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3,92

sur 247 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Magistral !

Ce récit ne se raconte pas, il se lit pour en apprécier toute la saveur. L'histoire en somme est simple, ce sont 75 pages que l'on tourne avec une extrême douceur pour ne pas en abimer la qualité des mots, un bouquet d'émotions au texte puissant et violent. Derrière chaque ligne se cachent des fleurs et leurs pétales nous délivrent tour à tour un florilège de sentiments forts et poignants comme la souffrance, la haine, le désespoir mais aussi le désir et l'espoir d'une vie meilleure.

Nicolas Clément raconte une enfance fauchée, l'absence qui tue, les âmes et les corps mutilés, les maux qui agonisent au fond de la gorge et ces cris que l'on étouffe dans l'oreiller. Il parle d'un drame, de larmes, de l'humiliation, du lien maternel, de ce père, avare de mots comme de sentiments, qui ne connait que le langage des poings, de cette rage qui nous ronge et nous condamne à l'irréversible. Mais au milieu de ce chaos et de cette misère sociale, il y a l'amour comme seule échappatoire, un souvenir bienveillant et un petit frère au coeur innocent «qui ne demande à l'existence qu'un peu de brise pour son un cerf-volant»

Deux lectures m'ont été nécessaires afin de m'imprégner totalement de la subtilité du style. La maîtrise elliptique de l'auteur bouscule. Les émotions sont palpables, les sentiments sont décrits avec une telle profondeur que les mots font encore écho en moi. La poésie de chaque paragraphe, de chaque phrase nous saisit et nous émerveille.

«J'attends la cloche qui me délivrera. Sous le préau, je me jette dans les bras de Léonce, mon frère. C'est juste une dictée, Si tu as zéro, j'ai zéro aussi, on se trompe au même endroit, on se plante pareil, on reste groupés. Je suis au bord du puits. Léonce me tend son mouchoir à carreaux, Ne pleure pas, Marthe. Je laisse la tristesse redescendre et respire, délestée du poids que j'étais. Je masse mes jambes. Je ne me sens plus fautive. La vie est longue, mon frère est là.»

Sauf les fleurs… Un parfum enivrant que je ne suis pas prête d'oublier…


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Ce roman nous raconte l'histoire de deux enfants Marthe et son petit frère Léonce. Ils vivent dans une ferme, isolée dans la campagne. Leur vie n'est pas drôle car leur père ne sait fait que deux choses : crier et cogner, sur eux, sur leur mère, sans aucune raison que le plaisir de faire mal, de dominer, de faire régner la terreur à la maison.
Marthe n'est heureuse qu'à l'école car elle a envie d'apprendre, de lire mêmes les livres difficiles : elle rêve de lire Eschyle, car sa maîtresse d'école est entrain de le lire, « Je passe devant le bureau pour rejoindre ma place et je fixe la couverture du livre. Je lis Eschyle, que je confonds avec échelle, « qui sert à se hisser ». J'écris Eschyle dans mon carnet puis je m'en retourne au car. P 19
Mais aussi, Epictète, Socrate ou Diogène ces auteurs grecs qu'elle voudrait enseigner plus tard a ses élèves. Je sens que leur pays est fait pour moi, puisqu'ils retiennent Mademoiselle Nathalie après la classe. P 19
Puis arrive Florent qui va ouvrir une autre dimension dans la vie de Marthe, il lui apprend la tendresse, les caresses. Elle découvre que la vie n'est pas faite que de violences. Jusqu'au jour où le drame arrive.

