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Critique de Lucilou


Ces temps-ci, mon penchant pour les romans historiques et d'aventures refait surface, mes envies de grand large et de tumulte aussi. En fervente adepte des aventures de "L'Epervier" contées avec brio par le sieur Patrice Pellerin et en amoureuse presque transie de Yann de Kermeur, je ne pouvais qu'être tentée par la saga des "Aventures de Gilles Belmonte" signée Fabien Clauw.
Pensez-vous, tous les ingrédients y sont, semble t-il, réunis: la France du Directoire encore exsangue et traumatisée par des années de terreur mais si jeune aussi et pleine d'énergie; de fières frégates prêtes à fendre les flots et à en découdre avec ceux de la perfide Albion; des personnages hauts en couleurs et un héros apparemment charismatique; quelques sombres machinations; une histoire d'amour...
De plus, je dois reconnaître que j'ai été séduite par l'idée de lire un roman d'aventures maritimes écrit par un romancier français plutôt que par un écrivain britannique dont c'est plus souvent la spécialité. C'est chose suffisamment rare pour être souligné.
Ni une, ni deux, je me suis donc jetée à l'eau.

Gilles Belmonte a vingt-neuf ans et après une campagne victorieuse sur La Cassiopée, il accède enfin au grade très convoité de capitaine sur L'Egalité. Pour ce jeune homme qui navigue depuis ses treize ans, la promotion est autant source de joie que d'inquiétude. En effet, en même temps que son uniforme galonné, l'état major lui confie une mission de la plus haute importance de laquelle dépend le sort de la France... et pour laquelle il va devoir jouer les vies de son équipage et de ses rares passagers. C'est que si Gilles et ses hommes sont des marins aguerris dont la loyauté n'est plus à prouver, le monde qui les entoure lui est aussi traître que périlleux: la jeune Marine Républicaine tente de renaître des cendres de la Royale mais est violemment gangrenée par la corruption, la guerre fait rage sur tous les fronts d'Europe et le conflit qui oppose la France et l'Angleterre sur les mers rougit les flots du sang des marins, les services secrets machinent dans l'ombre et redistribuent les cartes dans une partie dont eux-seuls maîtrisent les règles...

"Pour les trois couleurs" se lit bien, très bien même. La langue et le style sont fluides et Fabien Clauw maîtrise à merveille l'art des montées en tension et du suspense qui laisse le lecteur éperdu. de plus, moi qui craignais un peu de me perdre ou de m'ennuyer lors des passages un peu "techniques" ou des épisodes guerriers, j'ai vu mes craintes s'envoler. L'auteur rend son récit passionnant et clair, même pour les néophytes qui comme moi ne connaissent rien aux stratégies navales ou à l'architecture des frégates.
Oh... et la grandeur et la passion, et le rythme des scènes de batailles navales! Waouh: quel panache!

Pour autant, il ne suffit pas de maîtriser son sujet pour réussir parfaitement un bon roman. Ainsi, malgré d'indéniables qualités, "Pour les trois couleurs" n'est pas sans défauts. Tout d'abord, j'ai regretté le manichéisme des personnages (Ah ce héros lisse à force de perfection! Ah ces personnages secondaires qui se réduisent un peu trop à des "types") dont la psychologie manque vraiment de profondeur, ce qui ne les empêche pas d'être sympathiques. Enfin, si l'intrigue globale est prenante et bien traitée, certaines de ses ramifications sont à peine ébauchées ce qui les rend artificielles. C'est particulièrement le cas de l'histoire d'amour. Qu'on soit clair, je suis la première à être agacée quand les péripéties amoureuses prennent trop de place par rapport au propos principal et qu'elle enmièvrent le récit. le problème ici, c'est qu'on a l'impression qu'elle a été ajoutée pour répondre à un cahier des charges et que les passages qui la concernent ont été ajouté après coup. de fait, la crédibilité en pâtit.

Toutefois, j'ai été suffisamment prise et appâtée pour avoir envie de découvrir la suite et de reprendre la mer avec Gilles Belmonte! Un roman qui me donne envie de revoir "Masters and Commanders" et d'écouter des chants de marins mérite qu'on prenne le risque de découvrir sa suite quitte à être déçue. Advienne que pourra et tant pis pour les requins.

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