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EAN : 9782330125400
352 pages
Actes Sud (21/08/2019)
3.62/5   17 notes
Résumé :
À en croire la tante du jeune Benoit, il existe plusieurs catégories d’orphelins, et Benoit appartient à la pire : celle des enfants qui n’ont aucun géniteur. Ayant recueilli l’enfant après l’avoir arraché au cauchemardesque “Dortoir aux Entrailles” où il a passé ses premières années, la Tante a décidé de le remettre sur pied en lui con coctant toutes sortes de mets baroques, persuadée que seules de solides nourritures terrestres sont de nature à apaiser les angoiss... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Jusqu'il y a peu, Claro était seulement le traducteur d'Alan Moore qui faisait des tweets rigolos. Grande surprise, il sort un roman chez Actes Sud, visiblement la surprise n'est que pour moi, mes collègues l'ayant déjà "pratiqué ". Bref, pour cette rentrée littéraire je me suis lancée dans "Substance", un roman troublant et bizarre.
Benoit sans accent est élevé par une Tante avec majuscule, de nombreux épithètes et d'étranges copines (aux aires de Moires). Il est fasciné par la mort et se rendra vite compte qu'il est capable d'en capter une matière qualifiée d'ectoplasmique. Il deviendra ami avec Marguerite (prénom au destin faustien par excellence), jeune fille libre et ex-abductée. Ce qui se passe dans ce roman? Pas grand chose, mais ce n'est pas si essentiel.Le plus important, c'est les circonvolutions langagières de l'auteur, la densité de ses phrases, l'éveil des questions fondamentales... Clara signe un roman à tendance gothico-existentielle qui clairement n'est pas tout public mais ravira les lecteurs en manque de prose poétique et phantasmagoriques.
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Mais enfin quelle substance ce roman!!! Il est compact, l'écriture est corsée, relevée et bien travaillée. C'est ce que j'ai le plus aimé. Les prouesses métaphoriques sur fond poétique même si je me suis un peu perdue par moment. Une multitude de sujets est abordée: l'abandon, la maltraitance, la folie...

C'est benoit personnage principal du roman et orphelin récupéré du dortoir des entrailles par la Tante qui nous livre ses pensées intimes, ses états d'âmes dans son petit monde à lui, un monde l'ectoplasmes, d'âmes errantes et d'extraterrestres.
Franchement une belle découverte.
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Lire du Claro, c'est toujours une expérience. Souvent enrichissante, toujours déroutante.
Dans ce roman, Benoit est un orphelin du troisième type, élevé par une Tante aux multiples qualificatifs, elle même épaulée par 3 copines obscures. Fasciné par la mort, il y découvre une drôle de substance, l'ectoplasme qui lui déclenche de drôles de visions. Il se liera avec Marguerite, habituée des abductions.
Ce résumé te parait bizarre ? le livre l'est tout autant ! Au delà de cette histoire, que raconte-t-il donc ? Au final pas grand chose, mais ce n'est pas là l'important.
Métaphorique par essence, tout l'intérêt de ce roman réside dans les envolées lyriques de l'auteur. Ses circonvolutions, ses digressions, son immense inventivité linguistique. Ce roman s'écoute autant qu'il se lit.
Gothique de nature, Substance est un roman à l'atmosphère unique, sans doute pas accessible à tout le monde. J'ai d'ailleurs moi-même abandonné une première fois ma lecture, qui ne tombait pas du tout au bon moment dans ma vie. Après 2-3 semaines de pause, je m'y suis replongée pour ne plus le lâcher. Abandonnant l'idée d'en comprendre chacune des phrases, me laissant porter par la mélodie si particulière de l'écriture de Claro, son humour et le baroque du récit, pour en ressortir saoulée de mots et d'images.
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Benoît est élevé par la Tante qui le nourrit avec des plats très élaborés car elle est passionnée par une cuisine très sophistiquée décrite de façon gourmande, mais excessive par l'auteur. Très vite est évoquée, parmi plusieurs possibilités la naissance de Benoît, choisie par la Tante comme étant la moins traumatisante pour lui. Des descriptions alambiquées, parfois très drôles alimentent une « narration sans queue ni tête » Un thème récurrent émerge tout de même, celui de la mort, d'une interrogation sur ce qu'elle est ou n'est pas, de la frontière floue qu'elle semble établir avec le vivant. Une veille funéraire donne l'occasion à Benoît de fantasmer sur l'au-delà, d'imaginer l'ectoplasmie et de découvrir sa médiumnité qui l'aidera à trouver plus facilement des proies pour les acquisitions en viager de sa Tante. Les amies fantasques de la Tante sont l'occasion du déploiement d'un humour et d'un vocabulaire délirants. La rencontre de Marguerite parachève le fantastique avec des extra-terrestres qui l'auraient kidnappée plusieurs fois. Une écriture originale, mais débridée que le lecteur aura du mal à suivre avec un intérêt constant, des passages ennuyeux et agaçants succédant à des passages savoureux et drôles. Lecture à expérimenter pour se faire un avis !
