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EAN : 9782234073258
224 pages
Stock (12/09/2012)
3.76/5   270 notes
Résumé :
En dressant l'inventaire des parfums qui nous émeuvent - ce que j'ai fait pour moi, ce que chacun peut faire pour lui-même -, on voyage librement dans une vie. Le bagage est léger. On respire et on se laisse aller. Le temps n'existe plus : car c'est aussi cela la magie des parfums que de nous retirer du courant qui nous emporte, et nous donner l'illusion que nous sommes toujours ce que nous avons été, ou que nous fûmes ce que nous nous apprêtons à être. Alors la têt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (83) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 270 notes
Ma Lorraine, ma terre, mes parfums, je le sais maintenant, je les partage avec d'autres et notamment Philippe Claudel.
J'ai achevé la lecture de cet ouvrage depuis quelques mois déjà mais j'ai attendu pour voir ce qui allait se déposer dans ma mémoire, je ne suis pas déçue.
Hugo le disait, la mémoire olfactive est la plus fidèle de toutes. Quand un parfum est entré dans votre narine et surtout s'il est accompagné d'une charge affective importante, il reste à jamais gravé dans votre tête.
Philippe Claudel égrène les parfums comme un canevas de souvenirs et nous livre un portrait intime très émouvant.
Il parlera encore plus à ceux qui dans l'enfance ont humé dans la cave les parfums de mirabelle. le parfum de ces petites prunes dorées est si puissant qu'il hante encore les lieux alors que nous n'en stockions plus depuis des années!
Il résonnera dans le coeur de ceux qui se souviennent avoir humé les vêtements de l'être cher, trop tôt disparu en cherchant des mois après le parfum et la douce chaleur de son corps.
Le parfum ne rime heureusement pas qu'avec la mélancolie et la recherche d'un paradis perdu: il peut être renaissance du désir,de la sexualité et de la vie.
Les odeurs nous renvoient à tout, à la vie, au plaisir et à la mort.
Merci à Philippe Claudel qui nous donne preuve en est que les hommes ne sont pas que des visuels, ils sont comme les femmes doués d'une grande sensualité!
Un livre que j'aurai plaisir à revisiter!
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Philippe Claudel nous présente de courts textes classés par ordre alphabétique. Un classement très pratique dans mon cas, pour retrouver un extrait qu'on désire relire.
Passé ce petit détail technique, nous entrons dans les souvenirs de l'auteur, certains liés à son enfance en Lorraine près de Nancy, d'autres en tant qu'adolescent, jeune adulte et enfin des souvenirs plus proches.
Une grande poésie se dégage de l'écriture, une sensibilité, un ton juste, une écriture précise et ciselée avec de très beaux mots pour décrire les ambiances, les parfums liés au thème choisi.
Son âge n'est pas loin du mien, je peux donc, à travers des mots, visualiser des objets que j'ai connus, des ambiances de villages pleins de vie , sentir des odeurs que j'ai emmagasinés dans ma mémoire.
J'avais le livre depuis sa sortie en 2012 avec comme très belle couverture - jaquette, une partie du tableau de Klimt," les trois âges de la femme " dont il parle dans son texte "Enfant".
Je relis souvent mes textes préférés :
- Ail où le couteau de sa grand-mère le fait partir vers l'image du lapin qu'on tue et déshabille. L'image se dessine très précisément dans ma tête.
- le brouillard qui lui permet de rentrer au plus profond de lui-même.
- La cannelle qui nous donne cette bonne recette de vin chaud dont je me souviens quand j'en prépare.
- Dans La cave, il aborde le sujet de l'électricité que les personnes âgées n'allumaient que lorsqu'on n'y voyait presque plus rien. Un souvenir partagé chez une de mes grands-mères qui adorait papoter dans la pénombre avec ses visiteurs. On lui rappelait alors qu'il était peut-être nécessaire d'allumer.
- L'Église qui lui donne l'occasion de nous fournir des réflexions savoureuses.
- l'' École qui nous fait sentir l'ancienne odeur de la colle qui sentait l'amande...
...et bien d'autres souvenirs que j'ai partagés avec l'auteur ou d'autres textes sur des évènements, des sentiments , des ressentis que j'ai découverts .
Un livre qui ne se range jamais définitivement.


