Mozart : La lumière de Dieu

Mildred Clary livre au lecteur une biographie remarquablement documentée, dans laquelle elle fait intervenir par le biais de leurs témoignages, de leurs lettres, de leurs souvenirs, nombre de contemporains du compositeur, ce qui nous offre l'image d'un Mozart particulièrement proche et vivant !
Vous saurez tout du petit garçon surdoué, familier des cours d'Europe, du jeune garçon complice de sa soeur Nannerl, avec qui il échange des lettres tendres et amusantes, de l'adolescent facétieux qui s'éveille aux plaisirs de la vie en Italie, se travestit pour son plus grand bonheur, et se frotte aux délices de la musique italienne.
Vous connaîtrez ses démêlés avec sa bête noire, l'archevêque Colloredo sous le joug duquel ses élans créateurs seront brimés ! l'obligeant à démissionner à l'âge de vingt et un ans à ses risques et périls, car l'influence de Colloredo va bien au delà de Salzbourg et son pouvoir de nuisance peut être grand.
Vous découvrirez ses escapades amoureuses, sa relation particulière avec sa cousine Bäsle, où il laisse libre cours à son esprit farceur, pas forcément de très bon goût, et scatologique.
Ce n'est pas un des moindres mérites de Mildred Clary que de montrer l'homme derrière le génie, ce qui dérangera les esprits chagrins ayant eu tendance à considérer Mozart comme un pur esprit.
Enfin, vous le verrez entamer sa vie d'adulte, assister à ses démêlés avec la famille Weber dont il épousera une des filles Constanze, s'installer à Vienne, vivre sa rivalité avec Salieri et son amitié avec Joseph Haydn, fréquenter puis adhérer à une loge maçonnique, se familiariser avec la musique de Bach, rencontrer Lorenzo da Ponte qui jouera un si grand rôle dans la réalisation de ses plus grands opéras...
Mais bien sûr, l'ouvrage de Mildred Clary vaut surtout pour l'analyse de l'oeuvre mozartienne de ses toutes premières compositions, à l'âge de huit ans, jusqu'au douloureux requiem, point d'orgue d'une oeuvre géniale. L'auteur évalue le catalogue de ses compositions en les replaçant dans le contexte de leur création. Point n'est besoin d'être soi-même musicien pour comprendre la démarche créatrice, la curiosité suffit et le lecteur y trouvera son compte !

Pour finir, l'auteur nous conte le déclin, corps et âme, de Mozart tout au long de son ultime année d'existence. Dès 1790, les commandes se sont raréfiées, le manque d'argent se fait sentir et les Mozart vivent plus chichement. Enfin en 1791, il lui est donné de composer la Clémence de Titus et la Flûte enchantée, quasiment en même temps ! ainsi que le dernier chef d'oeuvre : le Requiem.
Mais Mozart sent ses forces l'abandonner. le fait d'avoir été trimbalé dans toute l'Europe dès sa prime enfance, avoir subi des voyages dans des conditions souvent précaires et fatigantes, a-t-il pu altérer la santé de l'adulte qu'il est devenu ?
En outre, un temps effroyable s'est abattu sur Vienne provoquant chez Mozart la crise de rhumatismes qui annonce sa fin prochaine. Celle-ci se produira le 5 décembre 1791, à l'âge de trente-cinq ans, dix mois et huit jours.... peu de temps après avoir appris sa nomination comme directeur musical de Saint-Stéphane, ce qui aurait pu donner une nouvelle orientation, plus heureuse, à sa vie...