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3,07

sur 205 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Philippe Claudel dresse le tableau de la société urbaine dans tout son cynisme et son arrogance. Ses traits saillants n'ont rien de bienveillants: ils se résument à l'hypocrisie, à la torture et au sexe.

Pas vraiment un roman, plutôt un ensemble de nouvelles liées entre elles par le narrateur, ses collègues de bureau et leurs femmes. Ce qui en fait un ensemble de sketches sexistes et violents à ne pas diffuser aux heures de grande écoute.
Tous les personnages ont le même profil, ils sont superficiels, ils consomment alcools, médicaments et sexe.
Le ton est neutre ou enjoué, en décalage avec les scènes exposées.
Un exercice de style. Des phrases courtes. Un nom. Un adjectif. Et puis une avalanche de phrases juxtaposées.
Le tout forme des nouvelles bien inhumaines, provocantes et sordides qui claquent.
Objectif atteint pour Philippe Claudel. Un livre clivant.
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Ames sensibles, réfractaires à l'humour (très) noir , s'abstenir ?
Le ton est donné dès les premières lignes:" Aujourd'hui, j'ai acheté trois hommes. Une tocade. C'est Noël. Ma femme n'aime pas les bijoux. je ne sais jamais quoi lui offrir(...) Nous n'avons pas attendu minuit. Pourquoi trois. Un pour chaque orifice.Très drôle. " le ton est donné...et encore, disons qu'on démarre en douceur...Pourtant la quatrième de couverture nous prévient : "nous sommes devenus des monstres.On pourrait s'en affliger. Mieux vaut en rire". Et on rit en effet, jaune parfois, plus franchement aussi à d'autres moments tant les situations, les personnages sont "hénaurmes". Oui, ces nouvelles peuvent choque car elles ne nous renvoient pas une bonne image de l'humanité , laquelle est d'ailleurs singulièrement absente de ces très courtes "nouvelles/chapitres".
Les personnages de Claudel ont perdu tout sens de l'humain, sont devenus des bêtes, aux multiples sens du terme , copulent à tour de bras avec tout et n'importe quoi , tuent sans vergogne, plus rien n'a de sens . Plus rien n'afflige les Bourin (!) Morel , Bonnet dont on voit bien que les patronymes n'ont pas été choisis au hasard . Chaque nouvelle réserve son lot de monstruosité et de cynisme. "Les vieux sont un problème.Où les mettre.Ils ne se reproduisent pas mais sont tout de même de plus en plus nombreux. le monde va crever sous le poids des vieux.Et puis des pauvres aussi. Les pauvres c'est pareil que les vieux. Il y en a de plus en plus. Si tous les pauvres étaient vieux, ça ne créerait pas un surnombre. Mais le problème est qu'il existe aussi des pauvres qui sont jeunes. Et des vieux qui sont riches. Tout cela fait trop. Beaucoup trop."
L' Entreprise est le point de convergence de ces personnages qui n'ont plus qu'un dieu, l'Argent et la façon de le dépenser.Philippe Claudel a choisi une écriture en accord avec ce monde inculte. Sujet , verbe complément. Parataxe. Ponctuation minimale.Des points, c'est tout.C'est d'une redoutable efficacité.
"Que mange-ton. Ta mère. Encore.On attaque la cuisse gauche. Je l'ai faite au vin blanc.La cuisse.Une partie seulement. le haut."
Vous êtes prévenus. Inhumaines délivre un message violent mais salutaire.
A consommer...à petites doses !
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Philippe Claudel s'est lâché ! Déjà peu consensuel dans certaines de ses oeuvres, le romancier grand amateur de critique sociale nous dresse un portrait au vitriol de la société au travers de petites nouvelles aux personnages volontairement répétitifs. Des nouvelles caricaturales, folles, absurdes faites pour dénoncer la perte de valeurs, la perte d'identité, la cruauté envers autrui, la montée de l'individualisme, la marchandisation de tout. Et c'est cela qui est fort, la perte de sens pour démontrer une évidence. Un paradoxe démonstratif.

Le style est acerbe, violent, cru parfois, mais toujours talentueux et délicieusement drôle quand on aime l'humour noir. On ressent un cynisme et une certaine colère sur ce bilan burlesque et cruel de la société. Une sorte de procès comme ont pu le faire Brett Easton Ellis mais en moins alambiqué, moins long également.

Quand la désillusion est drôle c'est que l'heure est grave. Merci Monsieur Claudel pour cette sorte de cri désespéré et de fou rire triste.
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Contrairement aux "Ames grises", cette compilation de sordides et cruelles saynètes à peine extrapolées de notre réalité quotidienne m'a durablement impressionné.
Philippe Claudel ne prend pas de gants, il n'épargne rien ni personne dans cette version angoissante mais si logiquement prophétique de notre avenir proche.
D'aucuns ont été choqués par ce brûlot démoniaque du gentil Claudel qui les avait tant séduit jadis.
Pour ma part je salue l'auteur qui, avec ce féroce coup de semonce, assume le rôle salutaire de lanceur d'alerte.

