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Gérald Antoine (Autre)
EAN : 9782070388851
320 pages
Gallimard (06/09/1994)
3.47/5   137 notes
Résumé :
Cette édition constitue une événement. La pièce, qui date de 1906, est le chef-d'œuvre de Claudel. Il y a enclos, dans un style brûlant et poétique, mariage de Shakespeare et de Rimbaud, le bonheur et le drame de sa vie. Ysé a abandonné son mari pour vivre avec Mesa ; elle quitte ce dernier pour un troisième homme qui ne la comble pas. Les deux protagonistes sont liés l'un à l'autre. L'homme, épris d'absolu et de Dieu, ne peut ni être satisfait par la femme ni s'en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Oh ! Ooh ! Oh oh oh ! Je ne sais comment m'y prendre pour parler de cette pièce qui demanderait au minimum deux lectures, facilement trois. J'avais demandé que pour les derniers niveaux du challenge Théâtre on nous propose des auteurs un peu moins accessibles que les autres, et j'avais également, de façon fort irréfléchie, lancé le nom de Claudel en passant. Eh bien, pour quelqu'un qui n'avait jamais lu Claudel, et qui aurait sûrement attendu longtemps avant de le lire s'il n'y avait eu ce petit coup de pouce pour m'y pousser, je confirme que l'auteur n'est pas facilement accessible et que j'en ai chié (qu'on ne s'y trompe pas, je ne me réfère pas pour autant à la métaphore de la défécation de Valère Novarina, que je trouve... grotesque).


Et c'est une souffrance (une souffrance et un plaisir ? Non, essentiellement une souffrance) que d'avoir eu à réfléchir à cette critique, et à présent de l'écrire. Souffrance, c'est d'ailleurs bien le terme qui convient à cette pièce qui met en scène trois hommes et une femme sur un bateau en partance pour la Chine. Ysé est au centre de l'attention des trois hommes ; elle a été la maîtresse d'Amalric, qu'elle n'a pas aimé, est mariée à de Ciz, qu'elle n'aime pas, et elle est attirée, de façon réciproque, par Misa. le premier acte ne m'a vraiment intéressée que lorsque Misa et Ysé se retrouvent face à face, pour se dire que leur amour est impossible, interdit puisqu'adultère - bien que l'interdit soit surtout problématique pour Misa. Ellipse temporelle. En Chine, on retrouve Ysé et Misa qui s'avouent ouvertement, cette fois, leur amour réciproque et décident de consommer leur relation. Nouvelle ellipse. Toujours en Chine, en pleine insurrection, Ysé vit alors avec Amalric et l'enfant qu'elle a eu de Misa. Ils s'apprêtent à mourir à l'aide d'un dispositif d'explosifs, mais l'arrivée inopinée de Misa, détenteur d'un passe qui leur permettrait, à Ysé, l'enfant et lui-même, d'échapper à la vindicte de la population chinoise. Mais le roué Amalric subtilise le passe à Misa après l'avoir blessé pour s'enfuir avec Ysé. Pourtant, Ysé reviendra alors auprès de Misa pour mourir avec lui.


Claudel s'est inspiré de sa vie amoureuse et de sa relation avec Rosa Vecht, rencontrée sur un bateau qui allait en Chine. Si le personnage d'Ysé doit à Rosa Vecht, celui de Misa doit encore plus à Paul Claudel lui-même, surtout lorsqu'on sait qu'avant cette rencontre, il avait pensé sérieusement à entrer dans les ordres. Depuis longtemps, pour Claudel, la révélation spirituelle (qui prend chez lui la forme du catholicisme) s'était combinée à la révélation littéraire. Dans Partage de midi, l'autobiographie s'en mêle également pour nourrir une oeuvre où l'homme est la femme sont sans cesse confrontés, où l'aspiration au spirituel est contrarié par le désir charnel, où l'amour divin et l'amour humain entrent en conflit par le biais du personnage de Misa. Mais Ysé elle-même est contradictoire, à la fois pleine de vie et lasse de vivre, aspirant à quelque chose qu'elle ne nomme pas et qui reste assez vague pour le lecteur, jusqu'à cette union finale qui réconcilie le profane et le sacré, l'humain et le divin, et dépasse même tous les conflits intérieurs, toutes les souffrances qu'ont pu endurer les personnages, pour leur permettre d'accéder à un apaisement clairement d'origine divine (Claudel n'était pas catholique pour rien).


Je me vois écrire cette critique (nous appellerons ça de la métacritique, histoire d'en jeter), et je me dis que raconté comme ça, ça a l'air génial et que tout le monde va penser que j'ai adoré la pièce - alors que j'ai parfois peine à faire comprendre que j'aime les pièces de Maeterlinck. Pas du tout ! J'ai eu beaucoup de mal avec le style de Claudel, et si ce n'a pas été un mur entre sa pièce et moi, ça a clairement rendu ma lecture peu aisée. Les versets de Claudel, c'est quelque chose de très à part, qu'on ne retrouve guère que dans la poésie, avec une prosodie marquée par des césures dont je n'ai pas réussi à percer les arcanes. Et puis ce passage de dialogues vaguement naturels à des passages ultra-lyriques, le lyrisme en lui-même... Ben j'ai eu du mal, quoi. Donc bon, je pourrais chanter les louanges de Claudel et de Partage de midi, mais ce serait un tantinet hypocrite, vu que, oui, ça été une souffrance (supportable, certes) de lire cette pièce. le plaisir n'est venu qu'ensuite, quand je me suis posée pour réfléchir à cette satanée critique que j'allais devoir pondre pour le challenge.


