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Citations sur Le rapport de Brodeck (448)

Je ne savais pas trop quoi penser. Je ne sais toujours pas trop quoi penser. C’est sans doute cela la grande victoire des camps sur les prisonniers : les uns sont morts, et les autres comme moi qui ont pu en réchapper gardent toujours une part de souillure au fond d’eux-mêmes. Ils ne peuvent plus jamais regarder les autres sans se demander si au fond des regards qu’ils croisent il n’y a pas le désir de traquer, de torturer, de tuer. Nous sommes devenus des proies perpétuelles, des créatures qui, quoi qu’elles fassent, verront toujours le jour qui se lève comme une longue épreuve à surmonter et le soir qui tombe avec un sentiment de curieux soulagement. Il y a en nous les ferments de la déception et de l’intranquillité. Je crois que nous sommes devenus, et jusqu’à notre mort, la mémoire de l’humanité détruite. Nous sommes des plaies qui ne guériront jamais.
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C'est toujours simple après coup de regretter ce qui s'est passé. Ca ne mange pas de pain, et ça permet de se laver à la fois les mains et la mémoire, à grande eau, pour les rendre pures et blanches.
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Vivre, continuer à vivre, c'est peut-être décider que le réel ne l'est pas tout à fait, c'est peut-être choisir une autre réalité lorsque celle que nous avons connue devient un poids insupportable ?
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Mais au fond, mourir d'ignorance ou mourir sous les milliers de pas d'hommes redevenus libres, il n'y a au vrai aucune espèce de différence. On ferme les yeux, et puis il n'y a plus rien. Et la mort n'est jamais difficile. Elle ne réclame ni héros ni esclave. Elle mange ce qu'on lui donne.
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" [...] La guerre... Peut-être les peuples ont-ils besoin de ces cauchemars. Ils saccagent ce qu'ils ont mis des siècles à construire. On détruit ce qu'hier on louait. On autorise ce que l'on interdisait. On favorise ce que jadis on condamnait. La guerre, c'est une grande main qui balaie le monde. C'est le lieu où triomphe le médiocre, le criminel reçoit l'auréole du saint, on se prosterne devant lui, on l'acclame, on l'adule. Faut-il donc que la vie paraisse aux hommes d'une si lugubre monotonie pour qu'ils désirent ainsi le massacre et la ruine? Je les ai vu bondir au bord du gouffre, cheminer sur son arête et regarder avec fascination l'horreur du vide dans lequel s'agitaient les plus viles passions. Détruire! Souiller! Violer! Égorger! Si tu les avais vus..."
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L'homme est ainsi fait qu'il préfère se croire un pur esprit, un faiseur d'idées, de songes, de rêves et de merveilles. Il n'aime pas qu'on lui rappelle qu'il est aussi un être de matières, et que ce qui s'écoule entre ses fesses le constitue autant que ce qui s'agite et germe dans son cerveau.
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Moi, j'ai choisi de vivre et ma punition, c'est ma vie. C'est comme cela que je vois les choses. Ma punition, ce sont toutes les souffrances que j'ai endurées ensuite. C'est "Chien Brodeck". C'est le silence d'Emelia, que parfois j'interprète comme le plus grand des reproches. Ce sont les cauchemars toute les nuits. Et c'est surtout une sensation perpétuelle d'habiter un corps que j'ai volé jadis grâce à quelques gouttes d'eau.
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"_Il est temps d'oublier, Brodeck. Les hommes ont besoin d'oublier."
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C'est tellement étrange une vie d'homme. Une fois qu'on y est précipité, on se demande souvent ce qu'on y fait. C'est peut-être pour cela que certains, un peu plus malins que d'autres, se contentent de pousser seulement un peu la porte, jettent un oeil et, apercevant ce qu'il y a derrière se prennent du désir de la refermer au plus vite.
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Le bois était tout bourdonnant du travail des abeilles et du vol des guêpes, de la frénésie des mouches et des taons qui allaient en tous sens comme pris d'une folie subite. C'était une grande symphonie qui paraissait sourdre du sol et de l'air. Dans le village, je n'avais pas croisé âme qui vive.
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