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sur 3148 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est le deuxième livre que je lis de lui. » Philippe Claudel nous emmène très loin sur les considérations du bien et du mal. le thème n'est pas nouveau, mais la manière dont il est traité ici est redoutable d'efficacité.
Entre l'amour et la mort, la fine frontière est palpable.
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Une ambiance lugubre dans ce village maudit
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Mais alors quelle atmosphère brumeuse et mélancolique dans ce roman rural. Tout au long de ma lecture, je me suis sentie comme une petite souris qui se faufile dans les maisons et espionne tout ce petit monde. le narrateur est un vieux gendarme, le "shérif du coin", déversant ses Confessions, se centrant sur l'Affaire.
Qu'est-ce donc cette Affaire? Ah mes chers lecteurs, vous l'apprendrez bien tôt si vous entrouvrez ce "fait-divers régional" (fictionnel) qui a défrayé la chronique d'un village de province durant l'hiver 1917.
Vous l'aurez compris, cette tragédie se déroule durant la 1ère guerre mondiale. Une période bien sombre qui fait écho avec ce crime sordide.
*
Plutôt que de présenter l'enquête sous une forme classique, l'auteur a préféré nous raconter la vie de ces villageois dans leur quotidien avec leurs faiblesses et leurs vices. Les notables, les soldats déserteurs, les "petites gens", tout le monde y passe. Ni noire, ni blanche, mais grise. Oui, l'âme grise. Une noirceur tapie au fond de chacun, dans d'infinies nuances de gris.
*
Une écriture tellement juste, si imagée que j'ai visualisé les scènes. Il paraît qu'une adaptation en film a été faite, mais je n'en ai pas eu besoin.
Malgré un début un peu lent, je me suis laissée emporter par la voix du narrateur. Je suis passée par de l'incompréhension, au doute, à la peur, à la pitié, à la colère. Mais pas à la quiétude.
*
Noir, sombre, inquiétant, troublant, mais authentique.
Oui, la petite souris a appris, a réfléchi et a mal digéré la fin (émouvant).
Et ce crime qui n'est pas résolu (m'enfin!)
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Belle de jour n'aura vécu que dix ans. En 1917, cette petite fille n'est pas morte à cause de la guerre, non, elle a été assassinée, son corps gelé retrouvé sur la rive d'un petit cours d'eau. Dans le village voisin pas très éloigné du front, tous au cours de l'enquête, les représentants de la justice, juge, procureur, inspecteur, les notables comme les plus modestes, révèlent leur nature profonde. Ni foncièrement bons, ni complètement mauvais, ils dévoilent leurs âmes grises.

Partant de ce qui ressemble à une banale intrigue policière, Philippe Claudel sonde magnifiquement l'âme humaine. Il nous entraîne dans une réflexion sur nous-mêmes, sur notre vérité qui ne serait jamais tout à fait blanche, ni noire.
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Un grand auteur pour un grand roman psychologique sur la noirceur de l'âme humaine.

Philippe Claudel, que j'avais déjà rencontré, dans le rapport de Brodeck, sait trifouiller l'âme humaine et en faire sortir ce qu'on souhaiterait garder caché, comme ces enfants qui enfoncent une paille dans le terrier des grillons. C'est là son grand talent. Son style est clair, concis, vivant.
Il nous parle de gens ordinaires, donc de vous, de moi ; et comme rien de ce qui est humain ne nous est étranger, la noirceur, au mieux la grisaille des âmes qu'il nous fait rencontrer nous fait entrevoir la nôtre propre. Insidieusement et avec force.

Les âmes grises, ce sont les nôtres à nous tous : ni blanches ni noires.
Mais celles que nous introduit ce superbe roman, elles, sont plutôt des âmes gris-foncées.
Des âmes gris-foncées qui évoluent dans un univers où la mort est présente partout : La mort sur le front tout proche, La mort des belles et jeunes épouses, la mort des âmes de deux qui restent, La mort de Belle de jour enfant de 10 ans, celle d'une belle institutrice, celle d'hommes peut-être innocents mais condamnés, celle d'un nouveau-né.
Un peu comme si tout ce qui est beau devait disparaître comme si ce qui ne pouvait survivre n'était que laid, fou, vil, sale, gris ; nous laissant un monde aux mains de petits chefs aux pouvoirs abusifs, infondés, inhumains faisant le lit des âmes incertaines dont la couleur grise ne demande qu'à noircir.

