Journal, tome 2 : 1933-1955

C'est Pierre de Boideffre qui dit que les hommes de génie mettent leur génie dans leur oeuvre, laissant les miettes et les scories pour leur journal : c'est vrai d'Hugo, de Claudel, de Tolstoï, D'autres dont l'intelligence l'emporte sur leur génie sculptent leur figure ..

Eh ben, j'aime bien les génies ainsi alors .. Leur journal est autre chose que littéraire, ils y mettent des choses intimes, mais de la à s'en inspirer pour avoir le portrait de l'homme qui a écrit les Misérables, de l'homme qui a écrit le Soulier de satin, de l'homme qui a écrit Anna Karénine, comme l'ont fait exagérément des biographes, c'est pousser un peu loin le bouchon. Cela dit leur aspect foutraque - qui éclaire peu sur leur génie littéraire au sens intrinsèque - laisse échapper des vérités utiles pour connaître l'oeuvre, même si leur oeuvre est irremplaçable de ce point de vue.

Avec une histoire familiale aussi tragique qu'artiste, qui s'est concentrée sur le duo Paul et Camille, ce ne pouvait pas échapper au cinéma tellement tous les sentiments y passent. Paul pour ne pas l'avoir voulu et voir le drame qui se tissait dans son ombre, tétanisé par le sort apocalyptique de sa soeur dont il porte une culpabilité n'en parlera jamais si bien que quand elle fut partie ; une soeur, sa grande soeur, magnifique et géniale sculptrice qui eut Rodin dans son sillage et qui s'éloigna pour toujours dans un silence retentissant, légendaire ..

Au plan littéraire, cette histoire trouve sa quintessence dans le génie de Claudel. Oui Paul Claudel, c'est la plume en or par excellence. Ce journal II montre qu'il était pleinement dans son temps, ses témoignages nourrissent l'histoire si riche et si noire que fut cette période