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EAN : 9782715235731
272 pages
Le Mercure de France (14/09/2017)
4/5   3 notes
Résumé :
"PIERRE DE CRAON. ? Trois heures et demie du matin. Toute habillée Déjà ? Il me paraît que je ne suis pas un visiteur inattendu. VIOLAINE. ? Pierre de Craon, Est-ce vous ? Que me voulez-vous ? Pourquoi m?avez-vous appelée ?PIERRE DE CRAON. ? Appelée ? Et comment avez-vous su que c?était vous qu?appelaient Les trois coups retentissant dans la cuisine caverneuse ? VIOLAINE. ? Plus bas ! de peur qu?on ne nous entende. C?était moi. J?ai bien compris, hier, que vous ne d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une pièce dont il est difficile de reconstituer la genèse : Claudel aurait commencé une première version en 1892, qu'il aurait achevée vers 1893. Mais des bribes d'une version antérieure subsistent. Cette « première version » ne sera publiée qu'en 1926 ; entre temps, à son habitude, Claudel aura retravaillé le texte pour aboutir à une « seconde version » qui paraît dans le recueil l'Arbre en 1901. La première mise en scène de l'oeuvre ne verra le jour qu'en 1944, et le texte n'inspirera que peu de metteurs en scène ensuite.

La deuxième version de la pièce est écrite à un moment charnière de la vie de Claudel, alors qu'il envisage le choix de la vie monastique qui lui sera refusée, et qu'il revient en Chine en faisant sur le bateau la rencontre de Rosalie Vetch, la femme de sa vie, avec qui il vivra pendant quelques temps une passion adultérine, et qui lui inspirera un certain nombre d'oeuvres, dont le soulier de satin. La question de la foi est devenue centrale dans la vie de Claudel, et encore plus la façon de vivre cette foi. L'interrogation du rapport à Dieu sera essentielle dans La jeune fille Violaine.

Dans le premier acte, Pierre de Craon, un ingénieur, vient la nuit dans la maison des Vercors. La fille aînée, Violaine, l'entend et vient à sa rencontre à la fenêtre. Ils se sentent très proches, ils évoquent le prochain probable mariage de Violaine avec Jacques Hury, et Pierre communique à Violaine sa conviction que l'amour s'accomplit dans le don de soi, à l'imitation du Christ. La jeune soeur de Violaine, Mara, surprend le baiser que Pierre dépose sur la joue de Violaine en guise d'adieu. Anne Vercors, le père de Violaine, annonce à son épouse qu'il part pour les Etats-Unis, suite au décès de son frère, pour prendre en charge sa famille. En attendant, il a décidé le mariage de Violaine avec Jacques, qui doit avoir lieu immédiatement. Son épouse tente de le retenir, et de le dissuader de ce mariage : Mara, la soeur de Violaine, est amoureuse de Jacques. Mara, qui a entendu la conversion, adjoint à sa mère d'aller voir Violaine pour la dissuader du mariage, en la menaçant de se suicider s'il a lieu. Anne revient avec Jacques, Violaine exprime son accord pour le mariage.

Au deuxième acte, après le départ du père, la mère a parlé à Violaine de la menace de Mara. Mara laisse entendre à Jacques que Violaine a eu une intrigue amoureuse avec Pierre de Craon, en évoquant le baiser. Violaine annonce à Jacques son souhait de rompre le mariage, il lui fait des reproches sur son supposée infidélité, mais se déclare prêt à l'épouser quand même. Elle refuse toujours. La mère, apprenant la perfidie de Mara, est prête à dénoncer ses manigances, mais elle a une attaque. Mara fait signer à Violaine un renoncement à son héritage, la rend aveugle en lui jetant de la cendre du foyer dans les yeux et la chasse de la maison.

Au troisième acte, Mara, avec son petit garçon né aveugle, cherche à retrouver Violaine, supposée faire des miracles. Cette dernière vit dans les bois, dans une misère extrême. L'échange entre les deux soeurs tourne au dialogue de sourds, Violaine proclame l'importance de la foi, son rapport à Dieu, le rôle purificateur de la souffrance, alors que Mara n'escompte qu'un bénéfice matériel et trivial. Mais Violaine finit par guérir Aubin, le fils de Mara.

Au quatrième acte, nous sommes de nouveau dans la maison des Vercors, Mara vient de rentrer, après avoir, pense-t-elle, tué Violaine. Mais Pierre de Craon arrive avec Violaine sur une civière, mourante. Violaine a un échange avec Jacques, et lui raconte ce qui s'est passé. Il lui reproche de ne pas l'avoir aimé suffisamment pour lui avoir avoué la vérité à l'époque, et l'avoir laissé épouser Mara. Violaine lui parle de sa foi, et pardonne à Mara. Elle souhaite partir, pour mourir seule. Anne Vercors revient, Jacques lui raconte les faits. Pierre de Craon annonce la mort de Violaine. Il explique son changement de vocation d'ingénieur en architecte, architecte d'une église, mystique et métaphorique qu'il décrit longuement.