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Où il est question du sens de la vie, du réel et de l'imaginaire, de la violence, des corps....et de gaufres aux brisures de saucisson (la recette qui m'a marquée au milieu de tant d'autres brillamment farfelues et /ou écoeurantes).
Je rencontre enfin le travail de Claro, après avoir entendu parler de lui en bien par des auteurs que j'aime.

Bousculée par l'histoire (c'est cru, c'est cruel, c'est génial de réalisme intérieur) et totalement emportée par le style.
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critiques presse (1)
LeMonde
18 septembre 2019
Il y a toujours, à lire Claro, cette impression étrange qu’on déplie son propre ­cerveau. Humeurs sèches, humeurs visqueuses – toutes ­peccantes bien sûr –, monstres ­radieux et cadavres exquis, quelque chose entre l’humus et la ­parturition fantasmée. Un texte qui pousse à la va-comme-je-te-chante, au gré des assonances et des mots d’esprit.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
L'enfant qu'on a été, et qui n'a laissé, à la surface des jours défunts, pas même une trace, nous nous efforçons de le reconstituer plus tard à partir d'une chair qui n'est plus la sienne, avec des os qui désormais l'encagent, le voilà traversé par un sang qui lui monte à la tête, et sa tête nous la vissons et la dévissons sans cesse sur des épaules trop larges tel un savant se sachant fou, jamais satisfait, vraiment, du résultat, car le sourire de cet enfant est toujours trop court, ses grimaces rebiquent, son front plisse déjà, et même les photos conservées dans le formol familial, pourtant censées nous aider à la réinventer, mentent honteusement. Nous sentons que l'enfant que nous avons été est devenu pour ainsi dire notre aïeul à rebours, et nous ne saurons jamais quelle météorite, quelle glaciation, quels prédateurs l'ont chassé des forêts pétrifiées du souvenir. Ici ou là, bien sûr, des récits dignes du plus niais folklore nous aident à faire de ce ouistiti d'antan autre chose qu'un minuscule empaillé, une figurine à la cire instable – tu étais tellement ceci, tellement cela, un jour tu as dit x, un autre tu as fait y – mais ni les ceci ni les cela, ni ce qui fut dit ou fait ne peuvent fracasser le miroir derrière lequel, prisonnier de l'aujourd'hui, nous scrutons le légendaire hier.
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Les souvenirs du Dortoir aux Entrailles me parvenaient encore par bouffées. Leurs ongles laissaient des traces, une crasse que je retrouvais au matin, apeuré, collée au creux de mes paupières, à croire qu’ils avaient cherché à m’énucléer mais s’étaient lassés de cette besogne. Je ne pouvais ni les altérer ni les éloigner, à la différence des autres souvenirs, ceux qui poussèrent dans l’Après, ceux que la Tante m’apprit à domestiquer, ceux qui se laissaient friser et exécutaient tous les tours dont l’idée me venait. Les souvenirs du Dortoir aux Entrailles avaient, eux, des droits et des privilèges, ils me réquisitionnaient comme si j’étais leur chair chérie, leur festin chéri, leur purin chéri. Ceux que la Tante avait semés étaient doux, légers, de suaves chromos que je n’avais qu’à laisser fondre sous ma langue. Ils m’aidaient à m’imaginer invité ici-bas. Ils me reconstituaient, m’illusionnaient, toutes choses nécessaires. J’avais soif de leurs doux remous.
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Tout le monde est orphelin, chacun à sa façon, certes différente, mais enfin, tu peux t'en faire une idée, même quand on a encore ses parents on est orphelin, un orphelin en devenir comme disent les philosophes, on les regarde mourir, ses parents, et ça prend des années, ils croient qu'ils nous éduquent, nous élèvent ou nous abaissent, mais nous, nous nous contentons de les regarder ((mourrir)), ou vieillir, de toute façon c'est la même chose, ils sont condamnés, on sent bien qu'en nous dressant ils tentent d'oublier qu'ils s'effondrent, car c'est ce qu'ils font, ils descendent, degré par degré ils vont au fond et au-delà, et c'est leur (mort) qu'ils nous transmettent, la musique de leur (mort), sa projection, sa procrastination, son atermoiement, ses courbes et ses couleurs, ils meurent et ce faisant nous apprennent à ((mourrir)), enfin ils essaient, car s'il y a bien une chose pour laquelle ils ne sont pas doués, c'est bien ça, nous apprendre à ((mourrir)), ils préfèrent nous faire croire que nous sommes im(mort)els, jeunes et im(mort)els, inécrasables, inempoisonnables, indécapitables, au point qu'on a souvent l'impression qu'ils nous reprochent de l'être, jeunes, qu'ils nous interdisent de l'être, im(mort)els, et si nous pouvions prendre leur place ils ne nous en voudraient pas, d'ailleurs nous sommes faits,et par eux qui plus est, pour la prendre, cette place, nous sommes des pièces de rechange, leurs pièces de rechange, ils se poussent pour nous ménager une place, ils meurent pour que nous puissions assumer la postérité de leur (mort), leur emboîter le pas le long du chemin qui mène à la fosse commune, d'où naît le big bang ou du moins deux syllabes désireuses de s'entrechoquer, et tout recommence, avec ou sans eux, avec ou sans nous, peu importe, c'est un cycle où tout se perd, où la perte est la seule constante, où le seul gain c'est la conscience d'être en trop.
