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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À propos de la justice des hommes

Saluons la performance de Pauline Clavière qui, pour ses débuts de romancière, a réussi une chronique sensible et documentée sur un sujet délicat, les dédales de la justice et l'univers carcéral.

Tous ceux qui ont déjà eu affaire à la justice le savent, cette institution fonctionne avec des règles qui sont très peu compréhensibles par les simples justiciables et toutes les tentatives faites pour en simplifier le fonctionnement sont jusque-là restées vaines. Sans doute par manque de moyens, mais encore davantage par réflexe corporatiste. En refermant le premier roman de Pauline Clavière, me revient à l'esprit le conseil d'un collègue journaliste, spécialisé dans les affaires judiciaires: «avec la justice, la meilleure chose à faire, c'est de l'éviter autant que possible.»
C'est sans aucun doute ce qu'aurait aimé faire Max Nedelec, le personnage principal de cette histoire aussi terrifiante que plausible.
Seulement voilà, la machine s'est mise en route à son insu. Et quand la police vient frapper à sa porte, il est déjà trop tard. L'imprimerie qu'il dirige et porte à bout de bras a dû faire face à de gros problèmes de trésorerie et, en 2004, il a été condamné avec sursis pour faux en écriture et usage de faux, après avoir falsifié un bordereau. S'il se trouve aujourd'hui devant le tribunal, c'est parce qu'en janvier 2015 une nouvelle condamnation pour facture impayée le frappe et que cette seconde condamnation met fin à son sursis. Max n'a pourtant jamais entendu parler de cette facture, pas davantage que de la révocation de son sursis. Quant à la justice, elle ne trouve pas la trace du paiement des 30000 euros d'amende payés en 2004.
Ajoutez, pour faire bonne mesure, que l'avocat commis d'office pour défendre Max, entend le persuader qu'il vaut mieux ne pas braquer la magistrate qui instruit son dossier en contestant sa version. «Faites-moi confiance, on n'en parle pas, sans preuve du règlement c'est pire.»
Aussi incroyable que cela puisse paraître, voilà qu'en quelques minutes le glaive de la justice aveugle tranche: Max va goûter à sa première nuit en prison. Et si cette perspective l'angoisse, il se dit que l'on va très vite se rendre compte qu'il s'agit d'une erreur, qu'il n'a rien à faire là et que sa fille trouvera le moyen de la faire sortir une fois prouvée sa bonne foi.
Voilà le moment de rappeler à tous ceux qui n'ont pas eu la (mal)chance d'aller en justice que le temps judiciaire n'a rien à voir avec l'urgence, ni même avec ce qu'une victime est censée attendre comme «juste». Les procédures, le traitement des dossiers, l'encombrement du tribunal font que très souvent il faut attendre des semaines et des mois. «Les jours défilent, impalpables, interminables.»
Le roman bascule alors dans la chronique pénitentiaire, dans une destruction qui quotidien dans des bâtiments vétustes où la surpopulation carcérale provoque un regain de violence, de maladies, d'angoisses. Après «Bambi», qui partage ses premiers jours de cellule et va être victime de règlements de compte et se retrouver salement amoché, il change de compagnon de cellule. Marcos pourrait presque être un ami. Aussi, quand on lui trouve un cancer, il va tenter de tout faire pour qu'il puisse être hospitalisé. Inutile de rappeler ici combien l'inhumanité est présente dans l'univers carcéral, les différents rapports des ONG mais aussi les jugements de la Cour européenne des Droits de l'homme sont là pour en témoigner. Et tandis que sa fille s'escrime à le faire sortir de son cachot, Max va pouvoir ne dépeindre par le menu les règles qui s'appliquent dans un univers où la loi du plus fort, du plus riche, et celle du meilleur réseau s'applique.
C'est une descente aux enfers éclairante que nous propose Pauline Clavière. On imagine du reste que la chroniqueuse de «C L'Hebdo» n'aurait aucun mal à rassembler des archives montrant qu'en prison malheureusement rien n'a changé durant les dernières décennies. «Laissez-nous la nuit» est, à cet égard, aussi un moyen de prendre date.