Ce que j'en pense :

En fermant ce livre, j'ai eu l'impression d'avoir reçu un uppercut et j'ai du mal à m'en remettre. C'est le premier roman de Nicolas Clément et quel roman !!! C'est une splendeur où s'allient la brutalité et la douceur, la beauté dans le choix des mots...
Il a choisi de s'exprimer au nom de Marthe et il exprime la violence et la douceur avec le même talent. Il nous décrit ce qui se passe dans la tête de Marthe avec une grande sensibilité, une précision et des mots parfois lapidaires. Chaque chapitre se termine sur une phrase qui nous donne l'âge de cette enfant et on la suit ainsi de douze à vingt ans.
La violence du père est tellement forte qu'il y a des mots imprononçables, et l'auteur en met un autre à la place comme pour atténuer la souffrance, ne pas la dire, comme pour l'effacer.
Marthe emploie de jolies métaphores, avec l'image du tricot qu'on construit une maille à l'endroit, l'autre à l'envers, la pelote de laine. Seules les fleurs sont belles. Elle évoque leur langage, greffe, tiges, boutures, épines, pour parler de la vie, de sa vie. Elle nous parle avec tendresse des animaux de la ferme pour adoucir la violence de ce père taiseux de nature dont elle ne comprend pas la langue
Elle nous dit aussi l'importance des mots pour elle, elle aime les écrire sur son carnet, ce précieux carnet qu'elle destine à son frère Léonce. L'importance d'Eschyle dans sa vie brisée, qu'elle apprend à traduire pour s'en approprier les mots et la musique.
On assiste à la transformation de Marthe grâce l'amour lorsqu'elle part pour Baltimore avec Florent. Tandis qu'il se lance dans la musique, elle apprend le grec, elle étudie ses auteurs grecs préférés pour pouvoir enseigner à son tour, elle arrive de mieux en mieux à traduire Eschyle. On pense que l'amour et les livres ont transformé sa vie et que la résilience est en cours et tout à coup plouf. On a du mal à croire qu'elle puisse avoir commis cet acte si tard après avoir été heureuse avec Florent. La ferme a-t-elle tout fait remonter ?
Ce livre est très cout (76 pages) mais d'une densité incroyable. C'est un long poème en prose. On peut le lire, le relire plusieurs fois car il y a toujours quelque chose à découvrir dans la poésie de l'écriture.
Pour un premier roman : un coup de maître donc auteur à suivre de près.

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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UN père violent = TROIS personnes détruites (sa femme et leurs deux enfants).
L'enfer au foyer, l'enfer à l'école où l'on a honte et où l'on est montré du doigt.

Une superbe narration par l'aînée de la famille, poétique et elliptique. Un bel hommage d'une fille à cette mère - fictive mais tellement réaliste.

Je suis consciente de n'avoir pas saisi toutes les subtilités de la plume mais le parcours de la jeune femme et la douleur des trois victimes m'ont beaucoup touchée.
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"Je ne trouve plus mon frère dont le père a brisé le nez de maman. Je secoue la chambre, je demande à l'étable j'implore le jardin, mes cris dans la cour sont l'envers de mon pressentiment. Qui croire si les coups me privent à présent de l'eau qui m'assoit et de la terre qui m'élance ?
Les mots marchent sur les mots, je couve un silence dont je ne peux rien faire, à part apprendre. Pour fatiguer la ronce. Au plus près du monde usé que je porte en signe de galet."

Le ton est donné. Ce livre est une gifle. Poétique. L'écriture est grandiose. Nicolas Clément parvient en effet à enchanter le lecteur, tout en lui parlant de douleur infinie. En effet, il s'agit dans ce roman d'une succession de drames. Mais les mots ont ici la capacité de dépasser l'horreur, pour la douceur.
Douleur et amour, violence et tendresse, solidarité... sont ici peints et le choix des mots désarme le lecteur. Ce roman nous affaiblit en effet... Il provoque un essoufflement. Il est un choc. Il vaut mieux le lire tout doucement et en lire peu à la fois. Et en même temps, ce livre nous revigore, réchauffe. Ce roman est aussi un poème.
Je recommande donc chaleureusement la lecture de ce grand livre, et je souhaite remercier Eve-Yeshe et Olivier H77 qui me l'on fait découvrir... L'enthousiasme de Eve-Yeshe est aussi le mien et comme elle me l'a justement dit : après avoir lu Sauf les fleurs qui est un tout petit livre par la taille, on a l'impression d'avoir lu un gros livre.
Oui. Intense, il faut du temps pour le digérer, et pour pouvoir en parler. Surtout : il faut vraiment le lire...
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Premier sentiment à la lecture de ce tout petit livre : la colère.
Dernier sentiment, deux heures après l'avoir refermé : la douceur.


