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En 1930, l'architecte Léon Claro, grand-père de l'auteur, fait bâtir, au pied de la Casbah d'Alger, une « maison indigène », à la fois hommage au style néo-mauresque et célébration du centenaire de l'Algérie française.
L'auteur, Christophe Claro, jusqu'au titillement d'un ami, Arno Bertina...ne se sentait pas concerné, outre mesure, par l'histoire de ses ancêtres...Et puis il se laisse gagner par la curiosité, et il part à la rencontre du passé de son aïeul, Léon, brillante personnalité, ayant connu Camus, le poète Sénac,Le Corbusier et tant d'autres figures artistiques, politiques... des années 30...et nous voilà "embarqués" !!...

Cette maison (qui existe toujours) est mis à l'honneur dans ce livre qui nous propose une «visite» - intime, historique, littéraire, politique - une « boîte noire » dont Claro extrait la mémoire, avec les personnalités significatives , citées ci-dessus , toutes" fascinées par la ville blanche ou pris dans la tourmente de la guerre d'Algérie - et chacune détenant, à sa façon, une clé de la « maison mauresque »....

Un immense coup de coeur qui vient de marquer mon "retour" chez les camarades-libraires... (restés pourtant ouverts le matin, pour le rayon Presse...à faire tourner...) [***Librairie Caractères- Issy-Les-Moulineaux ]
Après 45 jours... de non-venue (où j'en ai profité pour lire le grand nombre de textes que j'avais en attente !!!),
Je me suis précipitée pour fouiner avidement et je suis tombé avec bonheur et jubilation sur ce texte à l'unité, rangé sagement en rayon...Un ouvrage qui me reliait à Camus... irrésistible, donc ! Appris ainsi que le premier texte de l'auteur de "La Peste"fut rédigé en 1933, et concernait cette "Maison indigène". Texte intitulé "La Maison mauresque"...

"Chanter pour apaiser
Qu'elle [ "La maison Mauresque" ]soit centenaire ou millénaire, mauresque ou algérienne, française ou ottomane, je la sais secrète et complexe, tout en bruissements contenus, au sein même de son silence. Comme toutes les maisons, elle a désiré des hommes dans son ventre de pierre, et comme toutes les maisons, elle a pris soin de leur rappeler qu'ils n'étaient que des hôtes éphémères." (p. 12)

Une Maison hors normes, un symbole fort, rassemblant comme dans une ruche, intellectuels, créateurs... jeunes rebelles... mais aussi des histoires intimes. L'auteur va nous renseigner tant sur Camus, que sur le poète assassiné, Sénac, Le Corbusier... Visconti... mais affleurent discrètement les rapports plus personnels avec la mémoire de son grand-père, et enfin ; son Père, si mal connu et mal compris... qui apparaît progressivement dans le texte..Un puzzle étonnant, précieux qui allie fort harmonieusement une période historique, des grandes figures chères à l'Algérie, et finalement les émotions, la sensibilité vis à vis de ses racines que Claro disait "s'abstraire ou négliger" ... Une pudeur immense...qui doit expliquer ce puzzle, ce récit
éclaté en courts chapitres sautant des années 30 à aujourd'hui, où Claro a rencontré des personnes précieuses de l'époque, dont ce Michel, grand ami de son père...

Un texte très, très riche humainement, mais également fortement documenté et précis dans un travail approfondi des archives... L'ouvrage est d'ailleurs accompagné de photographies et de documents d'archives.

Bravo et mille mercis à Claro, pour ce magnifique livre !

Je ne veux surtout pas oublier de remercier, au passage, une autre personne,écrivain, et ami de l'auteur, qui aura été à sa manière
le déclic de ce livre... Je me permets de joindre un assez long extrait, expliquant fort bien la genèse de cet ouvrage "époustouflant ": "Le hasard ne mordant jamais sans sourire un peu, il advint cela: l'an dernier, un de
mes amis, Arno Bertina, m'envoya un e-mail amusé, dans lequel il me disait, plus ou moins en ces termes, " Alors comme ça tu ne te contentes pas d'écrire des livres et de traduire des livres ! Tu construis aussi des maisons ! Et tu les fais visiter à Camus !" il était en effet tombé, au cours de recherches, sur cette petite information qu'il avait eu à coeur de me donner en pâture :

L'un des premiers textes écrits par Camus a été "La Maison mauresque", qui décrit une villa bâtie par Claro.