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Max Nedelec , cinquante ans , patron d'une imprimerie en difficulté vit une très mauvaise passe : divorce , faillite , dépression .
Depuis plusieurs mois il n'ouvre plus son courrier , ne paie plus ses factures .
Mais un jour , tout s'emballe , Max Nedelec
est méchamment rattrapé par sa lourde négligence, son laisser - aller , la police débarque un matin à son domicile , l'amène au tribunal .
Ce soir , il ne rentrera pas chez lui , pour la loi , il est considéré comme coupable , la sanction tombe , vingt quatre mois de prison ferme .
Max Nedelec n'existe plus , il est devenu un prisonnier , un numéro d'écrou.
Il est confronté brutalement au monde carcéral , à la violence gratuite , aux règlements de compte .
Heureusement pour lui , sa fille , sa chère Mélodie , va se battre pour lui .
Tous n'ont pas cette chance , les lourdes peines sont souvent confrontés à la perte de leurs proches qui eux continuent leurs vies loin de la prison .
Un portrait sans concession de la justice , de son côté kafkaïen inéluctable , du monde impitoyable de la prison où les plus forts font la loi .
Une lueur d'espoir , d'humanité parfois , comme ce prêtre qui ne renonce pas à aider des hommes désespérés, déshumanisés, prêts à tout pour survivre derrière les murs de la prison .
Il y a cette femme médecin qui veille comme elle le peut , sans jamais se décourager sur tous ces êtres meurtris , ces corps et ces âmes en souffrance .
Il y a des monstres parfois créés par l'emprisonnement lui - même , ceux qui font régner la terreur ou simplement qui veulent être respectés .
Des histoires émouvantes comme celle de Marcos qui parviendra à garder sa dignité , Marcos le portugais , impressionnante brute qui cache un grand coeur .
J'ai été agréablement surprise par ce premier roman , l'écriture est très belle .
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On plonge, on sombre avec Max Nedelec alors que pour une histoire administrative, il va se retrouver derrière les barreaux !
Patron d'une imprimerie, il a un peu triché, il s'est rattrapé... Mais pas de traces du remboursement de sa dette... le couperet tombe et Max quitte le tribunal pour se retrouver dans une cellule de 9m2.
Des tentatives d'appels, la vie quotidienne glauque dans cette minisociété qu'est la prison...
Pauline Clavière nous livre un roman impatient ; les chapitres s'enchainent, on se perd parfois, sonné par les événements vécus par Max... Peut être quelques longueurs par moment, mais ils nous permettent de vivre une immersion totale... s'imaginer dans la cellule, assis sur les toilettes face son voisin de cellule... le froid, la chaleur, le traffic...

Un 1er roman très réussi ! Auteur à suivre !
Merci à Netgalley & Grasset
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Pauline Claviere nous propose, dans son premier roman, une plongée au coeur de l'univers carcéral. Max Nedelec, patron d'une imprimerie, se retrouve derrière les barreaux suite à une erreur judiciaire même si notre protagoniste principal semble tout de même souffrir d'une phobie administrative.

Ce premier roman, c'est l'occasion de découvrir une nouvelle plume qui semble avoir de nombreuses qualités. L'écriture est fluide, facile et d'une bonne tenue. Cependant, je me suis rapidement posé une question qui est ensuite resté nichée au coin de ma tête pendant toute la lecture, l'écrivaine n'a-t-elle pas voulu en faire un peu trop ?

Je m'explique, j'ai trouvé ce roman globalement assez brouillon dans sa construction et dans le récit même. Les détails sur différents personnages sont multipliés et peuvent être intéressants mais ils sont souvent mal amenés, on passe parfois de coq à l'âne en une page et il n'est pas toujours simple de recoller les morceaux compte-tenu du nombre de personnages secondaires et des multiples trames secondaires. Et donc forcément, je n'ai jamais réussi vraiment à plonger dans le roman et je suis resté assez détaché de ma lecture.

Pour moi ce roman manque d'un côté vraiment percutant et c'est dommage car les réflexions sur la justice et sur l'univers carcéral sont intéressantes et on a envie de suivre les différents détenus de cette prison car cette galerie de personnage a été bien travaillée par l'écrivaine.

