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Critique de AMR_La_Pirate


J'avais cette lecture en train depuis un moment, je la posais et la reprennais sans en venir à bout… Lettres à Ysé de Paul Claudel.
Je n'ai pas une grande expérience des correspondances… J'en lis peu. Ici, il ne s'agit pas d'un échange de lettres, mais de lettres à…, une correspondance presque à sens unique donc.

Gallimard présente ce livre comme un apport inestimable sur la biographie de Paul Claudel
Je ne connais pas bien l'oeuvre de cet écrivain, dramaturge ; je n'ai pas de souvenir d'études de textes le concernant. Certes, je peux citer de mémoires le Soulier de Satin, L'Annonce faite à Marie… mais guères plus, c'est dire... Je suis plus à l'aise avec sa soeur Camille, la sculptrice au destin tragique, internée à la demande de son frère, d'où sans doute, une certaine antipathie de ma part vis-à-vis de cet auteur.
J'ignorais même que cet homme de lettres avait été diplomate, vice-consul, consul et ambassadeur, menant les deux carrières de front et voyageant donc beaucoup, aux États-Unis, en Extrême Orient, en Tchécoslovaquie, en Allemagne, en Italie, en Belgique, en Amérique du Sud, au Japon…
Mon cher Lagarde et Michard, vers qui je reviens souvent quand je recherche une précision sur un auteur, ne parle pas beaucoup des amours de Paul Claudel, à peine quelques lignes pour évoquer sa relation avec une femme polonaise… Ce dernier a rencontré Rosalie Vetch lors d'un voyage en Chine. Elle est mariée, mère de quatre enfants, mais lui pas encore. Avec Rosalie, il aura une fille « naturelle », Louise, née en 1905.

Ce livre couvre environ un demi-siècle, de 1900 à 1951, de la rencontre entre Paul et Rosalie, jusqu'à la mort de cette dernière. Elle aura été son inspiratrice et sa muse notamment pour le Partage de midi et le soulier de Satin.
Le titre donné à ce recueil, Lettres à Ysé, renvoie au personnage principal du Partage de midi, publié de manière confidentielle en 1906, mais connu du public seulement à partir de 1948. Ysé y est le symbole de la femme fatale et interdite, maléfique et initiatrice. La pièce raconte la rencontre de deux amants, la fuite de la femme et de leur enfant avec un autre homme ; s'ensuivent des péripéties à l'issue desquelles tous les personnages meurent, les deux amants étant enfin réunis au-delà de la mort dans « la transfiguration de midi ».
Quand Paul tombe amoureux de Rosalie, il a 32 ans et envisageait d'entrer dans les ordres. Quand elle comprend que, si elle divorce, il ne l'épousera jamais vu qu'il considère le mariage comme un sacrement indéfectible, hypocrisie religieuse oblige, elle le quitte alors qu'elle est enceinte de lui. Sans plus de nouvelles d'elle, profondément malheureux, Paul se marie de son côté et aura cinq enfants. Treize ans plus tard, Rosalie donne enfin signe de vie et les échanges de lettres ne cesseront plus qu'à sa mort.
De cette correspondance, il subsiste peu de lettres de Rosalie car Paul les a presque toutes détruites, sans doute pour que son épouse ne les trouve pas…

J'ai été frappée, souvent par le ton de reproche, les plaintes de l'homme abandonné, mais pas vraiment émue. Si Paul met son amour pour sa Rosie au-dessus de tout, j'ai du mal à le suivre dans son délire égocentrique… Amour impossible à cause des convenances et largement incompris par les contemporains, certes, dans une société où le divorce n'est pas vraiment entré dans les moeurs : Rosalie devient celle qui, en s'éloignant, sauve Paul D une passion coupable.
Les lettres de Paul magnifient la souffrance, les souvenirs, s'inscrivent dans un nouveau degré relationnel… Mais il alterne aussi le chaud et le froid, les promesses et les appels à se retrouver, les réflexions piquantes, les remarques véhémentes. Il suit de loin l'éducation de sa fille. Au seuil de l'intime, se dévoile un homme complexe, amoureux, autoritaire, pris dans ses responsabilités diplomatiques, ses états d'âmes de créateur, ses ambivalences, son rapport à Dieu, ses difficultés conjugales, ses calculs financiers…
Les lettres donnent à lire énormément de détails, des descriptions… que j'avoue avoir un peu survolés. J'ai pu apprécier cependant le mélange des tonalités, familières (« mon amour adoré et grosse gourde »), factuelles, lyriques…

Voilà un livre qui s'adresse aux inconditionnels de Paul Claudel dont je ne fais pas partie.
Je ne saurais pas expliquer pourquoi je me suis imposé cette lecture… Par curiosité, persévérance, pêché par excès studieux ?!

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