Un livre agréable à lire, composé de 6 nouvelles, toutes des nouvelles pour la jeunesse, écrites pour 5 d'entre elles en 2000, une un peu antérieure en 1997, de longueurs variables.
Chaque nouvelle, on s'en doute, est centrée sur l'histoire d'un chien et porte son nom. le récit, mené de main de maître par Clavel, nous permet d'explorer le monde rude de la guerre de 14-18, ou encore la vie sur un cargo remontant le fleuve Saint-Laurent, le monde cruel des chiens de combat en Irlande, ou encore la vie simple de chiens de garde dévoués à leurs maîtres. La plupart des chiens sont abandonnés, enlevés surtout, et déploient des trésors de courage pour retrouver leur foyer, avec plus ou moins de chance ou de bonheur au retour. Chacun de ces animaux trouve sur son chemin amitié et protection, pour compenser les mauvais traitements qu'il a subis. Parfois même, il réussit à créer des liens entre des hommes rudes et simples, qui s'entraident et se lient d'amitié pour lui venir en aide. Il peut même arriver qu'il force une rédemption chez son bourreau et le transforme par l'exemple d'un coeur pur et dénué d'esprit de vengeance.
Je crois, à l'issue de cette lecture, que Clavel a essayé de nous placer dans la peau et les pas d'un chien, bien sûr pour comprendre qu'ils ont leurs propres émotions et ne doivent pas être maltraités, mais aussi pour montrer à un jeune public qu'un chien reste un animal et a des besoins différents des humains. Il doit par exemple tuer, parfois chasser, pour se nourrir lorsqu'il est seul. Chacun a ses défauts, il peut être voleur, aboyer un peu fort, ne pas aimer se battre, mais il convient de le prendre comme il est, comme tout être qu'on aime.
Mais surtout, il sait nous décrire d'une manière magistrale des milieux professionnels, ou encore naturels, des paysages, d'une façon totalement absorbante et dépaysante. Il sait encore comme personne présenter des métiers manuels, des savoir-faire, des habitants de terres rudes, taiseux mais généreux, et une belle diversité de personnalités et de réactions. Chaque chien a une identité bien marquée, et même si les thèmes sont communs, chaque nouvelle forme un tout, un univers à part entière.
Je n'ai pas de reproche à adresser à cette lecture, sinon qu'elle a pu me paraître à certains endroits un peu simpliste dans sa démonstration ; il est vrai qu'elle s'adresse au départ à un jeune public. Mais la lecture m'a bel et bien entraînée et le style simple et percutant m'a enchantée.
Commenter  J’apprécie         65
Bernard Clavel est un auteur qui est injustement oublié.
Dans Histoires de chiens, il y a d'abord Kouglof, le chien capturé par les Prussiens pendant la guerre de 1870 et qui rêve de retourner à la ferme française où se trouvent ses maîtres aimants.
"Pauvre Léon" est un chien qui ne se rend plus chez ses maîtres et se laisse nourrir par le narrateur qui s'attache à lui. Le texte montre la cruauté humaine, qui tient en quelques mots :
"Il n'allait presque plus chez ses maîtres. Ils l'ont tué.
- Quoi? Ils lui ont foutu un coup de fusil?
- Non, les cartouches coûtent cher... Ils l'ont pendu".
"La chienne Tempête" raconte l'histoire d'une chienne qui se fait adopter par un jeune mousse et un cuisinier. Ils sont plusieurs à tenter de la cacher à bord, contre l'avis du chef. Ce qui lui vaut de devenir la mascotte du bateau, c'est sa façon de prédire les tempêtes.
"Vieux Dick" est une histoire cruelle et triste, elle aussi. Un vieux chien qui vit dehors assiste à l'adoption d'une petite chienne par ses maîtres : elle a tous les droits. Lui, on le laisse dehors, on le punit, on le délaisse.
Dans "Le Chien de combat", Clifden, un molosse attachant et imbattable, aime rapporter à ses maîtres moutons et brebis. Il croise la route d'une mauvaise personne, William le Rouge, qui le capture et le maltraite afin d'en faire un chien de combat.
"Akita" montre aussi la méchanceté des hommes. Ce chien japonais est enlevé par des trafiquants. Il fait tout pour s'échapper et, à son retour, il se fait battre par son maître qui a déjà adopté un doberman et le punit pour sa fugue. le chien parvient à s'échapper, mais sa fidélité le pousse à veiller sur la famille tous les jours, en faisant le tour du pâté de maison, jusqu'à se laisser mourir.
Dans ces histoires simples, écrites par quelqu'un qui semblait bien connaître les chiens, leur psychologie, leurs réactions, on a le portrait en creux de la méchanceté humaine. Le chien, maltraité, ne cherche pas la vengeance. Il est même parfois à l'origine de la "rédemption" de certains individus.
Malheureusement, bien que les histoire soient très agréables à lire, on referme le livre en colère, très remonté contre l'espèce humaine qui, malgré quelques bonnes personnes dans le livre, paraît totalement insauvable.
Commenter  J’apprécie         50
Il est vrai que l'écriture de cet ouvrage n'est peut-être pas la plus soignée, ni la plus belle de toutes, mais il n'empêche qu'elle parvient très bien à rendre compte des sentiments qui animent autant les chiens que les êtres humains qu'ils côtoient.
Certaines des nouvelles se finissent très bien, d'autres, en revanche, pas du tout. Mais, pour peu que l'on soit un amoureux des chiens, on ne peut pas rester indifférent devant les six destins qui nous sont ici racontés.
Commenter  J’apprécie         60
Ces six nouvelles sont assez disparates mais l'amour que porte Clavel aux chiens y est omniprésent. Par contre la majorité des humains y est présentée plutôt négativement, une punition n'attendant pas l'autre quand ce n'est pas carrément des meurtres de chiens. L'émotion passe mais il me semble humblement qu'il y aurait eu matière à développement, d'autant plus que la plume de l'auteur est brillante!
Commenter  J’apprécie         50
Le vieux John et son apprenti assistaient aux combats de chiens. Ils étaient écoeurés par ce spectacle atroce, écoeurés surtout par la bêtise et la cruauté des hommes et même des femmes qui amenaient ici des chiens qui devaient les aimer, pour les faire se battre entre eux, se déchirer, et parfois s'égorger.