AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome est le deuxième dans une série qui en compte 19, et qui forme une histoire complète ; il vaut mieux avoir commencé par le premier tome. Il est publié dans le sens japonais de lecture (de droite à gauche), en noir & blanc. Il a été réalisé par le collectif Clamp : Nanase Ōkawa, Mokona, Tsubaki Nekoi, et Satsuki Igarashi. Initialement ces 19 tomes ont fait l'objet d'une prépublication de 2003 à 2011, au Japon.

À la fin du dernier tome, 2 personnages faisait irruption dans le jardin de Yûko Ichihara : Sakura et Shaolan, 2 personnages en provenance de la série Tsubasa reservoir chonicle (série en 28 tomes). Yûko demande à Watanuki d'aller récupérer quelque chose dans la réserve : Mokona (le noir) et Mokona (le blanc). Quand il revient sur la pelouse pour les remettre à Yûko, 2 personnages supplémentaires sont apparus : Fye D. Flowright et Kurogané.

Après cette séquence, Yûko décide d'emmener Watanaku chez une diseuse de bonne aventure pour une prédiction sur son futur. À l'adresse correspondante, elle a la surprise que la voyante qui les accueille n'est pas celle qu'elle connaît.

La dernière séquence se déroule en plein été. Yûko décide d'organiser un hyaku-monogatari, c'est-à-dire un rite pour faire apparaître les esprits (plusieurs personnes se tenant dans une pièce avec des bougies allumées, chacun racontant une histoire de fantômes).

Dans la première partie, le lecteur découvre (ou retrouve en fonction de sa familiarité avec les oeuvres de Clamp) des personnages issus de leurs précédentes séries, avec des références à Clow Lead, ou au bâton de Cardcaptor Sakura. Les Clamp ont réalisé les 2 séries XXXholic et Tsubasa Reservoir Chronicles (en abrégé TRC) concomitamment, avec une continuité entre les 2. Ici Yûko confie l'un des 2 mokona aux héros qui repartent dans leur dimension. Les 2 mokona restent en contact, ce qui permet à Yûko d'avoir des nouvelles des héros de TRC. En outre, les mokona peuvent s'échanger des objets d'un dimension à l'autre.

Pour un lecteur qui n'a pas d'investissement affectif dans les autres personnages de Clamp, cette séquence ramène le récit vers une histoire plus terre à terre, la notion de réalité complexe prenant un sens trop littéral (plusieurs dimensions) par rapport à la dimension philosophique du premier tome. Les mokona sont vraiment trop kawai, jusqu'à en devenir doucereux. La personnalité des personnages de TRC ne transparaît pas ; ils n'ont même pas le droit à la parole. Tout est commenté par Yûko. Leur tenue vestimentaire extravagante et vaguement "Fantasy" dénote par rapport aux tenues plus sophistiquées de Yûko, ou plus strictes de Watanuki.

C'est donc avec plaisir que le lecteur sans attache particulière avec TRC se plonge dans le chapitre suivant, centré sur Yûko et Watanuki, avec un retour à une sensibilité philosophique. Les Clamp insistent lourdement sur l'apport de l'astrologie, sans qu'il soit possible de déterminer s'il s'agit de leur conviction personnelle ou simplement d'un dispositif narratif nécessaire au récit. C'est l'occasion pour elles d'établir une distinction entre les charlatans exploitant l'angoisse du client, et les vraies voyantes qui ne payent pas forcément de mine.

La troisième partie sert à introduire le dernier personnage venant compléter la distribution : Shizuka Dômeki, un camarade de lycée de Watanuki qui a la capacité d'exorciser les esprits. Non seulement une solide inimitié existe entre Dômeki et Watanuki, mais en plus la douce Himawari Kunogi ne reste pas insensible à la beauté ténébreuse de Dômeki, au grand dam de Watanuki. Contre toute attente, l'instauration de ce triangle amoureux est divertissant et sort de l'ordinaire, grâce au recours aux histoires de fantômes, réduites à l'essentiel et pourtant porteuse d'étrangeté dérangeante.

Dans ce tome, le lecteur retrouve la qualité de finition du précédent (tranche des pages en couleur, 4 premières pages en couleurs, notes explicatives bienvenues sur les coutumes japonaises) et les caractéristiques graphiques des Clamp. Les personnages sont toujours aussi longilignes, et sans marques de l'âge (sauf la deuxième voyante, une petite vieille un peu tassée). le spectre stylistique est très large, de la caricature grossière à la composition esthétique légère et raffinée. Dans une même page, le lecteur peut se retrouver face au visage d'un personnage déformé par une forte émotion, rendu dans un mode presque schématique, en utilisant les codes graphiques propres au manga (la dentition en dents de scie, la mâchoire tombante formant une ouverture de bouche rectangulaire de dimension plus grande que la tête, la goutte de sueur, etc.).

À l'opposé de ces représentations schématiques, simplistes et outrées, le lecteur peut tomber en pamoison devant une case à la délicatesse finement ouvragée, ou devant une image à la poésie renversante. Ainsi page 31, lorsque le mokona blanc déplace les personnages dans une autre dimension, sa manifestation se traduit par de magnifiques arabesques enchevêtrées, formant un lacis envoutant. Lorsque Yûko se met à la recherche de la vraie voyante, elle se sert d'un mouchoir plié en deux qui prend la forme fragile d'un papillon, évoluant en volutes, fascinant.

D'un côté ce deuxième tome propose 3 séquences qui forment autant de voyages vers des ailleurs improbables et séduisants. de l'autre, le lecteur peut éprouver la sensation d'avoir perdu la dimension philosophique qui était présente dans le premier tome, pour un crossover n'apportant rien à la présente série, un couplet sujet à caution sur l'astrologie, et une dernière partie plus fonctionnelle (présenter un nouveau personnage et ses capacités) que réellement consistante.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}