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Ce n’était pas une vaste demeure, du moins en ce qui concernait sa surface au sol, à l’exception de la cave qui semblait échapper à toute logique spatiale mais que je me contentais d’imaginer, l’accès m’en étant interdit. Juste une maison de ville, plantée dans une rue étroite légèrement incurvée, garnie d’un trottoir large comme un pied d’enfant, et précédée d’un perron à la pierre vérolée, suffisamment écartée du centre de Bar-sur-Aube pour n’être pas troublée par ses rumeurs, étroite de façade mais dotée de deux étages, une maison qu’enfant j’appelais la « maison debout », sans doute parce qu’elle était, architecturalement, à l’antipode du Dortoir aux Entrailles d’où la Tante m’avait arraché, ou plutôt comme elle le répétait souvent, « aidé à renaître », du moins était-ce sa version de l’histoire, une sorte d’accouchement sans douleur, disait-elle, sans cri, rien de violacé ni de tordu, tu n’as pas senti grand-chose, un soulagement en vérité, tu dormais à moitié, les plis du drap avaient laissé des parenthèses sur tes joues, c’était juste avant le matin, un vrai petit ange – mais comment lui dire que le petit ange ne dormait pas, et sentait jusqu’au poids de l’air, jusqu’à la morsure des chuchotements, en perpétuelle génuflexion jusqu’à l’intérieur de lui-même, priant pour que survienne ce fameux Jugement dernier dont on le menaçait cent fois par jour, un jugement qu’il espérait véritablement dernier, la terre s’ouvrant pour de bon, non comme le sexe d’une parturiente sous la lente et violente poussée ogivale de son enfant, mais comme une trappe cédant sous la masse d’un pendu.
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Oui, il était trois heures du matin et déjà la Tante aux Emulsions Fantoches orchestrait sans pitié un improbable festin, dévissant dix bocaux d’affilée, ouvre-boîtant d’antiques conserves dont l’anonymat était loin de garantir l’innocuité et dont la date de péremption rappelait les grandes heures de la France sous René Coty, puisant avec une furie faustienne dans l’armoire aux épices où elle avait rangé et hiérarchisé, selon un classement qui aurait filé la tremblante du lama à Linné, tout ce que la planète localement mondialisée croyait judicieux de refiler aux naïfs Troyens et indigènes limitrophes.
Le poivre venait-il d’Agadir ou de Cramchaban ? Le fait est que ses grains auraient pu servir de roulement à billes. Quant aux feuilles de thym dont elle tapissait la moindre terrine, elles n’avaient rien à envier aux fiers pavillons auditifs des pachydermes. La Tante jaugeait de la narine les ingrédients, les sermonnait, puis les vouait aux gémonies de sa cocotte en fonte rouge sang. Ils balbutiaient (émulsion), poissaient (d’une bave qu’il fallait écumer), rendaient âme et suc, qu’importe, le bouillon capitulait déjà, et le pied de porc en gelée écartait de lugubres orteils sous les assauts d’un curry maléfique (rehaussé de genièvre, pitié). L’idée ? L’idée était plurielle. Cosmopolite, cruelle. Transversale. L’idée concoctée par la Tante au Wok Sadique se voulait un hommage aux peuples enivrés d’indépendance mais dotés d’un réchaud de fortune.
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Vidéo de Christophe Claro
Pourquoi l'échec serait-il forcément négatif. N'y aurait-il pas un peu de plaisir coupable à échouer ? Avec ce nouvel essai, L'échec paru aux éditions Autrement, Claro pose la question de Comment échouer mieux. "Seul l'exercice de l'échec permet d'élargir le champ des possibles. Si, comme le disait Beckett, il importe d'échouer mieux, c'est sans doute parce que créer ne veut pas dire réussir, mais plutôt soutirer à l'obscurité un aveu de lumière. Au risque, consenti, d'aboutir à une impasse – c'est là non une malédiction, mais une chance". Pour ce faire, Claro aborde entre autres Kafka, Pessoa, Cocteau et Hitchcock, des grands noms qui ont un point en commun, celui d'avoir échoué. Avec beaucoup d'humour et une grande sensibilité, l'auteur nous invite à réfléchir et à repenser nos limites ainsi que nos faiblesses et les regarder avec un nouveau prisme pour que ces derniers nous aident à avancer.
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