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EAN : 9782296546820
134 pages
Editions L'Harmattan (19/01/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
Quelque part en Haute-Saintonge, une enfant parle aux arbres
et regarde avec curiosité le monde des adultes... Pour ses
parents, elle est une petite chose dénuée d'intérêt ; à l'internat,
elle n'est qu'une "petite folle". Jeune fille, refusant les
conventions, incapable d'exercer son professorat, elle sera
envoyée pour repos sur la presqu'île de Saint Yves. Quelles
incidences les "petites mises à l'écart", les jugements des<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
«PORTES», j'ai lu et j'ai beaucoup aimé. Voilà un livre qui transporte. Un livre durant lequel nous restons silencieux, debout sur le pas de la porte de la folie d'Urnica Z, une femme incapable d'exercer son professorat, et de ce fait, est envoyée se reposer sur la presqu'île de Saint Yves. Une femme qui, lorsqu'elle était enfant, parlait aux arbres et regardait avec curiosité le monde des adultes…Pour ses parents, elle n'est rien. Pour d'autres, elle n'est qu'une « petite folle ». En spectateur et ami silencieux, nous voyageons volontiers à ses côtés, de Haute-Saintonge, jusque sur la presqu'île de Saint Yves, au cours de ses ballades, en passant par l'internat où elle était enfant. Nous la suivons, marchons près d'elle sans un mot afin de ne pas la déranger dans ce monde qui lui appartient. Ce personnage d'Urnica Z, est curieusement très attachant. Elle est très «différente» de nous. Nous ne comprenons pas toujours ses comportements mais plutôt que de les repousser, ils nous fascinent, nous attirent. A l'ouverture de ce livre, on arrive quelque part et puis l'on aperçoit URNICA Z. Elle nous fait signe de la suivre et naturellement, nous la rejoignons. On observe sa vie comme à travers un oeil de boeuf, nous devenons voyeurs de ses journées, de ses égarements, de ses errances, dans notre monde qui n'est pas fait pour elle. Non, il n'y a plus de place pour elle. Il n'y en a d'ailleurs jamais eu. Depuis son enfance, elle n'est jamais rentrée pas dans les petites cases. Elle n'aime pas le monde des adultes, elle ne veut pas être adulte. Alors, enfant, «La petite folle» n'a de la place nulle part et à l'âge adulte, c'est pareil, elle n'a de la place nulle part. Tous la regarde comme si elle ne parlait pas la même langue qu'eux, la jugent, la rejettent. Pourtant, elle aurait aimé être comme tout le monde mais, elle n'y parvient pas. Pourquoi est-elle comme ça? Elle intrigue, fait peur, ne sait pas s'y prendre, n'est pas comme les autres. Est-ce si facile d'aller au delà des apparences lorsqu'il est visible que l'autre n'est pas comme nous, est autrement, est différent? Avons-nous l'habitude d'aller tout de même vers ces «différents», ne serait-ce que pour voir ce qu'il se trouve en eux, ce qui se cache derrière ces apparences? Hélas non. Les gens préfèrent rejeter, comme si ils allaient être contaminés, préfèrent ne pas s'attarder, comme si leur temps était compté et qu'il ne fallait pas le perdre avec ces personnes hors normes, incapables d'être comme tout le monde. La différence effraie, peu importe quelle différence, et la folie effraie encore plus parce qu'elle est incompréhensible, parce que l'on a peur d'être happé, peur d'y sombrer à notre tour. Mais peut -être que nous croyons-nous normaux, mais peut être que pour notre voisin, nous sommes complètements fous! "Tout le monde a son grain de folie, sauf vous et moi, et parfois je me demande si vous ne l'avez pas vous aussi..." disait un historien. Où commence la folie? Quels "critères" faut-il avoir pour être qualifié de vrai fou? Nous savons, même sans l'avoir vécu, et encore plus lorsque nous l'avons vécu, qu'il est très difficile d'être accepté et de s'intégrer socialement si nous ne rentrons pas dans les petites cases de la normalité. Nous connaissons aussi la douleur d'être rejeté. Tout le monde s'est fait rejeté, au moins une fois dans sa vie par quelqu'un alors, imaginez que la société