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Critique de Dionysos89


Avouez que ce titre, Requiem pour Elfe noir, sonne doucement à nos oreilles comme un chant liturgique pour sombre créature enchantée ; et c'est bien le cas !

Ce John (Janos) Gregan nous englue dans un Ghetto post-apocalyptique où s'entasse quantité de créatures féériques toutes aussi avilies les unes que les autres. Des Bergtrolls, des Faunes et Kobolds côtoient des Onis, des Sylphes et des Nibelungen, chacun étant surveillé par les derniers représentants des Elfes, les Dökkalfar réunis au sein de l'Escadron noir autour de leur Reine. Rejeté de cette institution, notre antihéros Alfar, elfe noir du Ghetto, s'éveille en fâcheuse posture et s'intéresse à la mort du tout dernier Lutin. C'est donc dans un polar féérique que nous entraîne cet auteur hongrois bien peu connu.
Qui dit polar féérique dit ambiance noire. Et il faut avouer que pour une ambiance noire, voire très glauque, nous sommes servis ; je vous passe les détails sur les cadavres dégoulinants et les scènes de sexe bien trash. La couverture de Marc Simonetti (très connu pour celle de la Peur du Sage, de Patrick Rothfuss) donne d'ailleurs déjà dans l'ambiance sombre et féérique et donne bien le ton. D'autant plus qu'entre des fanatiques du Désert Rouge qui le prennent pour un prophète, son ancien employeur – la police, l'Escadron – qui le poursuit sans cesse, un vieux sage qui apparaît et disparaît quand ça lui chante, des camés et des mafieux qui détestent les fouineurs, et enfin des soutiens légèrement vacillants, l'elfe noir Alfar est bien mal loti, le pauvre. Mais surtout, pourquoi a-t-il fallu qu'il veuille élucider une mort paraissant pour tout le monde bien naturelle ?
Au service de cette intrigue enthousiasmante, l'auteur opte pour une construction qui nous fait sentir sa profonde inclination pour les lettres classiques : des citations latines de la prière du Requiem en guise de titres de chapitre, des allusions aux missions messianiques et un guide plein de sagesse prénommé Athanase. Peut-être est-ce mon côté latiniste qui s'exprime un peu trop, mais l'influence est patente et cela n'enlève rien à l'ambiance, bien au contraire, car nous marchons aux côtés d'Alfar comme témoin de son inexorable calvaire, entre fuite en avant et regards en arrière. Cette remarque sur les lettres classiques est, en fait, surtout une manière pour moi de glisser que sous le pseudonyme du hongrois John Gregan se cachait Fabien Clavel, professeur de lettres classiques, notamment en Hongrie pendant un temps.

Un bon « road trip » sombre et féérique qui, sans révolutionner le genre ou me transporter de manière radicale, me confirme que l'écriture et les automatismes de Fabien Clavel me conviennent parfaitement dans sa culture comme dans sa réflexion.

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