![]() |
Juste quelques mots pour marquer cette belle découverte. Et oui, je suis un peu en retard, beaucoup m'ont précédé mais mieux vaut tard que jamais... Une terre qui s'éloigne, un bateau, une valise, un homme....un très vieil homme, Monsieur Linh. Philippe Claudel nous livre le récit d'un exil, de tous les exils, la douleur de quitter un pays, de tous les pays en guerre ou pas, la peur et la frayeur devant un monde différent, la découverte d'un pays sans odeur et sans saveur. Depuis son départ, Monsieur Linh serre contre son coeur et son corps son seul trésor, sa fleur de lotus, qu'il espère voir s'épanouir: Sang diû ou Matin doux, sa petite fille rescapée de quelques semaines. Et puis au détour d'une rue, une surprise, une lueur d'espoir: Monsieur Bark débarque ... Un texte court, intense et touchant. Une chute percutante... Un plaisir à lire et à faire partager. |
« […]
Parfois, les grands voyages ne sont pas les plus lointains, et le continent de l'âme humaine et de ce qui s'y joue demeurent les seules terres qui, aujourd'hui encore, recèlent de grands secrets. C'est le bel avantage de la littérature que de plonger à pleines mains, à pleines griffes parfois, à plein coeur souvent dans cet espace sans géographie. Car après tout, les livres sont là pour ouvrir des portes et nous inviter à les franchir.
Pénétrer dans un crâne donc, le crâne d'un homme simple en l'occurrence, Bricou, dont le nom évoque bien tout à la fois la simplicité et la naïveté douce, voilà ce que nous propose le roman d'André Vers (1924-2002) dont le titre, Martel en tête, tape et sonne, intrigue, claque comme un fer dur sur le bec d'une enclume.
[…]
Martel en tête, c'est au fond une histoire simple, qui nous concerne car nous avons tous été, à un moment ou à un autre de notre existence, dans la peau de Bricou : celui qui se sent inutile, perdu, fichu. […]
Les pensées tournent et la machine s'emballe. Il n'y a plus de jour et il n'y a plus de nuit. Bricou s'assombrit. Il remâche. Il rumine, ce qui est le comble pour un vacher. le meilleur des vachers qui plus est, jusqu'à ce que deux bêtes qui lui avaient été confiées meurent, et qu'alors pour lui le monde s'écroule. le sentiment de la faute. Les yeux des autres qui n'ont plus les mêmes éclats. La danse du petit marteau qui commence, quelque part, et qui tape, qui tape, qui tape…
[…] Sans leçon ni effet, André Vers autopsie le corps de l'homme seul en proie à ses propres démons et chimères. […]
André Vers n'était pas un donneur de leçons, ni un pédant. Son roman lui ressemble. Il va loin sans montrer qu'il s'y dirige. Il n'impose pas, il décante. Il enlève délicatement les poussières pour, à la toute fin, tendre le miroir et son éclat. […]
[…] » (Philippe Claudel)
0:00 - 1er extrait
0:23 - 2e extrait
0:54 - 3e extrait
1:43 - 4e extrait
2:00 - Générique
Référence bibliographique :
André Vers, Martel en tête, Éditions finitude, 2006
Image d'illustration :
https://www.finitude.fr/index.php/auteur/andre-vers/
Bande sonore originale : Sergey Cheremisinov - The Promises
The Promises by Sergey Cheremisinov is licensed under an Attribution-NonCommercial 4.0 International License.
Site :
https://freemusicarchive.org/music/Sergey_Cheremisinov/movement-1/the-promises
#AndréVers #MartelEnTête #LittératureFrançaise