un désir qui donne ».
Voilà où l'oeil se blesse, là où la peur se dresse. Pathos, logos. Un corps, un esprit.
Un genre très particulier qui ne demande qu'à donner vie. Crééer. Comme une amante mère. Adieu donc ce vieux dieu le père, et adieu tous ces complices.
«  Qui n' a pas brouillé, tourné en dérision, la barre de la séparation, inscrit avec son corps, le différentiel, perforé le système des couples et oppositions, foutu par terre d'une transgression le successif , l'enchaîné, le mur de la circonfusion ? »
L'écriture de Cixous est poésie. Une goulée d'air, un éruption charnelle.
Corps de femme, » illimité cosmos qu'Eros parcourt sans repos, immense espace astral non organisé autour d'un soleil plus-astre que les autres. »
Il y a dans son chant plusieurs voix ; Venues du plus profond de nous.
Ni dépassé, ni présent, peut être ces écrits nous écrivent-ils d'Avenir ?
«  Je parlerai de l'écriture féminine : de ce qu'elle fera : que la femme écrive de la femme et fasse venir les femmes à l'écriture, dont elles ont été éloignées aussi violemment qu'elles ont été de leur corps ; pour les mêmes raisons, par la même loi, dans le même but mortel. Il faut que la femme se mette au texte – comme au monde, et à l'histoire, - de son propre mouvement. » «  de ses mille et un foyers d'ardeur ».
«  Il ne faut pas que le passé fasse l'avenir. ». Non la femme n'est pas d'un « continent noir » si lequel elle serait reléguée. Ce n'est pas un continent sale, putride, et interdit. Évidement ces dernières phrases peuvent pour certains et certaines occidentaux ( et encore l'occident n'est pas encore éveillé), paraître excessifs...subversifs ? ( souhaitons le) .
Mais regardons notre monde, lisons le rire de la Méduse et dites moi si vous ne voyez pas des millions de corps qui ne demandent qu'à se dresser, et se libérer, des corps tendus vers tous les espoirs ?
«  la femme tient de l'oiseau et du voleur comme le voleur tient de la femme et de l'oiseau : illes passent, illes filent, illes jouissent de brouiller l'ordre de l'espace, de le désorienter, de changer de place les meubles, les choses, les valeurs, de faire des casses, de vider les structures, de chambouler le propre. ».
Hymne à l'Amour autre, pour que nous puissiez briser le cercle oppressant des dualités. Ni Méduse en abîme. Choisir la vie. L'une et l'autre. Soi et le monde. Personne contre soi.
Et c'est à tous que s'adresse Cixous, quelque soit l'instant de sa connaissance de sa reconnaissance , à tous et peut être même très directement aux femmes. Car «  Contre les femmes ils ont commis le plus grand crime : ils les ont amenées, insidieusement, violemment, à haïr le femmes, à êtres leurs propres ennemies, à mobiliser leur immense puissance contre elle même, à être les exécutantes de leur virile besogne. La femme a peur et d'égout de la femme ».
Voilà comment le maître dresse ses plus fidèles gardes-chiourmes, ses complices. Voilà comment on voit des mères livrer leurs filles en pâture. Elles reproduisent pour le compte de ce qu'elles ont créés. L'homme elles ont font de dieux, de la femme elle en fait une coupable. Voici le vice sans fin d'un crime organisé.
Lire Cixous c'est être surprise par la modernité, la jeunesse du langage. La réalité d'une écriture.
C'est une leçon de maintien. Un rappel. Fulgurance, intelligence, rapidité. Culture sans dépendance apporte grand liberté.
Et en ces temps, j'avoue que cela fait grand plaisir de retrouver un écrit non consensuel, un écrit combattant, vision de grand angle. Ça fait du bien.
Donc lire Cixous devrait être une très saine occupation pour cette nouvelle année. Conseil donné à toutes et tous. Voyez comme nous allons être très bien occupés.
Astrid Shriqui Garain
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Cet ouvrage est composé de textes réunis sur la condition féminine et la nécessité d'écrire.

Il est poétique est beau, difficile d'accès mais, si je n'en ai pas bien compris tous les détails, l'ensemble s'est révélé magnifique et puissant.

