Je me souviens d'un film italien de 1977 « Padre Patrone ». Il décrivait l'expérience d'un berger sarde, totalement coupé de la civilisation urbaine et demeuré analphabète jusqu'à l'âge du service militaire. Surtout, il montrait le personnage du père, d'une dureté, d'un silence, d'une animalité (non, les animaux sont moins « bestiaux ») inimaginable.
Sans aller jusque-là, nous avons oublié que dans certaines campagnes, pas toujours si reculées, et il n'y a pas si longtemps, des modèles s'en rapprochant existaient. Pas de tendresse, pas de complicité, pas de joie… les cris, le travail, l'obéissance, c'est tout. « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » nous chantait Léo Ferret sur un poème de
Louis Aragon.
Peut-on juger d'un tel comportement ? L'auteur n'a-t-il, peut-être, lui-même, jamais connu autre chose. N'est-ce pas pourtant parce qu'on l'accepte qu'il se perpétue ? Mais est-ce si facile de se libérer ? Il n'y a pas de juste milieu : il faut soit se rebeller, soit se soumettre. Pauvre Emilie Farond, si fragile et si incroyablement forte en même temps.
L'écriture de
Monique Anne Clausse est étonnante d'authenticité, de simplicité, de poésie, de crudité. Confinant au portrait ethnologique, elle m'a fait penser aux contes régionaux d'antan que je lisais, enfant avec délices.
Lisez cette histoire. Pour comprendre le poids des mots. Pour comprendre le poids du silence. Pour croire que la résilience est possible. Bravo
Monique Anne Clausse.