Mais ce monde si gris est bien notre monde. La vie, ses douleurs, ses horreurs, peuvent faire plonger chacun d'entre nous dans les pires turpitudes.

Mais il y a aussi ces carnets dans lesquels notre narrateur confie, comme une résistance, les quelques lumières qui restent, celles qui empêchent son âme déjà trop grise de devenir noire.
Il y a encore ces carnets dans lesquels une femme amoureuse confie sa peur de perdre l'être aimé.

L'homme, toujours, a cette possibilité de trouver un salut, souvent sous une forme artistique, parfois autre, qui lui permet de se sortir, s'il le souhaite, de cette fange.

Là est l'espoir qui nait de ce livre.

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C'est l'histoire d'un homme qui essaie de raconter un assassinat, celui d'une jeune fille appelée Belle de jour, que l'on a retrouvée étranglée au bord de la rivière. Alors on voit apparaître tous les protagonistes de l'Affaire : le procureur, Pierre-Ange Destinat, haute figure locale, le juge Mierck, l'aubergiste Bourrache le père de Belle de jour et toute une série de personnages.
Nous sommes en 1917, la guerre fait rage, on entend résonner les armes, on voit passer les éclopés dans le village pour se rendre à l'hôpital.

L'auteur nous raconte l'Affaire par bribes au fur et à mesure que les souvenirs refont surface dans la mémoire sélective du héros qui est en fait gendarme et participé à l'enquête.

L'histoire avance tel un polar mais c'est beaucoup plus que cela. On assiste à une très belle description de la société au moment de la guerre de 14-18. A l'époque un juge, un procureur, ou un médecin, un curé sont des notables. Les gens les respectent, on ne peut pas les suspecter. La boucherie de la guerre, les jeunes gens qu'on envoie au combat la fleur au fusil, et qui reviendront (s'ils reviennent) tout cabossés.

le juge Mierck trônant sur son siège en ébène et mangeant des oeufs mollets sur la scène de crime. le procureur, qui intrigue car il vit seul dans son château, à proximité du lieu où l'on a trouvé le corps. Il a perdu sa femme alors qu'elle était toute jeune. le juge et lui se détestant cordialement.

Les descriptions du procureur, du juge et de l'aubergiste sont savoureuses. Chacun a ses secrets. Notre gendarme vit dans le culte de sa femme Clémence décédée il y a longtemps dans des conditions tragiques.

Il y a aussi tous les personnages secondaires, telle Lysia, la jeune institutrice qui vient remplacer le maître d'école, pour être près du front où son fiancé affronte l'ennemi, jeune femme pleine de mystère qui attise la curiosité et les sentiments amoureux. Les domestiques du château aussi sont intéressants, notamment Barbe qui cuisine et qui parle avec notre héros.

Chacun a ses secrets dans ce village et les protège jalousement ce qui entretient la suspicion. Qui a bien pu tuer cette jeune fille ? Tout le monde va mener son enquête et chercher en fonction de ce qui l'arrange. le procureur peut faire un bon suspect mais pas un bon coupable. Pourrait-il s'agir de quelqu'un d'étranger au village ?

Il y a le poids des secrets, mais aussi le poids de la parole, car c'est différent si on a une place en vue dans la société ou si on est en bas de l'échelle. Certaines voix sont plus fortes que d'autres et les assourdissent. « Selon que vous serez puissants ou misérables » disait La Fontaine

Au passage, Philippe Claudel nous livre une belle réflexion, sur le temps qui passe, la mort qui fige les êtres perdus dans une éternelle jeunesse alors que celui qui survit, s'enfonce dans le naufrage de la vieillesse. Réflexion sur le courage et la lâcheté et leur frontière parfois si ténue.

Comme le dit si bien l'auteur : « il n'y a que les saints et les anges qui ne se trompent jamais. ».Les âmes ne sont jamais blanches ou noires mais de toutes les nuances de gris. Ce qui donne le beau titre à son livre.

Un livre magnifique encore (prix Renaudot 2003) qui m'engage à poursuivre dans la découverte de l'oeuvre de Philippe Claudel.