Je lui répondis que ce Claro-là était mon grand-père, ce à quoi il me fit cette réponse: " c'est seulement que je trouvais ce pli du temps magnifique à déplier: Camus écrivant son tout premier texte sur une oeuvre de Claro! " Les choses auraient pu en rester là, tant m'indifféraient depuis des décennies tous ces signes émanant de lointaines archives. Mais cette histoire de "pli du temps magnifique à déplier" ne cessait de me convoquer (...) (p. 17)


N.B : ***Voir excellent article de Cécile Dutheil : https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/04/14/maison-pere-claro/
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Leon Claro (Oran 1899- Gien 1992), grand-père de l'auteur Christophe Claro, fut l' une des figures majeures de l'architecture française en Algérie, il construisit, notamment, au coeur d' Alger la blanche , une maison de style mauresque – La maison indigène – (à Oran elle aurait été baptisée Casa) pour commémorer le centenaire de l'Algérie française. Cette bâtisse fut édifiée, notamment, avec des matériaux récupérés après démolition d'antiques demeures traditionnelles. le petit-fils ouvre en grand baies et portes de cette demeure mystique et mythique . Une multitude de spectres, tantôt solaires , tantôt sombres, une assemblée rocambolesque s'y échappe : personnages illustres, sans-noms, traîne-espadrilles, aïeux venus d'Espagne , père, oncles , tante de l'écrivain, bâtisseurs, poètes, peintres, écrivains : Jean de Maisonseul, Jean Sénac, Sauveur Galliero, Max-Pol Foucher, Louis Miquel, Jehan Rictus, Emmanuel Roblès, Louis Benisti, Edmond Charlot, Le Corbusier, Visconti... et bien sûr Camus qui, à vingt ans, écrivit en 1933, un texte descriptif, méditatif , éminemment lyrique , d'une dizaine de pages La Maison Mauresque, qui ne sera publié qu'en 1973. . Ces personnages apportent à Ch. Claro leur part d' héritage ,leurs lots de souvenirs, qui font aussi resurgir chez beaucoup d'entre nous, l'écho à la fois douloureux et lumineux de la nostalgie.
Claro que si, j'ai aimé cette lecture !
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Claro, à partir d'une maison conçue en 1930 par son grand-père l'architecte Léon Claro pour le centenaire de l'Algérie française part à la recherche de ce qu'il a toujours voulu ignorer jusque là : ses origines familiales et les amitiés intellectuelles qui les ont baignées. Cette maison de type mêlé, constitue le centre du motif de son livre.

Camus, Jean Grenier, Jean Sénac, Edmond Charlot, Le Corbusier, Visconti et bien d'autres animent cette maison. Trop brièvement et c'est dommage.

Les premières pages sont superbement écrites. Pour le reste, je me suis plutôt ennuyée. J'aurais préféré une recherche plus approfondie.

Il ne me reste du livre qu'un défilé de personnages et quelques anecdotes.
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Très difficile pour moi de résumer ce livre.
Claro nous offre un ouvrage unique, fabuleux où il est question de sa famille. Il remonte à ses origines, effeuillant son arbre généalogique, le dénudant au grès des pages.
Il nous fait voyager en Algérie où sont nés son père; qu'il cherche timidement à comprendre et son grand-père; Léon claro, architecte qui réalise, sur une commande du Gouverneur général à l'occasion du Centenaire en 1930, une réplique de la maison traditionnelle de la Casbah, la« maison indigène », avec des matériaux provenant de démolitions de maisons de la Basse Casbah. Une réplique d'une maison mauresque typique avec ses espaces et toute la décoration qui va avec.
Claro la décrit ainsi: ''Artificielle jusque dans son authenticité, authentique au-delà de son artificialité, tel un faux ne copiant aucun vrai unique, la maison indigène n'est pourtant l'esclave ni du vrai ni du faux.''
Cette maison qui a vu passer et s'entrecroiser plusieurs destins, de grands noms tels que: le corbusier, Jean Sénac, jean de maisonseul... et biensur Albert Camus, qui, ébloui par cette réplique, la décrit dans l'un de ses premiers écrits.

