![]() | nadejda 09 décembre 2014
p 102 103 Cet homme qui confiait, il y a dix ans : « Il faudrait pouvoir travailler les yeux fermés », se tient aujourd’hui, frappé de cécité, dans un éloignement qui est aussi la plus éclatante des proximités. (…) peindre les yeux fermés, c’est alléger encore ce corps trop lourd, le mettre en balance, de façon à trouver le juste équilibre entre le petit peu de terre que porte le pinceau et le grain de lumière dont on aspire à retrouver l’éclat. Peindre les yeux fermés, c’est peindre par coeur, comme un musicien exécute un morceau qu’il aime sans regarder sa partition. C’est la musique qui habite le corps tout entier, du creux de l’oreille au bout des doigts, et il suffit de la laisser jaillir de soi sans plus se référer à l’écriture qui la conserve au dehors. Ainsi est-il des visages, le sien et ceux qu’on a aimés, imprimés si fort en soi que c’est en aveugle que la main en trace fidèlement le contour sur la toile. Tel est cet homme, redivivus et vir clarissimus, qui se dessine, dans la solitude de sa chambre, et l’abandon d’une époque anonyme et massive, songeant aux milliers de visages qui l’ont annoncé, aux yeux brûlés de fièvre, comme à ceux qui lui succéderont. + Lire la suite |
Intervention de l'écrivain Jean Clair lors du colloque "Que vaut le corps humain?" le 6 décembre 2019.
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