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EAN : 9782491446093
232 pages
la Nouvelle librairie (30/11/-1)
4.5/5   11 notes
Résumé :
À quoi ressemblerait un monde où le langage serait entièrement soumis à l’idéologie victimaire ? Où le code pénal, aux mains des minorités agissantes, punirait plus sévèrement les crimes de langue que les crimes de sang ? Ce monde, c’est peut-être déjà le nôtre. C’est celui qu’a choisi de mettre en scène Thomas Clavel dans un premier roman maîtrisé de bout en bout. Piégé par une sordide télévendeuse, Maxence, jeune professeur de littérature à l’Université, laisse éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Orwell, kafka, l'un voyait à distance, l'autre subissait. En étant bien assis dans un fauteuil, on pouvait se dire -gardons nous de tout cela-, avec T.Clavel, on n' imagine plus, on y est.
Cette dystopie parfois effrayante , et cliniquement décrite nous ramène dans ce temps présent où il est dangereux d'exprimer sa pensée avec des mots précis et inconscients en même temps. Il faut édulcorer le vocabulaire sous peine d'amende voire de procès et de prison.
Maxence, professeur de littérature à l'Université va apprendre à ses dépens qu'une boutade inconsciente et enregistrée peut mener en prison. Prison séparée en deux types de délinquants: ceux de droit commun, voleurs, violeurs entre autres et les plus dangereux, les délinquants textuels.
Ses "collègues "de cellule , comme lui n'ont pas maîtrisé la novlangue.
Ces hommes faisant des émules dans la prison , essaieront de se sortir de cette folie, guidés par Maxence en "nettoyant" les mots, en leur redonnant leur sens d'origine grâce à Baudelaire, Malraux, V.Hugo etc...
C'est un texte très fort qui appelle à ne pas dénaturer la langue sous prétexte de bienveillance envers des groupes divers et variés.
Il y a peu a paru "Le petit polémiste"de Illan Duran-Cohen qui traite du même sujet avec peut-être un peu plus de légèreté, mais qui rappelle également que les mots ont un sens et qu'il est nocif de vouloir les trafiquer.
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Clavel Thomas – "Un traître mot " – La Nouvelle Librairie, 2020 (ISBN 978-2-491446-09-3)

Un roman étrange, tout à la fois inquiétant, drôle, partisan tout en se montrant froidement objectif.
L'auteur anticipe de quelques années, en montrant que – dans un proche avenir – la justice, les gouvernements, les tribunaux médiatiques, seront entièrement noyautés par la bien-pensance gaucho-bobo telle qu'elle s'incarne aujourd'hui dans la trilogie "Le Monde, le Nouvel Obs, Télérama" (le magazine hebdomadaire "M" du "Monde" atteignant de tels sommets de cuistrerie qu'il en devient une sorte de référence) ou encore "France-Culture, Arte", ainsi que toutes les caisses de résonance de ces incessantes diatribes dénonçant inlassablement l'abominable civilisation occidentale patriarcale, machiste, chrétienne (et juive)...
Un monde dans lequel les "crimes de vocabulaire" seront punis bien plus sévèrement que les crimes de sang (pp. 43, 90).

NB : l'auteur oublie de signaler que – pour qui a vécu de l'autre côté de ce qui fut le "rideau de fer" –, ce monde de féroces idéologues s'autoproclamant éclairés a déjà existé, dans les pays communistes européens, disparus il n'y a pas si longtemps, et continue de sévir en Chine pour éradiquer toute pensée ou religion autre que celle du parti.
Inutile d'en dire plus au sujet de l'intrigue, il suffit de se reporter à la quatrième de couverture.

L'auteur exagère-t-il ? Rappelons qu'en 2008 déjà, le très officiel rapport commis par la "HALDE" aux frais du contribuable s'inquiétait (par les plumes ô combien éclairées des dénommés Pascal Tisserant et Anne Lorraine Wagner) de voir enseigner, dans presque toutes les écoles de la doulce France, le poème "Mignonne allons voir si la rose" d'un très obscur poète dénommé Pierre de Ronsard, texte qui, c'est bien connu, "véhicule une image somme toute très négative des seniors", sans oublier le machisme à peine sous-jacent...
Ce très édifiant rapport s'intitulait "Place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaires", il est encore téléchargeable via le Web. Thomas Clavel s'en est probablement inspiré pour créer son personnage d'inquisiteur idéologique.
Plus près de nous, en juin 2020, le film "Autant en emporte le vent" fut retiré du catalogue de son diffuseur HBO-Max pendant quelques jours pour lui ajouter une notice dite "de contextualisation" car le public – évidemment imbécile – est jugé bien incapable de se faire une opinion par lui-même.
En mai 2020, il fallut modifier le titre des "dix petits nègres" d'Agatha Christie... sans oublier les statuts de Colbert qu'il fallait abattre de toute urgence.