Je ne suis donc pas la mieux placée pour analyser la beauté et la profondeur du texte. Néanmoins, c'est une découverte qui, après réflexion, vaut le coup à mes yeux, et cela même si j'en appréhendais la lecture après avoir abandonné L'Échange du même Paul Claudel. C'est donc au final une souffrance et un plaisir, pour paraphraser un réalisateur français (oui, j'avais déjà utilisé cette référence, il est temps que je me renouvelle !)

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Ecrit rapidement d'après les dires de l'auteur en 1905, le texte de cette pièce paraît pour la première fois en 1906 à compte d'auteur. Mais Claudel va refuser jusqu'en 1948 que la pièce soit portée sur la scène. Ce n'est qu'à cette date qu'il autorisera Jean-Louis Barrault avec qui il entretenait des liens privilégiés, à mettre en scène la pièce dans laquelle Barrault jouera également le rôle de Mesa.

Il faut dire que d'après Claudel lui-même, cette pièce est l'histoire un peu arrangée de l'aventure amoureuse qu'il a vécue de 1900 à 1905 avec Rosalie Ścibor-Rylska. Ils se sont rencontré sur un bateau qui les amenait en Chine en 1900. Elle est mariée à Francis Vetch avec qui elle a quatre fils. Malgré ce mari qui s'éclipse, elle va devenir la maîtresse de Claudel dont elle va partager la vie, habitant même avec ses enfants au consulat, ce qui finira par devenir scandaleux. Elle va disparaître en 1904, enceinte de Claudel. Elle ne donnera de ses nouvelles qu'en 1917, ils se retrouveront en 1920. Malgré le mariage qu'il a contracté entre temps, et les enfants qui en sont issus, il continuera à lui vouer, ainsi qu'à leur fille Louise, un attachement très fort jusqu'à sa mort et elle sera une grande source d'inspiration pour son oeuvre.

La pièce commence sur un bateau en route vers la Chine. Une femme, Ysé et trois hommes qui d'une façon ou d'une autre sont les hommes de sa vie : son mari, de Ciz, Amalric, un homme qu'elle a connu avant son mariage avec qui elle a vécu une histoire d'amour qui n'est pas forcément terminée, et enfin Mesa, qu'elle vient de rencontrer et avec qui une relation privilégiée est en train de se nouer.

Au deuxième acte, de Ciz est sur le point de partir pour une durée indéterminée dans une expédition risquée. Ysé essaie de le retenir, mais il est décidé. Survient Mesa, Ysé lui demande de conforter de Ciz dans son intention de partir. Ce que Mesa fait sans en avoir l'air. L'histoire d'amour peut commencer.

Au troisième acte, le décor change. Ysé et Amalric, avec qui elle vit à présent, même si elle a donné naissance à l'enfant de Mesa qui est avec eux, sont au coeur d'un soulèvement autochtone. Amalric a l'intention de faire sauter la maison plutôt que d'être pris. Survient Mesa qui veut décider Ysé à partir avec lui en amenant son enfant, il a un sauf-conduit. Elle refuse. Mais elle va revenir vers Mesa blessé pour mourir avec lui.

Après un premier acte réaliste, la rencontre des personnages sur le bateau, avec l'évocation des rituels de ce type de voyages, des situations concrètes, la pièce s'oriente dans le deuxième et encore plus le troisième acte, vers autre chose, une aventure symbolique et mystique, jusqu'à a fin dans laquelle nous assistons à une sorte de mariage, de rituel à la fois profane et sacré, où le sacrifice final permet d'une certaine façon de sanctifier et d'effacer le poids du pêché, par lequel les amants se purifient et se rejoignent dans et pour l'éternité. le trivial et les souillures de la vie se lavent dans le sang du martyre, permettant aux personnages de se rejoindre dans un monde héroïque. le désir charnel du début de la pièce se transforme en un amour qui touche au divin, qui est en quelque sorte un pont pour atteindre l'au-delà, la transcendance. L'union des deux amants leur permettant de se sauver conjointement dans la mort partagée.

C'est une proposition littéraire forte et personnelle, à laquelle on peut ou ne pas adhérer. La langue somptueuse de Claudel, ses métaphores poétiques, son mysticisme, peuvent aussi bien séduire que rebuter. Cette vision des relations amoureuses, comme une porte vers un autre monde divin, comme si le monde des hommes ne suffisait pas, peut aussi apparaître comme une fuite de la réalité. Mais si on arrive à s'immerger dans le rythme des mots, dans la cascade d'images, c'est un magnifique voyage dans une sorte d'univers parallèle, peut-être juste celui de la poésie.
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En lisant cette pièce je sentais bizarrement la même émotion que j'avais lors de la lecture de Péguy ! Le divin et le verset sont les points communs peut-être.