Au final, je ressors donc avec un sentiment plutôt mitigé sur ce roman. Pauline Clavière est une romancière à suivre assurément mais ce premier roman manque cruellement de concision et souffre d'une construction pas toujours très clair avec des transitions trop souvent absentes. Cette histoire aurait vraiment mérité d'être plus incisive, plus percutante. Il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon moment de lecture et que je ne déconseille pas ce roman.
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Laissez-vous happer par l'histoire de Max Nedelec, chef d'entreprise dans la cinquantaine, accusé de ne pas avoir payé une amende il y a... treize ans. Une amende qu'il est de plus persuadé d'avoir réglée.
Vivez l'enfermement de cet homme sans histoire dans une cellule de 8 mètres carrés, à deux.
Ressentez la promiscuité avec un colocataire pas toujours bavard, l'humidité de cette pièce mal isolée, l'ennui qui vient à l'inactivité.
Frissonnez à l'idée d'aller prendre votre douche, faire une promenade, ou partir à la bibliothèque, devoir affronter ceux qui ont été enfermés pour bien plus qu'une amende.
Comptez les jours qui se ressemblent, sans fin.
Prenez espoir à chaque annonce avant de ne plus y croire.
Nourrissez-vous des histoires des autres, pour comparer avec la vôtre.
Vivrez face à cette écriture tranchante, qui ne masque rien de la vérité.
Vous verrez que finalement, ce n'est pas si mal d'être chez soi, entouré de son quotidien ! Je n'avais pas prévu le confinement quand j'ai entamé cette lecture, mais après je l'ai bien relativisé...
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Un premier roman réussi. C'est l'histoire d'un homme ordinaire, qui, à cause d'une erreur administrative se retrouve à survivre dans un monde obscure, glauque, tabou...L'univers carcéral. le récit est poignant, bouleversant. L'écriture est fluide, à la fois crue et poétique. La tension permanente nous pousse à tourner les pages de ce livre de plus de 600 pages. Il y a peut être quelques longueurs, mais l'immersion n'est que plus réelle. On rencontre avec Max des personnes devenu encore plus cruelle avec l'enfermement mais aussi des personnes attachantes, dont on se demande pourquoi ils doivent subir tout ça. Une belle découverte.
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Excellent livre malgré quelques longueurs par moment. Pauline Clavière m'a fait comprendre que tout n'est pas rose en prison a tout point de vu prisonniers,gardiens, les passes droits j'ai bien aimé ce bouquin.
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Même s'il est un peu long, haché dans l'apposition des chapitres et l'apparition des personnages secondaires, j'ai beaucoup aimé ce roman. L'l'humanité des personnages secondaires (le codétenu portugais, le médecin, le prêtre). Les extraits des règles carcérales émaillant ironiquement ce qui est vécu en prison. La description de la destructuration produite par la prison sur Max. La dénonciation des failles, errements de l'instruction judiciaire, de la vénalité de la gestion pénitentiaire. Bravo à l'auteur pour ce travail documenté et la transposition romanesque d'une situation qu'aucun gouvernement ne s'emploie à changer !
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Inspiré d'une histoire vraie, le roman raconte la descente aux enfers de Max, incarcéré du jour au lendemain pour une sombre histoire de facture non acquittée. La chute de ce quinquagénaire, incroyable et imprévisible, le précipite dans un microcosme sordide. Ce « Monsieur tout le monde », sonné par l'absurdité de ce qui lui arrive, doit rapidement apprendre à maîtriser les codes de son nouvel univers s'il veut survivre. Dans ce monde glauquissime, fait de violence, d'interdits et de privations, il apprend à savourer les plus infimes plaisirs : « un peu de silence, du café, une cigarette « .

J'ai lu ce texte petit à petit tant le sujet peut vite se révéler lourd à digérer. C'est un roman que l'on avance un peu à la manière d'une série tv, en regardant un épisode puis en faisant une pause avant de reprendre le fil le lendemain.