Rien de nouveau : les nazis brûlèrent les oeuvres de Heinrich Heine, l'auteur du "Heidenröslein" et de la "Lorelei", poèmes extrêmement populaires dans le monde allemand ; dans l'Allemagne communiste, les classiques comme Goethe et Schiller furent largement accompagnés de notices "de contextualisation" qui en faisaient des quasi pré-marxistes, sans oublier le film biographique sur JS Bach (excellent par ailleurs) qui "oublie" de mentionner sa profonde foi religieuse.
Les nazis créèrent un mot précis pour désigner cette standardisation imposée aux esprits : la "Gleichschaltung", terme qui contient tout à la fois l'idée de normalisation, de synchronisation, de mise au pas.

Seule nouveauté : l'extrême démultiplication que l'Internet offre aujourd'hui à la propagation de toutes ces fatwas, oukases et anathèmes lancés par des professionnel(le)s de la provocation idéologique.

Thomas Clavel montre dans ce roman combien nous sommes déjà engagés dans cette voie de la normalisation bien-pensante. Dans le dernier tiers de son roman, les personnages inventent un moyen d'en sortir...

Un roman bien écrit, une intrigue bien menée, un texte qui suscite la réflexion...

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Il est rare de tomber sur un livre qui puisse, dans une certaine mesure, se comparer aux chefs-d'oeuvre anti totalitaires que sont « La ferme des animaux », « 1984 » d'Orwell ou « le procès » de Kafka. C'est ce qui m'est arrivé en ouvrant « Un traître mot »
Dans cette dystopie effrayante, mais tellement plausible, Maxence, un jeune universitaire amoureux de la langue Française, décide de mettre en place un blog littéraire. Une jeune femme lui téléphone pour lui vendre un abonnement parfaitement inutile, prétend le lui imposer après qu'il eut prononcé « Très bien, c'est entendu ». Il proteste, mais la téléconseillère affirme qu'il l'a insultée du fait qu'elle serait Rom. Maxence écope d'une amende. le lendemain, il est convoqué ensuite par la police, car il a commis en outre l'imprudence de citer sur son blog Renaud Camus, non pour ses idées, mais en dissertant sur la qualité littéraire de ce trublion infréquentable. Son cas s'aggrave encore, car il a mal noté une étudiante d'origine africaine, crime effroyable : il n'a pas tenu compte de la discrimination qu'elle a subi elle et ses ancêtres. Aucun avocat ne souhaite le défendre, il est jugé et prend 3 ans ferme. Parallèlement, on apprend qu'un homme d'origine Afghane n'est condamné qu'à un an de prison ferme pour le viol d'une mineure de 15 ans. Maxence est incarcéré, il retrouve d'autres malheureux condamnés pour des propos un peu vifs, tout à fait anodins et justifiés par des mésaventures qui leur sont arrivés. Maxence et ses malheureux camarades vont être rééduqués pour devenir des piliers du vivre ensemble.
Est-on si loin de cette dystopie dans le monde réel de juin 2020 ? L'auteure d'Harry Potter vient d'être violemment prise à partie au point pour avoir parlé de femmes avec des règles, remarque qui aurait parue justifiée en 2010, mais qui, en 2020, est un crime au point qu'on parle de vous retirer la paternité de ce que vous avez écrit. de la pure folie, qu'aucun journaliste ne dénonce ! Dans un pays nordique l'agression sexuelle d'une adolescente par un réfugié (mineur) a été sanctionnée par une cinquantaine d'heures de travaux d'intérêt général. En France, la loi Avia vient d'être votée dans l'enthousiasme par l'assemblée nationale. On ignore si elle passera le filtre du conseil constitutionnel, mais on peut craindre le pire.
La loi Avia ne prévoit que la censure des propos et éventuellement des amendes, ce qui heureusement limitera ses inconvénients si elle n'est pas jetée dans les poubelles de l'Histoire. Dans un « traître mot », la loi liberticide a été poussée jusqu'à ses extrêmes, les infractions seront désormais punies par de lourdes peines de prison, ce qui brisera toute contestation, aucun homme politique, aucun journaliste, aucun écrivain ne pouvant plus s'opposer au totalitarisme. Thomas Clavel tend un miroir dans lequel nous pouvons entrevoir la société de 2030, si les Français ne réagissent pas, si personne ne se lève pour dire stop à cette effarante dérive, si on ne dénonce pas les prétendus antiracistes intolérants, les partisans déjantés de toutes les minorités sexuelles pour ce qu'ils sont : des fascistes.
Lisez ce livre qui a des chances de devenir culte et vous ne pourrez plus dire si le pire arrive : je ne savais pas !
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Merci à Verdure35 pour m'avoir fait découvrir ce livre.
Ce roman d'anticipation part de faits contemporains: l'expression des minorités qui protestent contre les injustices qu'elles subissent. Jusque-là tout va bien. Mais Thomas Clavel imagine dans cet ouvrage une loi qui sanctionne toutes les dérives verbales et l'apologie du politiquement correct. La dictature du Vivre Ensemble amène à une situation qui tourne à l'absurde: on vide les prisons des dealers, violeurs et autres criminels pour emprisonner délinquants textuels condamnés à coups de procès kafkaïens. On comprend très bien que l'auteur est enseignant puisque l'Education Nationale est promotrice de cette rééducation de la langue par la 'conscientisation" de la bonne parole... 'conscientisation', terme inventé par l'Institution et martelé aux apprentis enseignants... mais je digresse. Donc: où va-t-on si la politique victimaire des communautés dont la France se défend d'avoir -pour l'instant- en son sein l'emporte? Clairement à un nouveau 1984. On n'en est pas si loin.
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Rimbaud plutôt qu'Orwell