Perturbant, provocant, essentiel et salvateur.
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Inhumaines. Voilà ce que Philippe Claudel nous dit de ses nouvelles qui se veulent un reflet (exagéré heureusement) de l'humanité d'aujourd'hui.
"Nous sommes devenus des monstres. On pourrait s'en affliger. Mieux vaut en rire."
C'est donc en utilisant l'humour, noir, très noir, que ce livre nous présente une humanité désabusée, cruelle, égoïste, qui n'a plus d'aspiration, qui ne vit plus d'amour et de sentiments mais de sexe et de rapports uniquement physiques.
Vingt-quatre petites nouvelles de trois à quatre pages se succèdent avec rapidité. le style d'écriture reflète également cet empressement. Des phrases très courtes, presque sans ponctuation, nous font avancer à grande vitesse dans ce monde où on a plus le temps de s'arrêter.
Bien que Claudel nous dise qu'il fait un portrait humoristique de l'humanité, ne vous attendez pas à rire aux éclats en ouvrant ce livre. le sentiment qui assaille le lecteur en fil des pages est plutôt celui du dégout. Ce livre est atroce. Véritablement. L'humain y est horriblement décrit. Il est même difficile de tout lire d'une seule traite. Ce roman a la capacité de mettre le lecteur mal à l'aise. Néanmoins, il a quelque chose de fascinant qui empêche d'arrêter la lecture. Est-ce ce style d'écriture qui nous entraine rapidement de pages en pages? Est-ce cette humanité décrite atrocement mais dans laquelle on reconnait tout de même certains traits de notre société? Ou alors est-ce une curiosité malsaine qui nous rapprocherait d'une certaine manière à ces horribles personnages?
Quoi qu'il en soit, j'ai apprécié l'expérience de lecture de ces nouvelles. Expérience étrange, expérience de lecture non ordinaire. Expérience qu'on apprécie avoir vécu mais qu'on ne réitérera pas de sitôt. Ce genre de récit arrache le lecteur de son train train quotidien et le place face à une réalité atroce mais qui ne manque pas tant de réalisme.
Une expérience à vivre pour ceux qui ont le coeur bien accroché (âmes sensibles s'abstenir)!
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Satire de notre société, ce livre est à lire sans hésitation si on apprécie l'absurde ainsi que l'humour noir et pince sans rire. Toutefois, il est susceptible de choquer ou déranger les plus sensibles.
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Ce genre d'esprit sans complaisance, la rage, la rancoeur, la peur crie à l'injustice et le désespoir: tous, font un triste état des lieux. L'écriture est avant tout un aveu d'impuissance totale et sexuelle. Les mots font des plaisanteries horribles et sacrilèges, dont l'humour féroce tire sa force dans d'inutiles postures graveleuses et théâtrales. Ainsi cet humour noir devient une sorte de réaction de compensation de l'existence, un moyen de défense du moi en petit comité contre la maladie, la déchéance physique et la mort.
L'auteur fait, dit tout haut, ce que les gens pensent tout bas...Et certains font en douce ce dont la moralité réprime, dans la plus totale hypocrisie. Pas de quoi tirer à boulets rouges sur l'auteur! Lui il ose. La société humaine est faite ainsi; de drôles de contrastes où les pulsions non réprimées sont légions. Nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours. Dans des cas beaucoup plus gravissimes et extensibles, les procès d'Assises, les grands crimes de guerre contre l'humanité sont là pour nous le rappeler.
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C'est une suite de textes courts, comme des nouvelles, même si les personnages reviennent et font tous partie de l'”Entreprise”.
C'est de l'humour très très noir, Bedos à côté c'est un enfant de coeur. du coup, c'est souvent vraiment too much, très limite (enfin non franchement au-dela de la limite).
On se sent un peu dans le même univers que “L'Enquête”, avec la volonté satirique de nous faire réfléchir, mais c'est tellement fort que l'effet est parfois raté, du moins en ce qui me concerne. Mais certains textes, ou certains passages sont bien tapés.
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Oui ce livre est différent des écrits habituels et il est même totalement déjanté. Mais parfois les êtres humains ne sont-ils pas capables du pire et avec l'acceptation tacite de tous ? Donc ce monde dépeint dans ce roman interpelle le lecteur et c'est le but certainement pour son auteur.
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Je n'ai rien compris à certains chapitres. D'autres par contre étaient sinistrement caricaturés et donnaient à réfléchir. Je peux recommander ce livre même s'il m'a fallu en parcourir la moitié avant de comprendre que les histoires par chapitre avaient un lien.
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