Ce qui m'a tout particulièrement marqué dans cette histoire c'est de pouvoir passer de l'autre côté, d'envisager et de vivre la prison du point de vue de ceux qui la côtoient au quotidien et de la manière la plus intime : les détenus. Ce roman humanise ces hommes, dans le sens où il les rend palpables en mettant en lumière leurs individualités. Ici, ce sont des noms, mais surtout des histoires et des trajectoires de vie que l'on découvre ; certaines se révèlent glaçantes, d'autres touchantes mais l'on évite le côté caricatural grâce à des personnages tout en nuances. Je pense notamment à Marcos, le compagnon de cellule de Max, grande gueule accro à l'alcool et aux stupéfiants mais dont le côté bourru inspire la sympathie.

La prison est ici décrite comme une machine implacable qui broie ses occupants pour mieux les asservir. Pauline Clavière décrit ainsi avec minutie ce glissement lent et insidieux qui guette tous les nouveaux arrivants, les modelant alors de manière insidieuse : les caractères, le langage, la posture se modifient pour coller au standing de la prison. L'omniprésence de la violence et des trafics, ce régime de domination des plus forts, qui flairent la faiblesse et l'exploitent jusqu'à plus soif, est remarquablement bien décrit. En creux se dessine ainsi la critique d'un système devenu archaïque, court-circuité par les absurdités et les contradictions qui le gangrène.

Ce roman offre aussi une galerie de personnages variées, qu'ils soient au premier plan où qu'il ne traverse le récit que fugacement. L'aumonier, la médecin, certains surveillants apportent un peu d'humanité à ce lieu. Eux ne se résignent pas et continuent à lutter pour conserver leur part d'humanité et ne pas se laisser aspirer dans ce gouffre, ce puit sans fond qu'est la prison. Et bien sûr il y'a aussi la question des proches, ceux qui attendent à l'extérieur, s'éloignant de celui devenu un pestiféré ou au contraire jetant ses forces dans une bataille impossible contre un système judiciaire qui ne veut pas voir ses propres faiblesses.

Un texte édifiant, fort et suffisamment lumineux pour transpercer la noirceur du milieu carcéral.
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Max a tout fait pour sauver son imprimerie : il a modifié ses comptes, retardé ses paiements, effectué quelques manipulations ici et là, mais rien à faire, il a dû mettre la clef sous la porte. Divorcé, au niveau sentimental cela ne va pas fort non plus. Quand rien ne pourrait le sortir de sa dépression douce, quelle n'est pas sa surprise quand la police vient le cueillir comme une fleur trop sèche dans son jardin ensoleillé et qu'il se retrouve au tribunal, condamné à 3 ans de prison pour une facture non-réglée.

Il est alors jeté dans un établissement délabré où il devra apprendre à se défendre et se faire une place. Mais la prison, ce n'est pas un environnement facile pour un cinquantenaire qui n'a rien d'un gangster. Durant ses plus longues et sombres vacances, il croisera le chemin de Marcos, son ange gardien, de Bambi, le serviteur des puissant, du Serbe, de Sarko, de la Bêtes et des gardiens, les bienveillants comme les mal intentionnés.

Un premier roman d'une grande sensibilité qui remet en question le statut du prisonnier et les conditions de détentions exécrables que l'on peut trouver dans certaines prisons. Celles-ci peuvent être des lieux insalubres et incommensurablement dangereux pour le détenu : que ce soit un coup de couteau d'un détenu, la frappe bien placée d'une matraque de gardien ou la maladie, la sécurité est tout sauf garantie. Quoi de tel qu'un peu d'intensité et d'incertitude pour redonner goût à la vie à un dépressif ?

C'est une réflexion que je trouve importante, car la prison, c'est quoi ? En théorie, un lieu où les criminels sont sensés réfléchir à leurs actes et se préparer à une réinsertion correcte. Or, certaines prisons n'ont rien à voir avec la théorie. Ce sont des lieux dangereux où le détenu doit se battre pour sauver sa peau et rester hors de danger.

Merci aux éditions Grasset et à Pauline Claviere pour l'envoi, un roman que je recommande à tous les lecteurs qui n'ont pas peur de s'attaquer aux volumes imposants. On ne saurait écrire un livre qui se passe en prison à moins de 500 pages dans tous les cas : il nous faut cette impression de longueur et d'attente qui tiraille notre héros.
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