* Cette critique concerne les tomes 3 et 4 *
Chobits est une série de SF qui vieillit particulièrement bien et dont les thématiques – très nombreuses par ailleurs – sonnent toujours très juste aujourd'hui.
Pour rappel, nous sommes dans un univers où les PC ont fini par adopter une apparence humanoïde, et leur intelligence artificielle est tellement perfectionnée qu'ils imitent très bien des réactions humaines, étant d'ailleurs capables d'évoluer afin d'adapter leurs réactions. de ce fait, alors que Hideki, jeune étudiant, découvre un PC à l'apparence féminine abandonnée dans des poubelles, il ne se doute pas que le PC en question, qu'il va nommer Chii, l'amènera à fortement se questionner sur son rapport à ces périphériques informatiques.
Des questionnements qui sont au coeur de ces tomes 3 et 4, puisqu'on va constamment partager les pensées de Hideki, qui aura l'occasion de beaucoup discuter avec d'autres hommes sur ce sujet, car force est de constater qu'on se retrouve quasi-exclusivement avec des humains de sexe masculins, qui ont des PC à l'apparence féminine.
Un élément qui n'est clairement pas anodin et qui vient souligner une autre thématique, typiquement japonaise même sil elle peut avoir une certaine universalité : le renfermement sur soi, et l'utilisation d'outils informatiques pour tromper la solitude. Ainsi, le fait que les PC reproduisent fidèlement une apparence féminine n'est pas anodin, et permet de souligner les problématiques que rencontre le Japon depuis des années concernant la baisse de natalité, au moins en partie imputable à un renfermement sur soi des jeunes générations.
De même, le rapport à la femme et à son rôle au sein d'un foyer est très bien mis en avant par le biais des PC, qui semblent parfois de parfaites et dociles petites femmes d'intérieur. Enfin, sans trop en révéler, la question de jusqu'où les relations entre un homme et son PC peuvent aller sera évoquée, et on ne doute pas qu'elle continuera d'être traitée avec talent par la suite.
De plus, je trouve que la série laisse le champ libre à un certain nombre d'autres interprétations, parfois moins évidentes. J'ai notamment le sentiment que les PC peuvent tour à tour renvoyer aux animaux de compagnie, à de la main d'oeuvre, ou encore à un palliatif à l'absence de quelqu'un. Tout un tas d'utilisations qui sont porteuses de sens et d'idées thématiques intelligemment intégrées au récit, sans Jamais l'alourdir.
Et au-delà de ces thématiques riches, passionnantes et traitées avec intelligence, nous avons toujours un récit très bien mené, sur lequel planent encore pas mal de mystères qui demanderont à être dévoilés par la suite, nous tenant toujours en haleine. Sans parler de la galerie de personnages, qui va en s'étoffant, contribuant à la richesse narrative et thématique du titre.
En résulte deux volumes encore une fois passionnants, très actuels dans ce qu'ils racontent malgré l'âge de la série, et dont l'esthétique propre au collectif ne fait que renforcer la qualité globale. Ainsi, si Magic Knight Rayearth est un titre qui risque de ne pas trouver écho auprès de tout le monde, il est clair que Chobits, au contraire, a toutes les qualités pour encore aujourd'hui toucher un nouveau lectorat.
Lien :
https://apprentiotaku.wordpr..