Je ne vais pas résumer ce livre ni rajouter une énième critiques à celles très pertinentes qui m'ont précédée , j'y adhère complètement !
Je voudrais seulement partager mon ressenti à la lecture de ce livre, qui alerte sur la fragilité de la paix ,qui explique comment des concours de circonstances ,la méconnaissance du terrain , des intérêts cachés ,des dirigeants mal informés ou à l'égo parfois surdimensionné , ont pu aboutir à la première guerre mondiale .
Au vu de la situation politique actuelle on ne peut que s'inquiéter, oser espérer , que nos dirigeants sauraient prendre leurs décisions avec calme et lucidité face aux différents problèmes , qu'ils soient idéologiques ,politiques ou religieux , auxquels ils pourraient être amenés à faire face.
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le livre porte en sous titre : comment l'Europe a marché vers la guerre. Ch. Clark annonce ainsi l'angle sous lequel il étudie celle que l'on a appelé La grande guerre. Ce n'est pas le conflit en lui même qui l'intéresse : ici point de batailles et de stratégies. Mais, l'auteur va tenter d'expliquer comment la guerre a pu être déclenchée.
Ch. Clark laisse de côté les causes traditionnelles du conflit : les rivalités militaires et économiques, les conflits coloniaux ou la revanche de la défaite française en 1870. La grande nouveauté est de mettre au premier plan l'importance des dirigeants, les empereurs comme Guillaume II, le tsar Nicolas II et François Joseph ou les hommes politiques français comme Poincaré, Clémenceau ou le tout puissant ministre anglais Sir Edward Grey. Ces décideurs peuvent être les ministres des Affaires étrangères mais aussi les ambassadeurs qui ont un rôle très important à l'époque. Ces hommes doivent faire face à des groupes de pression : presse, opinion publique. Or, les cloisonnements sont si rigides que Ch .Clark pose la question : qui peut vraiment prendre une décision, à qui appartient le pouvoir ? Question cruciale en cet été 1914.
Les alliances se révèlent fragiles, floues dans un monde qui change très vite, qui est très instable en particulier dans les Balkans. « Une atmosphère de méfiance y compris entre les partenaires d'une même alliance »
Les puissances occidentales ont commis une erreur d'appréciation sur l'Autriche – Hongrie. Une puissance faible, condamnée, un déclin inévitable. Il vaut donc mieux soutenir la Serbie plus moderne.
Ch. Clark nuance la position belliciste de l'Allemagne. L'Allemagne est belliciste mais il faut tenir compte du contexte politique et culturel. Les allemands ne sont pas les seuls. La montée des nationalismes dans les Balkans est un élément fondamental.
Ce sont quelques unes des idées originales de ce volumineux ouvrage. Des idées intéressantes qui remettent en cause la vision traditionnelle de la Grande Guerre. »Les protagonistes de 1914 étaient des somnambules qui regardaient sans voir, hantés par leur songe mais aveugles à la réalité des horreurs qu'ils étaient sur le point de faire naître dans le monde « . Un livre important.
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Il n'est pas surprenant que l'oeuvre de C.Clark soit devenue une référence de l'historiographie de la 1ère guerre mondiale.
On a affaire à une étude universitaire décrivant très en profondeur des mécanismes du déclenchement de la Grande Guerre, certes c'est difficile pour le lecteur ordinaire parfois noyé dans les détails et les intervenants mais c'est vraiment instructif.
Il apparait que l'on retrouve tous les ressorts de la tragédie : un enchainement implacable de faits et de décisions, qui partant d'une situation finalement anodine, amène à une des plus grandes boucheries de l'histoire sans que les acteurs aient vraiment conscience des conséquences de leurs décisions.
Ce qui frappe aussi c'est le poids des individus, n'en déplaise aux partisans de la Nouvelle Histoire, on voit bien que si des intervenants avec des visions différentes avaient été aux postes clés la guerre aurait été évitée.
Alors à qui la faute ? En fait à tous, car pris dans des jeux d'intérêts nationaux, d'alliances formelles ou culturelles, de postures morales et de visions paranoïaques, les décideurs se sont enfermés dans une logique de guerre jusqu'à l'absurde. Cela fait évidemment réfléchir au Monde actuel qui ne parait pas à l'abri d'engrenages mortels de ce type (Guerre d'Irak par ex) même si aujourd'hui on peut compter sur des instances internationales qui n'existaient pas en 1914.
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