Een tragisch verhaal

+++++++ UNE HISTOIRE TRAGIQUE +++++++

L'auteur belge flamand, Jo Claes, qui fêtera à la fin du mois prochain ses 64 ans, a poursuivi une double carrière comme auteur de thrillers et simultanément, en tant qu'expert de la Bible, comme auteur d'ouvrages sur l'art religieux.

C'est en 2008 qu'il a démarré sa série de livres à suspense autour de son commissaire de police de Louvain, Thomas Berg. "Une histoire tragique" est son 13ème et avec son 7ème "Le mythe de Mathusalem", il a gagné en 2015 le prix du meilleur thriller en Néerlandais. Mon premier lu de la série fut son 4ème "L'oeil de l'aiguille " en 2011. Après, plusieurs autres ont suivi.
Comme son oeuvre n'est pas (encore) traduite en Français, il est évidemment peu connu en France, mais je suis confident que son heure viendra bientôt.

L'auteur a une très vaste connaissance littéraire et si son commissaire Berg évoque parfois l'inspecteur Kurt Wallander du grand maître et regretté Henning Mankell par son côté bourru, austère et ronchonneur, c'est aussi un homme qui aime la littérature. Pas seulement l'oeuvre d'un Arthur Conan Doyle et de son collègue fictif Sherlock Holmes, ce qui se comprend bien sûr, mais il apprécie les héros de la tragédie grecque classique : Circé d'Homère et Oedipe de Sophocle. Comme gosse, au collège, il a même joué un rôle dans la version de son collège d'Oedipe roi, pas un rôle principal, mais le personnage qui annonce la "péripétie" soudaine dans ce chef-d'oeuvre de la littérature mondiale.

Un jour, près de l'étang du splendide Parc de l'Abbaye d'Heverlee, à la sortie de Louvain, le corps du professeur d'histoire de la musique, Marcel Heymans, 63 ans, est découvert. Comme il est mort noyé et qu'il a des pierres dans les poches, la police pense qu'il s'agit d'un suicide. À l'instar du suicide célèbre de l'écrivaine britannique Virginia Woolf, qui en 1941, s'était remplie les poches pleines de cailloux et avait calmement marché à la mort dans la rivière de l'Ouse près de sa maison à Rodmell dans le Sussex.

Le commissaire Berg, par contre, estime qu'il s'agit d'une mise en scène et d'un meurtre, qui a nécessité la complicité de 2 auteurs, vu l'emplacement isolé et l'absence de traces. Mais qui en sont les auteurs et quel peut en être le motif ?

Est-ce que le crime est lié à la récente découverte d'un "carnet des chants" , ou recueil de chansons, du XVe siècle et de grosse valeur ? Il a été, en fait, proposé à la vente pour 210.000 euros par l'antiquaire Decroo et une fondation culturelle, sous la direction du professeur Boudewijn Teniers, a marqué son intérêt d'achat. Or, il se trouve que le "suicidé" était contre cet achat, convaincu qu'il s'agissait d'un faux. Pour établir l'authenticité ou la "fabrication", il avait même chargé un expert en textes latins du Moyen Âge d'une analyse, car le premier chant du carnet est écrit dans cette langue morte. le professeur Herman Lateur est formel, il s'agit bel et bien d'un faux, car aucun copiste médiéval n'aurait commis de si lourdes erreurs en Latin.

Ou convient-il de rechercher du côté de la famille et des futurs héritiers ? L'épouse de la victime, Mieke Vanderwegen, à 20 ans de moins que son époux trucidé et puis il y a la fille du prof, Esther, 38 ans. Ce n'est que bien plus tard que le commissaire Berg se rappelle qu'il a vu Esther Heymans au théâtre, où elle jouait le rôle de Jocaste dans la tragédie grecque de Sophocle "Oedipe roi".

Toujours est-il que Marcel avait conclu une assurance-vie pour un montant d'un million d'euros, en faveur moitié-moitié de son épouse et de sa fille. Et Berg apprend que le mari d'Esther, Mark Teniers, qui construit des violons a de très graves soucis de sous.

Par ailleurs, notre brave commissaire avec son équipe expérimentée découvre plein de faits et d'intrigues. Par exemple que la jeune épouse du défunt trompait son mari avec l'époux de la fille de celui-ci ! En termes cinématographiques, l'on pourrait presque parler d'un "remake" de la tragédie de Sophocle.

Original de l'auteur est de présenter 3 duos potentiels de coupables : l'épouse avec son amant en difficultés financières, l'antiquaire vendeur de l'oeuvre d'art et le prof qui voulait l'acheter et qui a fait le tour des riches mécènes de Louvain à cet effet. Et comme la belle jeune veuve avait trompé son premier mari, le professeur Lateur, pour marrier son Marcel, l'expert académique ensemble éventuellement avec le beau-fils pas sérieux de la victime.

Pour le prix d'un thriller "whodunit", vous aurez droit également à une intelligente analyse de la pièce de Sophocle précitée et de l'oeuvre du peintre namurois Félicien Rops (1833-1898), dont la couverture du livre a été inspirée de son fameux tableau symbolique de 1879 "Pornocratis". le tableau, aussi connu comme "La femme au cochon", est reproduit à la page 384 de l'ouvrage de Jo Claes, Wikipédia lui a consacré toute une page et l'original se trouve au musée Félicien-Rops à Namur en Wallonie.