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EAN : 9782130534327
128 pages
Presses Universitaires de France (15/04/2003)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Il ne s'agit pas de proposer dans ce « Que sais-je ? » un « traité » de sociologie de la vie quotidienne, mais avant tout une exploration micro-sociologique de nos manières de faire et de nous les représenter. L'auteur fournit un cadre d'analyse théorique dans lequel tout lecteur peut insérer son propre parcours quotidien. Le niveau micro n'est privilégié qu'à des fins didactiques, car il ne faut pas oublier le temps et sa longue durée qui induit une adaptation perm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

J'ai bien aimé ce petit bouquin plein de grandes idées. Quand on lit un que-sais-je, on sait à peu près à quoi s'attendre. On prend un expert qui a fait ses preuves, pas nécessairement connu du grand public et il doit se débrouiller avec la contrainte qu'on lui donne. Ce n'est pas un livre à suspens mais on ne s'ennuie pas non plus. On peut faire son miel de tout ce qu'on lit.
Ce petit livre démonte le moteur qui entraîne tous nos gestes machinaux, ceux qu'on fait sans y penser . Il lève le voile sur le squelette de notre vie de tous les jours.
Tout d'abord, la vie quotidienne, c'est du temps social. Nous avons appris le temps social comme nous avons appris à compter et à lire. La société nous impose les mêmes unités de mesure sinon nous ne pourrions pas interagir ensemble.
Il y a le temps obligé ( le travail), le temps libre (loisir), le temps contraint (achats, démarches administratives, soins aux enfants...) et le temps de nécessité (sommeil, repas,...)
Les plus "fortunés" en temps ne sont pas forcément les mieux lotis sur le plan financier. Les plus aisés financièrement sont parfois pauvres en temps.
Mais le temps, c'est aussi de l'espace. Nos parcours dans cet espace peuvent être déterminés (maison-travail-courses), semi-déterminés (rendre visite à des parents, des amis, partir en vacance), ou libres (randonner sans but par exemple, partir au hasard). le temps libre du prisonnier ou du malade dans son espace confiné sera dit aliénant.
Se socialiser, c'est puiser dans un stock de connaissances disponibles. L'individu est tributaire des autres pour cette information qui va lui permettre d'interpréter les situations de la vie quotidienne. C'est le sens commun.
Mais pour que j'accepte de suivre les règles qu'on m'a appris, il faut que je leur trouve du sens. C'est la légitimation. Berger et Luckmann dégagent 4 niveaux de légitimation (p.51):
- le langage (le père, avec ses attributs d'autorité, est celui dont il est dit qu'il est le père et cela suffit)
- Les propositions théoriques rudimentaires (proverbes, dictons, aphorisme, "mieux vaut être seul que mal accompagné")
- Les théories explicites (le droit , les règlements, les codes)
- Les univers symboliques : les religions, les visions du monde (le Parti, la Cause), la Science, la Littérature pour moi qui aime me définir comme un littéraire...
Ces 4 niveaux se combinent pour permettre à la société de maintenir un tissu social donné.
Ensuite Claude Javeau s'appuie sur Erving Goffman pour nous montrer la vie de tous les jours assimilée à une scène de théâtre.
Il y a la scène où nous jouons un rôle et la coulisse où nous sommes naturels. Nous devons respecter une loyauté dramaturgique (ne pas trahir de secrets), une discipline dramaturgique (être capable de faire taire ses sentiments spontanés), une circonspection dramaturgique (prévoir, fixer d'avance). Ce sont les règles de surface d'une société donnée qui lui permettent de tenir.
Comme les rituels de présentation et d'évitement. On garde une certaine distance en se présentant, on attend un accusé de réception. Et quand on évite l'autre, on se met en scène, pour ne pas que sa "sphère idéale" soit violée, mais aussi pour ne pas violer la sienne. Il s'agit d'un "complot social" visant à colorer de confiance les relations sociales.
