Ce tome contient les épisodes 138 à 143 d'Uncanny X-Men (en abrégé UXM, scénario de
Chris Claremont et
John Byrne, dessins de
John Byrne, encrage de
Terry Austin), ainsi que le numéro annual 4 de 1980 (scénario de
Chris Claremont, dessins de
John Romita junior, encrage de
Bob McLeod), parus en 1980/1981. Ce tome fait suite à Dark Phoenix Saga (épisodes 129 à 138, Classic X-Men 43, Bizarre Adventures 27, "Phoenix: The Untold Story").
Épisode 138 - À l'occasion de l'enterrement de l'un des X-Men, Scott Summers se souvient des événements majeurs de l'histoire de l'équipe depuis sa création.
Annual 4 - Parmi ses cadeaux d'anniversaire, Kurt Wagner en déballe un qui l'envoie dans un enfer singeant celui de
la divine comédie de
Dante Alighieri, en compagnie de Wolverine, Colossus, Storm et Doctor Strange.
Épisodes 139 et 140 - Logan a décidé de retourner au Canada pour faire face à James McDonald Hudson et au gouvernement canadien. Il souhaite s'expliquer et s'assurer qu'il ne fera plus l'objet de poursuites. Kurt Wagner l'accompagne et ils vont se retrouver à aider Alpha Flight (Guardian, Shaman et Snowbird) à enquêter sur une série de meurtres dans le grand nord.
Épisodes 141 et 142 - Dans un futur potentiel, les Sentinels ont pris le pouvoir, massacré les superhéros et les supercriminels et elles s'apprêtent à déclencher une guerre mondiale. Kitty Pryde est envoyée dans le passé (le présent des X-Men) pour empêcher le meurtre qui a tout mis en branle.
Épisode 143 - Kitty Pryde se retrouve seule dans le manoir de Westchester, le soir de Noël. Un monstre implacable la poursuit dans la demeure pour l'anéantir et dévorer son âme.
C'est le chant du cygne de l'équipe Claremont, Byrne et Austin, les derniers épisodes qu'ils créent ensemble. L'épisode 138 est particulièrement chargé en phylactères et il intéressera surtout les lecteurs ayant découvert les X-Men à partir de leur relance en 1975 avec le Giant Size Special (réédité dans The Uncanny X-men 1) et la nouvelle équipe. C'est un bon moyen pour découvrir les principales aventures de l'équipe originelle.
L'annual 4 déconcerte par sa maladresse. À l'époque,
John Byrne participe à l'écriture des scénarios de la série mensuelle, apport qui n'existe pas dans cet épisode qu'il n'a pas dessiné. Claremont est seul maître à bord avec un volume de phylactères mieux maîtrisés, mais une histoire ridicule, impossible à avaler dès les prémisses et qui par la suite lui posera de sérieux problèmes de cohérence quant à l'origine véritable de Kurt Wagner.
John Romita junior est un débutant (à cette époque) qui a un dessin clair et propre (grâce à l'encrage précis de
Bob McLeod) avec quelques cases intéressantes (Wolverine en train de caresser l'âme de Storm), mais des planches globalement insipides, voire des maladresses visuelles (le changement de costumes improbables devant les portes de l'Enfer).
Il faut donc attendre l'épisode 139 pour commencer à trouver une histoire consistante.
John Byrne s'empare du scénario pour préparer la série d'Alpha Flight qu'il écrira et dessinera à partir de 1983 (réédité dans Alpha Flight Classic 1). Les phylactères restent d'un volume rebutant, mais l'histoire accorde une place prépondérante aux personnages. C'est ainsi que le lecteur suit Ororo qui emmène Kitty à sa première leçon de danse avec Stevie Hunter, ou Heather MacDonald qui revient de faire les courses. Comparé aux comics effrénés d'aujourd'hui, ces moments font figure d'analyse psychologique poussée, et très agréables car les personnages existent en dehors des combats incessants. Il est également visible que
John Byrne a déjà une affection particulière pour Logan et pour Heather dont les échanges sont empreints d'une chaleur humaine touchante.
Les épisodes 141 & 142 sont passés à la postérité car ils introduisent un futur potentiel irrémédiablement dystopique dans lequel Byrne et Claremont s'en donnent à coeur joie pour massacrer nos mutants préférés en les empalant ou en les carbonisant. Si le concept est déjà familier pour les lecteurs de science-fiction, il est ici exécuté avec une réelle intelligence et il servira d'exemple pour de nombreux autres à venir, avec certainement un summum atteint dans Age of Apocalypse. La narration continue de s'appuyer sur des phylactères indigestes (dialogues & bulles de pensée).
Le tome s'achève sur une histoire également mémorable dans laquelle Kitty Pryde (13 ans à l'époque) prouve qu'elle a du courage dans une histoire qui ressemble fort à un hommage à Alien, le huitième passager.
Tout du long,
John Byrne propose une mise en page fluide, avec des dessins très agréables à l'oeil. Il sait créer des images mémorables, sans recourir au gore ou à la violence exacerbée. Les 2 morts de X-Men dans le futur resteront longtemps dans votre esprit. À nouveau il est possible de constater que
Terry Austin ne se contente pas d'encrer les dessins de Byrne, avec minutie et précision. Il ajoute également des précisions technologiques ou des textures que l'on ne retrouvera plus dans les travaux postérieurs de Byrne où il s'encre lui-même, ou est encré par un autre.
D'un coté ces épisodes marquent la fin d'une époque et d'une collaboration supérieure à la somme des parties (ces histoires valent plus que ce que feront Claremont ou Byrne chacun de leur coté). de l'autre, elles sont fortement alourdies par des bulles omniprésentes qui plombent la narration plus qu'elles ne l'enrichissent.