AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CardShark


Deuxième livre écrit par Tom Clancy, Tempête Rouge est de loin mon favori. L'intrigue évoque une tentative soviétique de s'emparer de champs pétrolifères dans le Moyen-Orient et des opérations préalables, aussi bien diplomatiques que militaires, pour neutraliser l'OTAN sans pour autant dégénérer en un conflit global et probablement nucléaire. A travers une multitude de personnages des deux cotés du conflit et à tous les niveaux, du saint des saints du Politburo à Moscou jusqu'à des Marines perdus au fin fond de l'Islande, du plus haut stratégique au plus intime et personnel, on découvre le récit d'une guerre moderne terriblement réaliste.

Clancy a été un véritable devin avec ce livre. Il a très certainement été le premier a évoquer dans un livre grand public le concept Russe de Maskirovka (mascarade), doctrine russe d'emploi des forces mélant action militaire ouverte, actions déniables et manoeuvres dilatoires diplomatiques afin de plonger l'adversaire dans la confusion et paralyser la prise de décision jusqu'à ce qu'il soit trop tard. On découvre aussi d'une manière nuancée (ce qui est rare avec Clancy) l'état d'esprit du Politburo, sa manière de gérer les jeux de pouvoir au sein de celui-ci, et comment cet état d'esprit influe sur leur manière de gérer leurs conflits avec le monde extérieur. Notons aussi la prescience de l'auteur en ce qui concerne les appareils d'attaque furtifs, quelques années avant leur existence réelle et bien avant leur reconnaissance officielle. le monsieur avait visiblement fait ses devoirs et savait de quoi il parlait (c'était bien avant Netforce, donc).

Si vous êtes un amateur du genre, c'est un incroyable travail d'écriture sur un conflit moderne d'une ampleur dantesque, on fonce d'un théâtre d'opération à l'autre à un rythme frénétique, des clash de chars d'assaut en Allemagne, des frappes d'avions sur un quart du globe pour émousser la capacités de l'adversaire, la guerre de surface et sous-marine dans l'Atlantique, l'OTAN et l'URSS se rendent coup pour coup avec une brutalité que bien peu de livres parviennent à retranscrire avec cette clarté. On imagine sans mal la fragilité de la survie de chaque soldat dans cet enfer technologique, meurtrier, aveugle et impersonnel, qui tient peut-être moins à son entrainement et à ses qualités qu'au simple coup de bol de pas être au mauvais endroit au mauvais moment quand les bombes et les missiles se mettent à pleuvoir dru.

Ce livre souffre cependant d'un incroyable défaut. La traduction française. Je sais pas trop pour d'autres genres, mais, étant un gros lecteur de SF, ça m'arrive assez régulièrement de lire un livre et de sentir à un moment donné que le traducteur a loupé une subtilité, un mot de jargon pris littéralement, ce genre de chose. Ca peut arriver, une fois, deux fois dans un livre, parfois, c'est ennuyeux mais pas dramatique, personne n'est parfait. Tempête Rouge, lui, boxe dans une toute autre catégorie. Quand on doit traduire un livre avec autant de jargon technique, des désignations OTAN en veux-tu en voila, et quand c'est comme ici ce qui fait tout le sel du bouquin, bon, je suis pas spécialiste, mais un éditeur qui a un minimum de respect pour son métier, je sais pas, moi, il pourrait penser, soyons fou, à trouver quelqu'un qui ait un modicum de compétences ou à tout le moins d'intérêt dans le domaine, non ? Sorti en France un an après Octobre Rouge qui avait lui bénéficié d'une traduction irréprochable grâce à un traducteur qui s'est attaché l'aide d'un membre du corps des sous-mariniers, Tempête Rouge, en comparaison c'est... Comment dire sans être absolument désobligeant... bon, y'a pas moyen. Sérieusement France-Marie Watkins, t'as fumé quoi? C'est la fête du slip de la première à la dernière page. Traductions littérales de termes de jargon, désignations un coup c'est traduit, un coup c'est pas traduit, traductions mots à mot de l'anglais au français sans aucune attention portée à la grammaire la plus élémentaire, voire même parfois parfaitement erronée ("destroyer" traduit en "porte-avion" ? C'est possible COMMENT ?), et autres démonstrations de je m'en foutisme tout azimut, ça arrive quasiment une page sur deux. c'est déjà ennuyeux quand ça fait sortir le lecteur de son récit, mais quand ça nuit carrément à la compréhension de l'action c'est proprement scandaleux. Un travail bâclé comme c'est pas permis, durant ma récente relecture je me suis lassé de les noter aux trois quart du bouquins, plus de quarante erreurs flagrantes, sans compter les doublons (être consistant dans l'erreur, est-ce encore une erreur ? vous avez deux heures). Pour autant que je sache, aucune édition ultérieure n'a été corrigée (je vous avoue que j'ai pas cherché plus loin que d'en feuilleter un neuf en librairie). Notez que la traductrice à commis le même travail de tâcheron sur le Cardinal du Kremlin.

Il n'en reste pas moins que Tempête Rouge est un excellent livre, qui gagne indéniablement à être lu en VO, ou dans à peut prêt n'importe quelle autre langue que le français.
Commenter  J’apprécie          121



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}