entière vous rejette?... le rejet isole terriblement et fait d'énormes dégâts. Certaines personnes dites «différentes», parviennent à faire de leur différence, une force; mais d'autres, peut être plus fragiles ou moins entourés, basculent dans des mondes où nous n'avons pas accès. Par ce livre, Urnica Z nous ouvre un peu son monde pendant 134 pages. Un monde étrange mais qui n'effraie pas car il n'est pas noir et sombre comme est souvent représentée la folie. Il est léger comme le vent, doux comme un tissu satiné. On se laisse entraîner le plus naturellement possible. On peut même regretter parfois de ne pas être comme elle, juste un instant, juste le temps d'oublier un peu le poids du quotidien parfois trop pesant des gens «normaux» comme nous. Il y a ses moments de vide intérieur où l'on aimerait lui prendre la main pour l'empêcher de glisser un peu plus, parce qu'on sent sa détresse et la solitude qui l'étouffe. On cherche à la comprendre tout en sachant quelque part qu'on ne la comprendra pas mais ce n'est pas grave, parce que de toute façon, on ne peut se détacher d'elle même sans la comprendre totalement. On craint parfois pour elle même si il y a Max, son livreur, qui lui aussi est le «drôle» du village. Il ne parle pas, il ne répond que par des sortes de grognements mais il raconte des histoires à Urnica Z. Des histoires qu'il invente rien que pour elle et qui la font rire, alors qu'il ne sait même pas aligner un mot devant l'autre en société. Et au delà des histoires qu'il lui raconte, ces deux là n'ont pas vraiment besoin de se parler pour être en communication. Et puis il y a Tommy arrivé dans la vie d'Urnica Z, qui la perturbe beaucoup jusqu'à ce qu'elle mette Max dans la confidence. Elle lui en parle car il peut la comprendre, elle le sait. Ce monde en huit clos qu'Urnica Z nous offre s'étrique au fil des pages, se ressert, devient un peu oppressant. On commence à s'inquiéter beaucoup pour elle. Son isolement inquiète, son comportement aussi, et les attitudes de Max ne sont pas plus rassurantes mais c'est peut être du aux gens «normaux» de craindre le pire lorsque l'on ne maîtrise pas une situation parce qu'eux deux ne paniquent pas vraiment. Ils réussissent à contrôler leur vie alors, lorsqu'on voit cela, on repart sur la pointe des pieds, sans bruits et l'on referme le livre en les laissant tous les deux. On a pas tout compris, et on ne comprendra pas tout mais tenter de tout comprendre, serait peut être dépasser le seuil de la porte sur lequel elle nous avait autorisé à rester. Ce serait comme violer son intimité, outrepasser ce qu'elle nous a autoriser à comprendre, à savoir, à voir. de très bons sentiments se dégagent à la fin de la lecture de ce roman de «fous». L'écriture est merveilleuse, comme un petit air de Marcel Pagnol lorsqu'il décrit ses personnages qui lui sont chers, son petit monde provençal qui l'entoure et ses souvenirs. Je ne suis pas fan du tout des longues descriptions de paysages, lieux ou atmosphères qui souvent ont le don de me faire tomber le livre des mains mais dans cette histoire, je dirai qu'ils sont indispensables. Jaunay Clan écrit si bien que les paysages se voient, l'atmosphère se vit, les sentiments se ressentent de manière très fortes, les odeurs chatouillent les narines, les bruits s'entendent. Une belle écriture sans prétention, où tout se dessine sous les yeux. Pour avoir rencontrer cet auteur, j'avoue être surprise de ce roman. Je ne m'attendais pas à ce style d'écriture, ni à une telle histoire. Une fois de plus, les apparences sont trompeuses. Ce n'est parce que l'on ne parle pas beaucoup, que l'on porte des cravates, que l'on attise la curiosité, et que l'on s'appelle Jaunay Clan, que l'on est dénué de talent, que l'on ne sait pas écrire des histoires fortes, sensibles et poétiques, aux personnages attachants, et que l'on a pas une superbe plume, bien au contraire! Allez savoir? C'est peut être bien parce que cet auteur est ainsi, que «PORTES» est un si beau roman...A LIRE!
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