Le récit de la pièce s'apparente au mélodrame, et aussi au conte, avec le motif des deux soeurs, une bonne et l'autre mauvaise et égoïste. Mais le texte se nourrit des lectures théologiques faites par Claudel à l'époque (en particulier St Augustin) et transforme le mélodrame et le conte en une méditation sur le divin. Mara devient ainsi le mal nécessaire, celui qui permet à Violaine de vivre avec Dieu, et de réaliser sa sainteté, symbolisée par la guérison qu'elle opère sur Aubin. le pardon final est donc une évidence. Se superposent Violaine retirée dans la forêt, la cathédrale mystique de Pierre de Craon, l'Epouse élue du Cantique des cantiques, et l'Église. le retrait dans la souffrance, la pauvreté  et la solitude est le chemin qui mène à Dieu, et quelque part à la réalisation de l'individu, qui par le renoncement arrive à la plus grande des richesses et des félicités.

Très poétique et lyrique, le texte de cette pièce est somptueux.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Cela est bon ! Acceptez de moi cette séparation que vous dites.
Qu'elle n'ait point pour vous d'amertume ! Et qu'elle soit comme le premier jour de cet hiver que j'ai lu.
Car on dit que, dans des climats plus heureux, cette saison qui sépare une année de l'autre année
N'a point de violence, mais toutes choses périssables l'une après l'autre succombent à la longue beauté d'un ciel inaltérable.
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La parole, jeune fille,
Ne se forme point comme une note sous le doigt de l'organiste quand le pied presse le soufflet.
Mais longuement, obscurément,
Plus profond que le coeur et les intestins, pendant le repas et la marche, pendant les silencieuses heures de travail, elle se constitue.
Comme un oeuf spirituel en nous, comme la capsule séminale,
Jusqu'à ce que du lien qui la lie se dissolve le secret pédoncule.
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Elle est mienne ! et sa vue est comme ce trait
De l'haleine avec lequel on se réveille.
La voici comme l'abeille nouvelle qui déploie ses ailes encore fraîches, comme une grande biche, comme une fleur qui ne sait pas elle-même qu'elle est belle !
Son visage est comme recueilli
Dans la joie qu'elle goûte, et je vois ses cheveux qui sont comme l'or et l'argent !
Fauves avec des reflets d'argent, comme la menthe, comme le dessous de la feuille !
O personne intacte ! ô jeunesse de ma fiancée à travers les branches en fleurs, salut !
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« Rien ne me réconcilie, je suis vivant dans votre nuit abominable, je lève mes mains dans le désespoir, je lève les mains dans la transe et le transport de l'espérance sauvage et sourde ! » (Paul Claudel, Cinq Grandes Odes)
« Singulière figure que celle de Georges Bernanos (1888-1948) […]. Sorte de Protée des haines et de l'amour, il semble ne jamais offrir deux fois le même visage. Il y aurait plusieurs Bernanos : un Bernanos de droite, à cause des Camelots du Roi, un Bernanos de gauche à cause des Grands Cimetières sous la lune ; un Bernanos romancier des abîmes de la condition humaine, ou un Bernanos pamphlétaire névropathe ; un Bernanos anticlérical, un Bernanos pieux catholique ; un Bernanos antisémite, un Bernanos réactionnaire, un Bernanos prophète, un Bernanos énergumène, un Bernanos enthousiaste... L'inventaire est sans fin […]. Romancier, essayiste, journaliste, Bernanos est l'homme d'une oeuvre vaste mais unifiée, tout entière contenue dans cette tâche qu'il découvrit être la sienne : rendre témoignage à la vérité, en manifestant de toutes les manières possibles ce qui est pour lui la finalité de toute condition humaine. […] Bernanos ne se faisait aucune illusion quant à l'efficace immédiate de ses écrits sur la marche du monde. C'est, toujours et seulement, de la révolte de l'esprit, la seule qui vaille, qu'il est question chez lui. […] » (Romain Debluë)
« […] C'est sans doute ma vocation d'écrire, ce n'est ni mon goût ni mon plaisir, je ne puis m'empêcher d'en courir le risque, voilà tout. Et ce risque me paraît chaque fois plus grand, parce que l'expérience de la vie nous décourage de plaire, et qu'il est moins facile encore de convaincre. J'ai commencé d'écrire trop tard, beaucoup trop tard, à un âge où on ne peut plus être fier des quelques vérités qu'on possède, parce qu'on ne s'imagine plus les avoir conquises, on sait parfaitement qu'elles sont venues à vous, au moment favorable, alors que nous ne les attendions pas, que parfois même nous leur tournions le dos. Comment espérer imposer aux autres ce qui vous a été donné par hasard, ou par grâce ? […] Il faut vraiment n'avoir pas dépassé la quarantaine, pour croire que dix pages, cent pages, mille pages d'affirmations massives sont capables de forcer une conscience : c'est vouloir ouvrir la délicate serrure d'un coffre-fort avec une clef de porte cochère. L'âge aidant, il me paraît maintenant presque aussi ridicule et aussi vain de dire au public : « Crois-moi ! » qu'à une femme : « Aime-moi ! » et le résultat est le même, soit qu'on ordonne ou qu'on supplie. Rien n'est plus facile que de prêcher la vérité. le miracle, c'est de la faire aimer. […] » (Georges Bernanos, Comprendre, c'est aimer, paru dans La Prensa, à Buenos Aires, le 19 janvier 1941.)
0:04 - Réponse à une enquête 11:30 - Générique
Référence bibliographique : Georges Bernanos, Scandale de la vérité, essais, pamphlets, articles et témoignages, Éditions Robert Laffont, 2019
Image d'illustration : https://www.france-libre.net/bernanos-appel/
Bande sonore originale : Carlos Viola - The Four Witnesses (Piano Version)
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/the-four-witnesses
#GeorgesBernanos #scandaledelavérité #LittératureFrançaise
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