Ce chapitre se clôt sur le stigmate ( reconnaissance ou révélation d'un attribut qui entraîne le déclassement d'un individu, il peut être visible, invisible, moral, social....)
Le dernier chapitre s'appelle Aliénation et résistance.
Comment les individus montrent leur autonomie résiduelle: une capacité de résistance aux injonctions de l'ordre établi, un quant-à-soi qui permet de n'en penser pas moins.
Comment affirmer son irréductible singularité ? Il y a des tactiques: résistance au changement, affirmation des différences, prise au sérieux de l'insignifiance (ex: télé-réalité, sport de masse, vie privée des politiques)
D'ailleurs l'auteur conclut à propos de la duplicité de l'individu que la vie quotidienne, vue sous un certain angle, est un tissu de mensonge.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce qui meut les hommes et les femmes est de l'ordre de la passion , du pathos, même dans les péripéties les plus anodines de leur vie quotidienne. Certes, il leur est loisible d'introduire de la rationalité dans leurs conduites. Mais très souvent les buts ultimes qu'ils s'assignent sont marqués du sceau d'une certaine irrationalité (gagner beaucoup d'argent, conquérir le pouvoir, se faire aimer d'une femme ou d'un homme en apparence inaccessibles) qui n'est sans doute jamais complète, mais qui doit céder une part déterminante à la passion. C'est cette passion qui nous pousse à vivre, à surmonter les obstacles, car la rationalité, face à un monde dont l'absurdité semble essentielle, commanderait que l'on cesse de faire comme si la mort n'était pas l'issue imposée à tout un chacun.
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La vie quotidienne est le lieu d'élection par excellence de la conduite morale, respectant un code de pratiques marquées du sceau de l'honneur, sous peine de ne pas être à même de mener à bien tant les interactions les plus courantes que celles qui sortent de l'ordinaire. L'absence de constance morale met en péril l'existence du lien social.
Ainsi des gens qui se déplacent en grand nombre pour se rendre à leur lieu de travail en transport en commun. On a alors affaire au phénomène que Goffman appelle l'inattention civile. Celle-ci se caractérise par des modes élaborés d'évitement du regard d'autrui, ce qui garantit l'anonymat propre à la vie urbaine. Le refus de relation humaine équivaut au refus du sentiment de responsabilité tel qu'on peut éprouver lorsqu'on se préoccupe du bien-être des autres. Cette responsabilité est morale aussi longtemps qu'elle est dépourvue d'égoïsme et qu'elle est inconditionnelle.
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Le détournement des traditions, la réécriture des histoires, depuis celle des familles jusqu'à celle des nations, la manipulation des constatations objectives au sujet de l'un ou l'autre phénomène collectif, entre autres, procèdent du même constant recours à la falsification et à la ruse: « Nous sommes à chaque fois en présence d'une civilisation de quasi-faussaires en proie à de très bonnes consciences. », écrit Jean Guiart à propos des sociétés étudiées par les ethnologues.
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Sous les falsifications institutionnelles, on trouve la duplicité inhérente à tous les comportements individuels. La vie quotidienne, vue sous un certain angle, est un tissu de mensonges.
La plupart de ces mensonges, toutefois, se trouvent justifiés par ceux qui les profèrent par les rationalisations, au sens psychologique du terme, qu'élaborent les agents pour se justifier tant aux yeux des autres qu'à leurs propres yeux. Ce que Raymond Boudon a appelé les "bonnes raisons" figure parmi les compétences des acteurs du quotidien, qui y ont recours pour maintenir le cap sur la bonne fin de leurs projets et être capables de continuer à jouer les jeux sociaux dans un environnement où la trahison est chose aussi courante que la fidélité.
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Vidéo de Claude Javeau
Rencontre avec Claude Javeau (sociologue) dans le cadre de la semaine de la pop philosophie, le 15 octobre 2013 à la Bellone - Maison du spectacle à Bruxelles.
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