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Critique de Slava


Londres, milieu du XVIIieme siècle. C'est dans cette ville qu'arrive Fanny, une jeune fille sans ressource ayant récemment perdue ses parents et qui a quitté sa campagne pour pouvoir tenter sa chance ailleurs. Une vieille dame toute charmante la prend sous son aile, ce que Fanny croit être charitable jusqu'à ce qu'elle se rende compte bien tardivement des véritables intentions de sa bienfaitrice qui n'est d'autre qu'une mère marquerelle. Elle est sauvée par Charles un bel aristocrate et tous deux vivent une idylle amoureuse mais Charles doit partir et elle se retrouve à nouveau toute seule. Elle revient alors dans le chemin de la prostitution et vit d'émoustillantes aventure sexuelles, en espérant toutefois un jour quitter cette débauche... parviendra-t-elle à sortir de son métier et reverra-t-elle son Charles ?
Fanny Hills est souvent qualifié être un des chefs d'oeuvres de la littérature érotique et sa réputation n'est pas démérité. S'inscrivant dans un siècle marqué par le libertinage et où le sexe est de plus en plus abordé dans les romans malgré les foudres de la censure, l'ouvrage de John Cleland publié en 1749 n'a pas perdu sa flamme dans notre époque plus débridé sur l'art vénérien. Les scènes de sexes qui abondent dans le récit sont élégants et bien écrits, évitant la vulgarité la plus basse : Cleland est astucieux de ne jamais nommer explicitement la chose et d'employer de jolis métaphores toutes délicatement imagées qui intensifient davantage la sensualité de ces passages. Fanny Hills nous conte avec aisance et certaine frivolité ses escapades charnelles et à l'exception de la tentative de viol de l'horrible monsieur Croft, elle vit très bien et sans honte, ni gêne ces passades et en tire souvent plaisir.
Avec Fanny Hills, nous sommes au coeur du monde de la prostitution londonienne du temps des Lumières, et du quotidien des filles vendant leurs charmes, des pensionnaires de maisons closes fort achalandées en passant par les maîtresses entretenues par leurs amants greluchons. Un microcosme des vices et vertus de société anglaise qui derrière ses apparats nobles se complaisent dans le déduit des chambres feutrées. Cependant, on pourra remarquer que la trajectoire de Fanny Hills est très idéalisée et ce malgré les déboires qu'elle traverse régulièrement, elle ne cours aucun danger (où presque) de sa sexualité, éprouve à chaque fois de l'extase dans l'amour, ses client sont tous beaux, robustes et courtois en son égard ses collègues de travail sont tout aussi aimables, elle ne subit aucun mauvais traitement et ne rencontre aucun obstacle dans son but de se libérer de cette voie qu'elle ne dédaigne pas pourtant et ne pense pas à l'argent... parfois par ci par-là elle prend le risque d'être agressée dans la rue où fait face à un client assez grossier mais elle ne rencontre jamais de graves problèmes et autres inconvénients que devait certainement connaître une prostituée dans la réalité. Fourgeret de Montbron va prendre à contre-pied cette vision sereine et joyeuse de la fille de joie avec sa Margot la Ravaudeuse cynique qui méprise ses clients et ne voit qu'en sa carrière qu'abjection et dégout.
Toutefois, justement l'érotisme soyeux de Fanny Hills parle avec un certain réalisme (tempéré toutefois vu le ton de l'oeuvre et des descriptions métaphorisées) du sexe en général, de la défloration (qui est souvent récurrent), de l'homosexualité (mal vu il faut dire par Cleland donc ne vous attendez pas de vision positive dessus ! ) de l'impuissance masculine et ce avec quelque surprenante franchise et modernité de nos jours ! D'autre part, Fanny Hills n'est pas une victime passive des événements mais prend en main son destin et savoure ses badinages sans être honteuse, ce qui peut que nous plaire dans notre société d'aujourd'hui où la femme est libre de faire ce qu'elle veut et d'aimer le sexe. Cela change de toutes ces protagonistes féminines subissant les assauts des uns et des autres comme on voit notamment dans les textes de Sade (que je ne m'y fais pas) et de la littérature érotique du temps passé. Et puis, sans spoiler, on est content que Fanny Hills y trouve sa fin heureuse mais comment elle va l'obtenir, je vous laisse découvrir...
En conclusion un bel roman érotique à lire pas seulement pour être chatouillé au point sensible mais aussi pour voyager dans le coté obscur du 18eme siècle, suivre le parcours d'une femme bien décidée à obtenir ce qu'elle veut et de vivre avec quiétude sa libido. Voilà un beau trésor de la littérature des sens à dénicher et à croquer avec régal !
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