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Critique de Tesrathilde


Allez, pour une fois je commence par les mauvais points, histoire d'arrêter de vous faire penser que je déteste en fait secrètement la moitié de ce que je lis en vous laissant sur des conclusions pinailleuses !

Ce que je continue à reprocher à Stephen Clarke c'est son humour vulgaire qu'il se sent obligé de placer partout – les Français sont de gros pervers, c'est bien connu – non pas que je ne supporte absolument pas ni que je ne saisisse pas l'allusion à nos stéréotypes gaulois, mais j'ai toujours l'impression qu'il oublie une part non négligeable de la population (du moins il me semble !) qui n'a pas forcément envie de lire des cochonneries et sous-entendus douteux toutes les deux pages, surtout quand le contexte ne s'y prête pas spécifiquement. Par exemple, les blagounettes sur les secrétaires, ça va bien une fois… de même, j'ai l'impression d'une image un peu faussée, et surtout extrême, des relations amoureuses des Français : encore une fois l'oeil de Clarke navigue entre romantisme / exigences d'un autre siècle [ce que souhaitent toutes les femmes françaises en plus du sexe] – et j'insiste sur le terme exigences, et adultère quasi-automatique [principalement du côté masculin, cette fois] ; aucune de ces deux facettes ne me semble très proche de la réalité actuelle – à moins que là encore je n'ai raté quelque chose.
J'ai aussi un certain « When a French woman says « no » she often means « yes »« (Lorsqu'une Française dit « non », elle veut souvent dire « oui ») qui me reste un poil en travers du gosier – il a bien tenté de se rattraper par la suite, cette phrase ne lui servant visiblement que d'accroche de la deuxième partie du chapitre « Tu Ne Seras Pas Servi », mais c'est quand même vachement limite de mon point de vue.
Monsieur Clarke (et chers amis Anglais), certains d'entre nous, et sans être une minorité ridicule, sont probablement beaucoup plus pudiques, réservés et/ou intéressés par autre chose que le cul dans notre vie que votre livre ne le laisse penser… Nous n'avons pas dû fréquenter le même type de personnes, j'imagine ! (L'auteur a passé 12 ans en France tout de même)
Bien. Mis à part ces points que je continue de déplorer et qui m'ont plutôt fait grincer des dents, ce livre m'a quand même bien fait rire, et à de multiples reprises – l'auteur sait en fait très bien se montrer subtil, ou du moins pas forcément obscène, quand il le veut bien. le style n'est pas extraordinaire, mais il est dynamique et suffisamment riche tant au niveau de la syntaxe, des paragraphes ou du vocabulaire pour que je n'aie pas l'impression de lire un truc fade non plus. Les chutes tombent assez juste, parfois même très juste, tantôt pleinement humoristiques et tantôt cyniques. Ce livre, contrairement à d'autres du même auteur et malgré ce que le titre peut laisser supposer, m'a paru rétablir un certain équilibre entre les « mondes » anglo et frenchie, qui ont tous les deux leurs failles et leurs forces. Bien loin de railler toutes les petites (et grandes) choses qui ne vont pas en France, l'auteur explique aussi pourquoi lui et d'autres de ses compatriotes seraient fous de ne pas en profiter, car il y a également des choses qui marchent très bien, ou sont très avantageuses / agréables, et dont nous pouvons être fiers, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte. Il se montre aussi très étonné que des choses qui de prime abord lui semblent être un frein /chaotiques se révèlent tout à fait efficaces dans notre pays (j'ai beaucoup ri en lisant que les réunions anglaises ne devaient jamais se finir plus tôt que prévu, et tout le laïus qui suit sur le concept de « cible », inconnu ou presque en France, et pourtant… inutile même en Angleterre ?).
Cet aspect m'a énormément plu : il y a tout un côté critique social et culturel, que ce soit sur le concept de gourmandise, apparemment unique ou peu développé ailleurs, la fameuse (même si parfois fumeuse) Sécu vs le néant absolu en Angleterre, les différentes notions de travail ou d'efficacité (partie que j'ai trouvée très cocasse !), ou la solidarité qui semble ne pas avoir du tout disparu en fin de compte. du côté plutôt négatif, vu comme un parcours d'obstacles volontaire par S. Clarke, on trouve au hasard le dog's poo, le fait que personne n'a plus tort que face à un Français, ou cet étrange virtuosité langagière qui permet d'allier politesse exquise à insulte cinglante, sans parler des délicieuses vulgarités à la française.
Si vous voulez savoir à quel point les Anglais nous trouvent bordéliques et feignants tout en s'ébahissant de l'efficacité et de la productivité française, avoir un aperçu du champ de mines que sont parfois les conventions et comportements français aux yeux des Brits mais aussi comprendre les entrelacs de cet « amour-haine » binational, ce livre est pour vous.
Lien : https://croiseedeschemins.wo..
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