Un traître mot est dans sa première partie le roman d'un voyant. Sa loi AVE mise en scène et en application dans un présent parallèle annonce la loi AVIA qui nous a frôlée. le monde qui y est décrit n'est pas celui d'une anticipation lointaine, c'est celui du monde de demain, d'après-demain, à la limite celui du mois prochain. Une plaisanterie kunderienne, un mot un peu trop aviné vous jette en prison, prison qui se vide en miroir de ses criminels. le délit en mot remplace le délit en acte.
Mais le génie de ce roman repose encore plus sur sa deuxième partie. Thomas Clavel propose une réponse à cette novlangue qu'Orwell avait prévu mais n'avait su contrer. C'est en revenant aux poètes, aux grands auteurs que les mots pourront être nettoyés et retrouver leur sens premier, leur sens innocent. Ce sont Rimbaud et Baudelaire qu'il faut opposer aux nouveaux prêtres d'une modernité intersectionnelle et résolument non-genrée. Ce sont leurs vers qu'il faut se réciter et dont il ne faut oublier un traitre mot
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Oui j'fais attention aux mots que j'emploie depuis que c'est arrivé! Avant les mots j'les utilisais comme ça, sans réfléchir, sans même m'en rendre compte, mais maintenant tu vois j'fais attention à c'que j'dis, peut-être que c'est ça leur objectif au fond, d'nous faire croire qu'on est coupables dès qu'on ouvre la bouche! Ah ça, pour nous faire croire qu'on est coupables, ils sont forts! D'la glu que c'est devenu les mots, d'la glu qui nous attrape comme des mouches!
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Sachez, Monsieur le pénitent, que le mot homme est doublement coupable, et pour l'éternité ! poursuivit le spécialiste. D'une part, il incarne à lui seul des siècles de domination patriarcale répugnante ! D'autre part, il désigne une identité sexuelle et refermée sur elle-même, cisgenre, binaire et nauséabonde !
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La connaissance des mots interdits et autorisés (et non la maîtrise de la grammaire remisée dans le poussiéreux tiroir des compétences subalternes) était désormais considérée comme le coeur nucléaire des nouveaux programmes - et faisait l'objet d'une formation rigoureuse auprès des enseignants admis aux concours.
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C'était un projet d'une ambition pharaonique: projet de détruire l'homme, de le faire ramper, de le changer en serpent en lui rendant sa propre langue - sa langue fourchue et venimeuse - presque odieuse à lui-même !
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Video de Thomas Clavel (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Clavel
Désormais, on ne vous tue pas, on vous débranche. La censure en un clic ! Mais ce n'est qu'un début, nous dit Thomas Clavel dans un premier roman lumineux, « Un traître mot ». Bientôt les nouveaux délinquants seront les délinquants textuels. Un grand livre... même plus d'anticipation.
En vente dans notre boutique https://www.revue-elements.com/produit/un-traitre-mot/
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