Claro fouille un passé ignoré, un passé oublié, renié, ''Rien de ce qui touchait à l'ascendance ne me parlait. J'étais sourd aux racines, aveugle aux jeux de lumière dans les hauts feuillages de l'arbre généalogique. Je ne voulais rien savoir de la source, sinon la confirmation que ses eaux étaient de toute éternité frelatées.''
Par cette immersion, il ravive les souvenirs, enflamme la nostalgie d'une génération ayant aimé et vécu sur une terre qu'il ne considère pas comme sienne.
Il tente d'expliquer cette rupture douloureuse avec le passé, l'architecture et la pierre. Lui l'architecte du papier, du verbe et du mot !!!

Christophe Claro nous éblouit par sa plume dense , sa prose singulière, sa verve unique.
Son roman se déguste... une pure merveille.
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Quand Claro nous parle de la maison que son grand-père a construite à Alger, c'est en fait toute une (en)quête culturelle qui croise la poésie (avec Sénac), la littérature (avec Camus) et l'architecture (avec Le Corbusier) sur fond de décolonisation. C'est brillamment écrit, comme toujours. Les pages sont très colorées et, en creux, apparaît alors une autre quête, très pudique et très belle, celle de son père.
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Vient de paraître aux Editions Actes Sud : » La maison indigène » de Claro. C'est un très beau livre au croisement de tout ce qui m'intéresse : l'Algérie, Albert Camus et Jean Sénac et aussi ce rapport que l'on a avec son passé, notamment quand on a été la victime d'un exil définitif. Caro, qui a déjà beaucoup écrit, est né à Paris d'un père pied-noir qui fut terriblement meurtri par la perte de son pays et qui mourut très jeune. Caro, celui qui écrit, s'était désintéressé complétement et de sa famille et de l'Algérie mais il a été rattrapé par ce passé et ce livre est en grande partie un retour dans ce passé qu'il croyait avoir définitivement oublié. Il y a un moment émouvant lorsqu'il reçoit une lettre d'un vieil homme qui a été un ami d'enfance de son père et qu'il va le voir à Marseille.
« C'est à Marseille que va devenir réel le sentiment d'être lié, ou relié, à un passé dont je n'ai pas voulu, comme on ne veut pas d'un vêtement dont on est sûr qu'il ne nous ira pas-sans l'avoir essayé- ou comme on s'interdit de goûter à un plat qu'on imagine empoisonné, alors même que c'est notre imagination qui est empoisonnée, par la peur, la peur de succomber à des saveurs qui peut être nous sauveraient de bien des famines. »
Cette recherche de son passé familial va le conduire à cette maison indigène qui fut construite par l'architecte Léon Claro son grand père qui construisit beaucoup d'autres bâtiments à Alger comme le Foyer , l'immeuble de l'OFALAC et d'autres encore, comme le Collège du Champ de Manoeuvre où le père de l'auteur fit ses études !
Cette maison mauresque construite à l'occasion du centenaire de la conquête fut visitée par un jeune homme de 20 ans, Albert Camus qui en tira l'un de ses premiers textes littéraires !
Ce récit évoque souvent Jean Sénac que les parents de Claro hébergèrent à Paris Rue d'Alésia.
J'en apprends aussi beaucoup sur le tournage de l'Etranger avec Marcello Mastroianni et les nombreuses questions qui apparurent au moment de la production de ce film.
Enfin comme le livre est touffu j'en apprends aussi sur la Franc Maçonnerie en Algérie qui milita pour une plus grande justice et pour l'assimilation sans être suivie. Cela est d'autant plus évocateur, pour moi, que mon arrière-grand-père, fut lui-même franc- maçon à Sétif et il me plait de penser qu'il ait soutenu, lui aussi, de telles idées de justice.
Enfin on en apprend beaucoup aussi sur Le Corbusier qui visita Alger, la Casbah et la Maison indigène avec Leon Claro.
Au total un livre foisonnant où l'auteur croise et recroise les fils d'un passé qu'il n'a pas connu, allant jusqu'à inventer une parenté très ancienne des deux familles, la sienne et celle de Camus toutes les deux issues de Minorque.