Note : 9/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Du noir teinté d'un peu de blanc et la couleur grise peut qualifier l'âme humaine. Voici ce que nous révèle Philippe Claudel dans son ouvrage Les âmes grises qui se déroule lors de la première guerre mondiale dans un village. le ton est donné à la page de couverture : photo aux couleurs sépia d'une fillette au visage sérieux et résigné.
L'auteur, d'une écriture vive et ciselée, nous livre le portrait d'habitants avec pour toile de fond la mort d'une femme et d'une fillette.
Au-delà de la narration, Philippe Claudel pointe la complexité de l'être humain dont l'âme est loin d'être blanche et peut virer au noir.
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J'ai une fois de plus été séduite par l'écriture de Philippe Claudel. Ses livres sont toujours d' une grande profondeur. ici c'est un livre bien sombre pour ces âmes grises. J'ai eu beaucoup de plaisir à lire et découvrir ces âmes si bien décrites mais je suis aussi contente de fermer ce livre pour y voir un peu plus de blanc. Oui, je ne suis pas une grande optimiste mais je pense et m'oblige à penser qu'il existe des âmes moins grises !
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Philippe Claudel est sans conteste un auteur de talent. Son roman "Les âmes grises" reçoit d'ailleurs le prix Renaudot en 2003. Son écriture est franche et poétique. Il semble tisser une toile complexe autour de ses personnages. Il balade le lecteur dans une histoire faite de petits riens et de grands touts.
Tout commence par "L'affaire". Une petite fille est assassinée dans un petit village français. le policier chargé de l'enquête se souvient de tout et aussi du reste. Car contrairement à ce qu'on pourrait penser de prime abord, ce meurtre n'est que secondaire dans cette sombre histoire. Nous sommes en pleine première guerre mondiale. Les combats font rages à la lisière du village. Les gens ont peurs. Les femmes voient leurs maris, fils ou pères partir au front alors que d'autres plus chanceux sont réquisitionnés pour faire tourner l'usine. Monsieur le maire et tous les notables de cette petite bourgade entendent bien continuer leur petit train-train quotidien, espérant ainsi jouir encore longtemps de leurs privilèges.
Alors quand on retrouve le corps de la petite Belle de jour, comme elle était si joliment surnommée, les esprits s'échauffent et les langues se délient pour nourrir les rumeurs. Les rancoeurs et les méchancetés font surfaces. Chacun dans son petit univers avec ses seules besoins et espérances.
La vie au village n'est pas simple.
Philippe Claudel entre dans ce roman dans l'âme sombre des hommes. Il décortique par le biais des différents personnages les travers humains dans son quotidien. En arrière plan, les combats meurtriers de la première guerre mondiale viennent encore assombrir le tableau. On ressent la haine mais aussi la souffrance. Mais on ressent surtout la peur.
Chaque personnage souffre dans son être et consciemment ou inconsciemment fait subir aux autres les conséquences de ses blessures.
Bref, Les âmes grises fait parti de ses histoires simples mais sombres qui nourrissent le coeur du lecteur de mélancolie et de tristesse. C'est un moment de lecture très fort en émotions.

Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
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Imaginez un jour d'hiver froid et pluvieux à la brume persistante . En fonds sonore , la voix éraillée d'un p'tit Miossec , Saez ou autre Raphael , chanteur euphorisant déversant une joie communicative entrecoupée des croassements de rares corbeaux au diapason . Voilà pour le ressenti final des Ames Grises qui m'aura laissé pantois , gavé de tristesse et la gorge sérrée en guise d'adieu...A noter que si les symptomes persistent , Idées Noires de Franquin devrait rapidement y remédier . La bonne nouvelle , c'est que ce médicament est en vente libre et n'a absolument aucun lien de parenté avec les gentils laboratoires Servier ! La mauvaise , remboursement de la sécu proche du QI cumulé de tous ces participants "télé-pas-réalité" en mal de notoriété...Néant...Dommaaaaaage...


A mon humble avis , le meilleur Claudel lu à ce jour ! En meme temps , c'est le premier ;)
La premiere guerre mondiale change la donne familiale faisant des veuves et des orphelins les nouvelles normes . V , petite ville du Nord de la France ( à ne pas confondre avec la série du meme nom magistralement filmée par Spielberg , Raoul Spielberg , réalisateur au style aussi inimitable que ses décors en carton devenus désormais la référence en matiere d'effets spéciaux...) semble en etre le témoin privilégié . L'atmosphere est à l'image de ces canons qui tonnent et rythment désormais le quotidien de ces villageois . Une véritable chappe de plomb s'est abattue sur la ville . Les corps et les ames souffrent , tout comme ces soldats défilant dans la rue principale , qui estropié , qui aveuglé , qui défiguré , qui sauraaaa, qui sauraaa mais je m'égare ! Et pour ajouter à l'horreur désormais quotidienne , le corps sans vie de Belle de Jour , fillette de 10 ans , est retrouvé aux abords d'un petit cours d'eau . le meurtre est avéré . L'enquete peut débuter .

