Sans le faire exprès, juste après « Jeux de monstres », c'est un autre livre de ma jeunesse qui m'a appelé depuis son étagère. «
Légendes des lacs et rivières » et moi, ça remonte au CDI du collège il y a vingt ans de ça, avec une passion pour le folklore déjà bien installée. Autant dire qu'apprendre qu'il était toujours édité ici même, via le topic « Dominos de couvertures » a été une agréable surprise. Comment résister à l'envie de le redécouvrir ?
Forcément, en vingt ans, mes souvenirs s'en sont un peu estompés, même si je le connaissais par coeur à l'époque. Et pourtant, le plaisir est toujours le même. Certaines illustrations sont toujours aussi flippantes. Et la plupart des histoires, aussi savoureuses maintenant que lors de leur première lecture.
Seize contes assez courts, dont un peu plus de la moitié sont originaires d'Europe, mais néanmoins suffisamment variés. Si l'on aura probablement déjà lu l'histoire de la Lorelei, très connue, ailleurs, ou celle de la Vouivre (cocorico),
Bernard Clavel a volontairement choisi de mettre en lumière des légendes plus obscures, d'une part pour les faire découvrir au plus grand nombre, d'autre part parce qu'elles lui laissaient la liberté d'interprétation propre au conteur. Ce que la préface explique d'ailleurs très bien.
En effet, de nos jours, les conteurs se font rares. Il y a bien
Yveline Féray, spécialisée dans le folklore asiatique,
Tristan Pichard pour la France et plus particulièrement la Bretagne, ou les auteurs de la série « Contes des sages... » des éditions Seuil, mais les folkloristes sont, comme les mythes qu'ils s'efforcent de sauvegarder sur le papier, en voie de disparition... une pensée pour le regretté
Shigeru Mizuki et son travail de titan.
Dans «
Légendes des lacs et rivières », toutes les histoires ont donc en commun un rapport avec l'eau, même si l'importance de celle-ci au sein des récits varie. Qu'importe, la magie des contes fait son office et on les picore comme des biscuits apéritifs. Bien malin qui pourra se vanter de n'en lire qu'un seul ou de s'arrêter sans passer au suivant... D'autant que le livre, peu épais et imprimé gros, se déguste en quoi, deux heures grand maximum. Et si le voyage autour du monde s'avère plus court et surtout plus euro-centré que prévu, aucun récit ne ressemble à un autre. La plume de
Bernard Clavel se prête à merveille au genre, rendant les histoires accessibles sans pour autant sacrifier la forme. Les jeunes lecteurs comme les moins jeunes y trouvent tous leur compte !
En résumé, si vous aimez les récits merveilleux et les légendes du monde entier, sans pour autant souhaiter vous plonger dans des ouvrages pointus, le présent livre demeure, quarante ans (!!!) après sa sortie initiale, une excellente porte d'entrée. de quoi, peut-être, donner le goût de folklore à au moins une génération de plus...