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En 1930, l'architecte Léon Claro est chargé de bâtir une réplique idéale de maison traditionnelle algérienne pour honorer le centenaire de l'Algérie française. En plein coeur d'Alger, il conçoit une bâtisse composite, qui multiplie les emprunts à diverses esthétiques orientalistes pour parvenir à un simulacre d'authenticité. Elle reste pendant quelques décennies un symbole de l'entreprise coloniale française en Afrique du nord, visitée aussi bien par Albert Camus que par Le Corbusier.
Ce lieu à l'authenticité douteuse devient pour Claro, petit-fils de l'architecte, un symbole de son rapport distant et réticent à son histoire familiale, un lieu encombré de fantômes et d'arrangements avec la réalité. S'il sacrifie à quelques passages obligés du genre du récit généalogique, Claro compose avec La Maison indigène un récit mémoriel singulier : un texte à facettes et à tiroirs qui tente de remettre de l'ordre dans une histoire où de grands témoins, de Camus à Jean Sénac en passant par Visconti, permettent de dessiner par contraste les silhouettes des figures insaisissables que sont le grand-père et le père de l'auteur. Sans sentimentalisme, Claro rend ainsi un hommage réservé mais émouvant à ces deux absents, enfin autorisés à s'extraire de sa mémoire cadenassée.
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C'est au pied de la maison que l'on voit le maçon. Et c'est au scintillement des mots qu'on aperçoit Claro. Mirage des coïncidences, faux-semblants des concomitances, sémiologie dans le temps et l'espace, l'auteur nous trouble et nous intrigue. La quête de sens et la remontée aux origines nous obsèdent tous. Mais peu peuvent prétendre à toucher à l'universel en piochant dans leurs souvenirs personnels. Même si les fantômes nous hantent tous.
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Ce récit est la recherche d'un père. Tout part d'une maison, construite en 1930 à Alger par Henri Claro, architecte et grand-père du narrateur, à l'occasion du centenaire de la présence de la France en Algérie. Cette maison déroulera pour lui des fils de son passé, tout en retraçant les contours d'une période de l'histoire. de nombreux personnages jalonnent cette recherche, comme Le Corbusier, le poète Sénac, mais aussi et surtout Albert Camus, qui séjournera quelques temps dans cette maison « mauresque ». Cette partie du récit est celle qui m'a le plus intéressée. Christophe Claro raconte Camus, son enfance en Algérie, analyse le roman « L'étranger », et livre quelques considérations sur la colonisation, les femmes « indigènes » dénudées sur les cartes postales, écrivant page 135 : « Dans la fantasmagorie orientaliste, que le colonialisme a fait sienne, le harem et le bordel sont comme les deux faces d'une même pièce jetée par l'Européen au pied de l'almée, d'un même regard lancé à l'odalisque. Et comme il en va depuis des siècles et des siècles, l'homme mesure et la femme murmure ». D'anecdotes en rencontres, comme celle à Marseille avec l'un des amis d'enfance de son père, Michel M, Christophe Claro tentera de soulever des « plis » de cette vie algérienne. Je ne connaissais pas l'auteur avant, c'est donc une découverte, et bien que cette histoire familiale ne m'ait pas particulièrement passionnée, elle se lit facilement. La rhétorique de Claro y est pour beaucoup, c'est un plaisir de lecture, même si probablement, je ne retiendrai de ce livre que les anecdotes sur Camus, et les points de vue de l'auteur sur une période encore crispante pour nombreux, qu'ils soient français ou algériens.
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Interressant sur le plan litteraire et sur le plan historique mais je n arrive pas à me rejouir de ces lectures dont la trame est tirée d une histoire familiale et personnelle .... trop intime pour moi à lire...
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