Quatre personnages seulement, une femme et trois hommes (ça nous rappelle le soleil se lève aussi, un voyage dans un lieu étranger et une femme qui est avec trois hommes).

Un excellent texte sur le conflit entre la chair et l'esprit, le religieux et le profane, l'amour divin et l'amour interdit.

Le point fort de ce drame n'est sans doute pas l'intrigue, ni les personnages (qui nous sont vraiment étrangers, loin!) mais le style de Claudel; son fameux verset sublime. On savoure les longs dialogues surtout au dernier acte.

Une pièce à lire même si l'on ne sympathise pas beaucoup avec le respectueux Claudel.
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Pour ma première rencontre avec le verset claudélien, j'ai beaucoup apprécié l'écriture de cette pièce. Il y a des passages magnifiques.
J'ai eu plus de mal avec l'histoire, les trois actes me semblant un peu trop éloignés, peut-être parce que je suis plus habituée à l'unité de temps et de lieu dans le théâtre classique.
Quant aux personnages, je n'ai pas trouvé Ysé très attachante, à la différence de Mésa qui est plus touchant.
Au final, un bilan mitigé, mais qui me donne envie de poursuivre la découverte de l'oeuvre de Paul Claudel.
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Il s'agit là d'une oeuvre autobiographique. La rencontre d'une femme mariée, la réponse qu'elle donne à son appel, à un moment où Dieu, qu'il interrogeait sur sa vocation monastique, s'est tu ; leur liaison tumultueuse, leur séparation, la naissance de l'enfant bâtard : ces épisodes concernent, bien évidemment, les protagonistes Mesa et Ysé.
Les héros du drame prendront des routes divergentes. le thème ici, c'est moins le débat entre l'adultère et le devoir, ou encore entre la Loi ou la Grâce, qu'une nouvelle naissance que les deux amants se sont données l'un à l'autre, que Dieu aussi leur donnera par la « transfiguration de Midi ».
Avec « Partage de midi » on a le sentiment que Paul Claudel réécrit sa propre vie.
Mais, c'est à partir de cette oeuvre que le thème du sacrifice devient dominant chez lui et, notamment, dans « le Soulier de satin ».
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
MESA : Qu'est-ce que vous lisez là qui est défait et déplumé comme un livre d'amour ?
YSÉ : Un livre d'amour.
MESA : Page 250. Vous avez eu raison de l'éplucher de ses feuilles extérieures.
Le difficile est de finir, c'est toujours la même chose,
La mort ou la sage-femme.
YSÉ : C'est toujours trop long. Un écrit d'amour, cela devrait être si soudain
Qu'une fleur, par exemple, un parfum, vous voyez bien que l'on a tout eu, qu'on a tout, que l'on
aspire tout
D'un seul trait, que cela vous fit faire ah ! seulement ;
Un parfum si droit, si prompt que cela vous fit
Sourire seulement, un petit peu : ah ! et voilà que l'on est parti !
MESA : Ce n'est pas une fleur que l'on respire.
YSÉ : L'amour ? Nous parlions d'un livre. Mais l'amour même,
Ça, je ne sais ce que c'est.
MESA : Eh bien, ni moi non plus. Cependant je puis comprendre...
YSÉ : Il ne faut pas comprendre, mon pauvre monsieur !
Il faut perdre connaissance.
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Adieu ! je t'ai vue pour la dernière fois!
Par quelles routes longues, pénibles,
Distants encore que ne cessant de peser
L'un sur l'autre, allons-nous
Mener nos âmes en travail ?
Souviens-toi, souviens-toi du signe !
Et le mien, ce n'est pas de vains cheveux dans la
tempête, et le petit mouchoir un moment,
Mais, tous voiles dissipés, moi-même, la forte
flamme fulminante, le grand mâle dans la gloire de Dieu,
L'homme dans la splendeur de l'août, l'Esprit
vainqueur dans la transfiguration de Midi !
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MESA. Il n'y a pas moyen de vous donner mon âme, Ysé.
C'est pourquoi je me suis tourné d'un autre côté.
Et maintenant, pourquoi est-ce que vous venez me déranger ? pourquoi est-ce que vous venez me rechercher ? Cela est cruel.
Pourquoi est-ce que je vous ai rencontrée ? Et voici que, faisant attention à moi,
Vous tournez vers moi votre aimable visage. Il est trop tard !

Acte I
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Quand il me regarde d'une certaine façon, j'ai honte.
Quand il me regarde de ses grands yeux aux longs cils (il a des yeux de femme tout à fait),
De ses grands yeux glauques (on ne peut rien voir dans ses yeux),
Le coeur me tourne, ah, j'ai plutôt fait de lui laisser faire ce qu'il veut. J'ai essayé, je ne puis lui résister (elle rit silencieusement) pas.
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Le difficile est de finir. C'est toujours la même chose, la mort ou la sage-femme. Il faut lire dans les deux directions à la fois.
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Vidéo de Paul Claudel
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
+ Lire la suite
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