Cet élan nous vient de son travail et de celui d'une génération. Elle créa en 1974, au sein du département d'études anglo-américaines du Centre universitaire expérimental de Vincennes, le Centre d'études féminines, vrai laboratoire de recherches des études de genre. Elle y travailla notamment avec Antoinette Foulques et Annie Leclerc.

Le féminin, un continent à sortir du silence, un continent qualifié de noir longtemps, un prodigieuse force de création : "Je suis noire ET belle".

Les apports de Derrida et de Foucault sur sa pensée sont manifestes. le premier fut un ami et un complice fidèle ; elle fit partie du Groupe d'Information sur les Prisons (GIP) créé en 1971 par Michel Foucault.

Cette décennie fut riche. Hélène Cixous en France est une figure de proue, il ne faut pas l'oublier.
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Un excellent essai, deux en fait puisque deux textes célèbres de l'auteur, et devenus introuvables, ont été réuni ici.
L'écriture très poétique d'Hélène Cixous a parfois été une barrière pour moi, mais après un petit temps d'adaptation, la richesse de son oeuvre ressort magnifiée par ce style.
L'écrit des femmes comme trame centrale, mais tant et tant de détours, du mythe à la psychanalyse en passant par Kleist , et un immense talent au service d'une étude et d'une réinvention de la femme et du genre humain dans sa dualité.
Et, je l'avoue, pas toujours très clair pour moi qui lis peu d'essais sur ce thème, mais ça m'a donné envie d'en découvrir plus.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il est temps que la femme marque ses coups dans la langue écrite et orale.
Toute femme a connu le tourment de la venue à la parole orale, le coeur qui bat à se rompre, parfois la chute dans la perte de langage, le sol, la langue se dérobant, tant parler est pour la femme - je dirais même ouvrir la bouche -, en public, une témérité, une transgression. Double détresse, car même si elle transgresse, sa parole choit presque toujours dans la sourde oreille masculine, qui n'entend dans la langue que ce qui parle au masculin.
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Les belles dorment dans leurs bois, en attendant que les princes viennent les réveiller. Dans leurs lits, dans leurs cercueils de verre, dans leurs forêts d'enfance comme des mortes. Belles, mais passives; donc désirables: d'elles émane tout un mystère. Ce sont les hommes qui aiment jouer à la poupée. Comme on le sait depuis Pygmalion. Leur vieux rêve: être dieu la mère. La meilleure mère, la deuxième, celle qui donne une deuxième naissance.
Elle dort, elle est intacte, éternelle, absolument impuissante. Il ne doute pas qu'elle l'ait attendu depuis toujours.
Le secret de la beauté, gardé pour lui: elle a la perfection de ce qui est fini. De ce qui n'a pas commencé. Cependant elle respire. Juste assez de vie; et pas trop. Alors il l'embrassera. De telle manière qu'en ouvrant les yeux elle ne verra que lui; lui à la place de tout, lui-tout.
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Je suis pour toi ce que tu veux que je sois au moment où tu me regardes telle que tu ne m'as encore jamais vue: à chaque instant.
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Je parlerai de l'écriture féminine: de ce qu'elle fera. Il faut que la femme s'écrive: que la femme écrive de la femme et fasse venir les femmes à l'écriture, dont elles ont été éloignées aussi violemment qu'elles l'ont été de leurs corps; pour les mêmes raisons, par la même loi, dans le même but mortel. Il faut que la femme se mette au texte - comme au monde, et à l'histoire - , de son propre mouvement.
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Est-ce que c'est moi, poupée fantôme, cause de douleurs, de guerre, prétexte, "pour les beaux yeux" de qui les hommes font, dit Freud, leurs rêveries divines, leurs conquêtes, leurs ravages? Pas pour "moi", bien sûr. Mais pour mes "yeux", pour que je te regarde, pour qu'il soit regardé; pour qu'il se voit vu comme il veut l'être. Ou comme il craint de ne pas l'être. Moi, donc, personne, ou la mère à laquelle l’Éternel Masculin revient toujours pour se faire admirer.
Ils disent que c'est pour elle que les Grecs ont lancé mille vaisseaux, détruit, tué, fait dix fois dix ans une guerre fabuleuse, entre hommes! pour elle là-bas, l'idole, enlevée, cachée, perdue. Car c'est pour-elle et sans-elle qu'ils font la longue fête de more qu'ils appellent leur vie.
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Videos de Hélène Cixous (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Cixous
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde : - M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
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