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Philippe Claudel nous propose une infinité de voyages qui commencent au seuil des narines et qui remontent le temps et les souvenirs. Son abécédaire olfactif se compose de madeleines de Proust délicates, robustes, répugnantes ou éthérées. Qu'il parle d'ail, d'ombellifère ou de gymnase, ses descriptions sensitives sont des hommages au passé. S'il a classé les parfums de son laboratoire personnel par ordre alphabétique, l'auteur ne suit par d'ordre chronologique. On saute de ses questionnements d'adolescents à ses chagrins et ses bonheurs d'enfants pour mieux revenir aux évidences de son présent ou de son passé immédiat.

Sous la plume de l'auteur, les odeurs vêtent leurs plus beaux atours. Les nuages qui frôlent le sol se parent d'impressionnisme : « Extracteur à froid de parfums suspendus et potentiels, le brouillard sabote le paysage quotidien pour le donner à voir et à sentir autrement. » (p. 36) Pendant ce temps, l'essence de la mort est plus métaphysique que jamais : « Depuis cet instant, je sais que la mort a un parfum d'éther. Et je ne cesse de m'entraîner en vue d'une apnée infinie. » (p. 98) Et comment ne pas balbutier d'émotion devant l'intense lyrisme qui entoure les odeurs du réveil ? le Cantique des cantiques est transfiguré dans cet entre-deux qui sépare le sommeil de la veille : « Avant que mon aimée n'ouvre les yeux, avant même qu'elle ne me voie, qu'elle ne me sourie, ce que je veux étreindre en respirant sa peau et sa chevelure, c'est notre présence commune qui fait de ce réveil le recommencement de notre amour, l'aube ressuscitée d'une durable harmonie. » (p. 172 & 173)

Comme un alchimiste, Philippe Claudel manipule les essences : il mélange fragrances et puanteurs dans un alambic superbe qui exhale des souvenirs puissants. Il est un chimiste audacieux qui convoque un fromage agressif à côté d'un suave acacia. Parfois épicurien mélancolique, voire nostalgique, il devient jouisseur gourmand et curieux et plonge à plein nez dans les odeurs qui ont marqué sa vie. Dans cet inventaire à la Claudel, nul doute que vous trouverez aussi des parfums familiers.

Faut-il que je vous redise à quel point je suis sensible à la plume de Philippe Claudel ? À mon sens, il est un des plus grands auteurs du 21è siècle, celui que je convoque dès que je doute du futur de la littérature. Pour comprendre et déguster Parfums¸ replongez dans le rapport de Brodeck où les odeurs de la terre sont plus pures que les émanations des hommes ou visitez Meuse l'oubli pour comprendre le parfum de victoire de l'amour face à la mort. Parfums n'est pas un roman : c'est un subtil recueil d'évanescence, une palette d'impalpable.
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C'est un véritable coup de coeur que j'ai eu tout récemment pour l'écriture si particulière de Philippe Claudel en découvrant son roman Les Âmes Grises. C'est donc avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongé dans son Parfums.

L'auteur nous livre ici des petits instantanés du passé, couchés sur le papier comme pour mieux les graver à tout jamais. Ces courts textes sont comme un hymne à la mémoire, une célébration intime de petits riens. Qu'y a-t-il de plus doux que de se replonger dans ses pensées et de se laisser emporter par les parfums rassurants du passé ?

Non, ce n'était pas mieux avant mais cet avant porte en lui la patine du temps. le temps qui adoucit et embellie les souvenirs. le temps qui atténue le plus souvent la douleur.

Parfums fleure bon la nostalgie des petits instants d'antan, de leurs souvenirs aux effluves multiples et pluriels. Humer le parfum d'une femme, de son cou, de son sexe, respirer l'odeur d'une pièce humide, d'un vêtement oublié ou s'enivrer des arômes d'épices d'Orient et replonger dans l'avant.

Voir ressurgir des images qu'on croyait oubliées, retrouver nos regrettés disparus, c'est à tout ça et bien plus encore que nous convie l'auteur. Parfums d'autrefois aux délicates saveurs de l'enfance, parfums de vies, parfums de la vie, parfums du passé, parfums d'éternité... Essences et réminiscences…

Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ce passage qui évoque si subtilement le munster, fromage généreux en odeur s'il en est : « le respirer le condamne, le gouter l'amnistie. Derrière ses allures de Quasimodo, de vilain canard ou de galeux, c'est un Prince qui pour apparaitre attend qu'on veuille bien l'apprécier. On se trompe si souvent sur les fromages ou sur les êtres. » Que dire de plus après ça ?