Le narrateur anonyme , alors policier à l'époque des faits , puise dans ses souvenirs les plus douloureux afin de ressusciter tous ces ( ses ) fantomes qui le hantent depuis pres de 20 ans . Forme d'éxutoire au chagrin qui le tenaille , au tourment qui l'étreint et qui sera sien à perpétuité . Peine incompressible ! Un contexte historique tumultueux et une galerie de portraits hétéroclites font de ce récit une véritable étude de moeurs aussi jubilatoire que désespérante . J'avoue avoir batailler ferme pour m'impregner de ce roman qui ne se livre pas si facilement . Cette histoire se mérite et l'effort consenti n'est rien au regard du plaisir ressenti en la terminant .
Claudel instaure magistralement un climat oppressant et malsain . Les protagonistes sont peu nombreux mais présentent tous un dénominateur commun : une terrible affliction . Tristesse d'avoir perdu sa femme , son enfant , son amour , sa foi en l'etre humain . Une galerie de portraits intimiste merveilleusement contée sans jamais faire preuve de voyeurisme . La plume de Claudel est simple , précise , poetique et entrainante comme une ritournelle malgré la teneur du propos . Que l'on soit magistrat , institutrice , policier , aubergiste ou simple soldat , nul ne peut se targuer d'etre à l'abri du malheur . Pas d'antidote au désespoir , pas de remède à l'accablement . L'infortune frappe aveuglément sans se soucier des titres...
Nous sommes tous des ames grises . Certaines tirent plus vers le clair , d'autres vers le foncé . Fort heureusement , peu d'entre elles s'épanouissent dans l'obscurité à l'instar de ce triste sire qu'est le juge Mierck , plus enclin à imposer sa vérité qu'à découvrir la vérité , plus prompt à arreter le coupable idéal que le véritable assassin et ceci afin d'asseoir sa nouvelle réputation , fut-elle cultivée sur le terreau de la malversation , du mensonge et de la torture .

Les Ames Grises , un moment de lecture aussi beau que douloureux .

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Ce roman commence ainsi :
"Je ne sais pas trop par où commencer. C'est bien difficile. Il y a beaucoup de temps parti, que les mots ne reprendront jamais, et les visages aussi, les sourires, les plaies. Mais il faut tout de même que j'essaie de dire. de dire ce qui depuis vingt ans me travaille le coeur. Les remords et les grandes questions. Il faut que j'ouvre au couteau le mystère comme un ventre, et que j'y plonge à pleines mains, même si rien ne changera rien à rien. "


Un vieil homme, policier à la retraite, s'entête à noircir les pages de cahiers d'écolier. Il veut comprendre ce qu'il s'est passé ce jour glacial de 1917, dans sa petite ville du nord-est de la France. «L'affaire», ainsi nomme-t-il le crime non élucidé de la fille de l'aubergiste, surnommée «Belle de jour» tant elle était jolie. Pas loin de là, la guerre se déchaînait, fracassait des pelletées de corps. D'où lui vient, vingt ans après, cette hantise à résoudre une enquête dont on l'avait pourtant déchargé? Pourquoi user ce qu'il lui reste de souffle à fouiller dans les plis secrets de l'affaire? Ce mystère rôde autour de Pierre-Ange Destinat, qui pendant trente ans exerça le métier de procureur sans états d'âme. Non pas cruauté de sa part mais détachement. Comment un tel homme a-t-il pu étrangler la petite Belle de jour? le juge Mierk, accompagné du colonel Matziev à qui il avait confié l'enquête, compères en goinfreries et corruption, lui ont préféré d'autres coupables, deux gamins de dix-huit ans qui auraient fui le champ de bataille d'à côté, des déserteurs, autant dire des condamnés à mort.

Je vous laisse découvrir la suite de cet univers feutré, de plus en plus opaque au fil des pages ...

Un très bon roman, " noir, très noir " certes, mais tellement beau !
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