Ouvrez ce livre, caressez-en les mots du regard, humez-les et délectez-vous de ces soixante-trois savoureuses petites madeleines.



Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Ce ne sont pas des nouvelles, plutôt des textes très courts dédiés à l'odorat, aux souvenirs liés aux parfums, quels qu'ils soient : acacia, cannelle, chou, draps frais, église, maison d'enfance, pissotières, sexe féminin, torréfaction, vieillesse... Philippe Claudel nous fait voyager dans ses souvenirs les plus intimes grâce à ces petits textes élégants, ciselés, rédigés de main de maître. Ces textes sont des petits bijoux, des friandises. Cependant, j'ai un faible pour les romans de l'auteur où il s'exprime plus amplement sans être contraint par la longueur du récit. Ainsi, aucun texte de Philippe Claudel, n'a pu égaler jusqu'à présent mes lectures de "Les âmes grises" ou "Le café de l'Excelsior", question de goût, de sensibilité de lectrice... Mais Philippe Claudel reste pour moi Un Maître, un immense auteur contemporain.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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critiques presse (1)
LePoint
13 septembre 2012
Dans tous ses états, le nez de Claudel joue au romancier. Et à ce jeu, il excelle. Il décrit l'indescriptible, le minuscule, l'imperceptible, avec une fluidité déconcertante, il cherche le bon mot et parfois même la rime, il s'amuse, pense, se souvient, respire le monde avec envie, et nous enchante.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (130) Voir plus Ajouter une citation
Laisse moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.

(Charles Baudelaire)
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Fleurs d'acacia aux odeurs de miel et de primevères, bourdonnant d'abeilles qui, pareilles à des silènes minuscules et velus, s'enivrent et titubent dans l'air doux. Nous autres, petits humains, cherchons sur les plus basses branches les grappes lourdes au teint de crème pâle. Nous les cueillons, ignorant nos blessures aux doigts et aux poignets, et notre sang qui perle signe notre courage. Je serre les jeunes mortes dans un linge et reviens à la maison, pédalant à m'en casser les jambes. Je passe devant les abattoirs endormis où les boeufs écorchés, pendus à leur crochet dans les chambres froides, méditent sur leur bref destin. Ma mère a battu la pâte. Nous y plongeons les grappes qui s'alourdissent d'une lave blonde. Alors, très vite, il faut les immoler dans l'huile bouillante afin que leur arôme profond ne meure pas mais s'emprisonne sous la croûte mince. Dorée.
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M'endormir seul n'a jamais été mon plaisir. Même enfant me manque un autre corps. Sa chaleur, sa puissance, sa douceur, son souffle tiède et les battements de son coeur. L'endormissement souvent me fait craindre le pire, qui n'est pas la mort mais l'abandon, la solitude interminable.
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La guitare moelleuse de Mark Knopfler accompagne les fumées qui montent au ciel. Si je ne suis pas pratiquant, j'inhale une telle quantité de cannabis dont le parfum de tisane, d'herbe morte, de feu de friches, de médecine naturelle et de bois sec me ravit, que je n'en sors pas indemne. Le monde se met à ressembler à un univers de montres molles. Les meubles deviennent élastiques et se mêlent aux discussions. Les lumières dansent tout comme Nanou qui, debout sur la table basse, tient absolument à nous montrer ses seins. Le kilim qui masque le parquet veuf de nombreuses lattes ondule à la façon de l'échine d'un souple animal
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Vieillesse
- mon père n'a jamais manifesté aucune forme de tendresse - rattrapons le temps perdu. J'aime le prendre dans mes bras quand je viens le visiter ou quand je le quitte, et je fais durer ce moment. Son corps est devenu fragile et maigre. Les os de ses épaules sont tout proches, là où jadis muscles et graisse formaient de grandes masses compactes. Je le serre contre moi. Je l'embrasse plusieurs fois. J'ai l'impression émouvante d'étreindre et de respirer un très vieil enfant.
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Connaissez-vous ce grand roman sur l'indicible mais aussi sur l'autre, sur l'étranger, que l'on doit à un écrivain contemporain et qui reçut le prix Goncourt des Lycéens ?
« le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel, c'est à lire au Livre de poche.
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