Colère devant l'horreur racontée, ou plutôt « piquetée » : celle d'un homme qui bat sa femme, celle d'enfants voulant protéger leur mère, assistant quotidiennement au sang et à la morve. Et le drame, inévitablement. Et les conséquences, forcément.
Violence des mots. Horreur totale.
Enervement aussi devant cette manière d'écrire, si poétique, si imagée, qu'elle en devient parfois obscure.

Et puis, le livre refermé (on ne peut parler ici d'un roman, il s'agit plutôt d'un long poème), mon esprit chemine. Je veux relire certaines phrases, m'en abreuver. Et je trouve ça si beau...
« J'ai le coeur lourd et les racines liées »
« Je referme la pelote qui nous soude, cousue de tremblements »
« Je suis d'une fièvre qui perce et dure, jamais ne se repose, ni de cerisaie ni de mains autour »
« Je ne trouve plus mon frère dont le père a brisé le nez de Maman »

L'horreur, oui. Mais aussi l'espoir. L'amour. La beauté. le désir d'apprendre et de se hausser.
Ce roman poétique doit se lire lentement, se savourer. Peut-être ne doit-on pas le lire d'un seul tenant, comme je l'ai fait, malheureusement.
Ce livre m'a enlevée à mon quotidien et m'a fait apprécier, encore plus si je peux dire, la beauté des mots, à partir du moment où j'ai accepté que ce n'était pas un roman « classique », avec une histoire linéaire, écrit pour que tout le monde comprenne du premier coup.

De la colère à la douceur, il n'a fallu que quelques heures...
« Je voulais des livres pour construire une cabane à la cime des arbres »
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Nicolas Clément use de la poésie, de la beauté des mots pour décrire l'ineffable, les coups, l'enfance volée, les vies détruites, l'éparpillement d'une famille composée de deux enfants « plus les parents ».

Marthe et Léonce feront tout pour protéger leur mère de la maltraitance de leur père, qu'ils subissent au quotidien. Mais le drame se produira.

Comment se reconstruire après un tel carnage ?

Une écriture qui claque, imagée, tellement belle, qu'elle rend encore plus indicible et forte cette histoire.

Ce roman ce lit en apnée tellement la puissance des mots égratigne le lecteur.

Encore une fois, merci à tous les Babelio(te)s qui m'ont donné envie de lire ce livre grâce à leurs critiques.
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Quelle baffe !! Vous prenez un petit bouquin qui sera vite lu ( 90 pages) et vous en prenez plein la tête tout au long de votre lecture.
On reste sans voix. Et comment bien parler d'un livre quand on est sans voix ?

C'est l'histoire de deux enfants à la vie fauchée, fauchée par la bêtise, la méchanceté, qui se traduisent toujours par la violence, cette arme des faibles.
Marthe écrit à son frère et, pour expliquer sa situation, décrit cette adolescence, cette découverte de la vie, donc de la mort, dans une langue étonnante, qui n'est que poésie. Il faut d'ailleurs lire ce livre en se libérant de la langue employée. Dans une interview, l'auteur explique que Marthe est au début en déficit de mots, donc qu'elle utilise certains mots à la place d'autres. Mais le récit pourrait être tellement violent qu'il vaut parfois mieux remplacer les mots. On comprend tout quand même !

Marthe a soif d'apprendre, est passionnée par la culture, les philosophes Grecs, et voudrait enseigner tout en traduisant Eschyle.
Une véritable fleur poussée sur un tas de fumier.
Et pourtant, elle va essayer de construire sa vie, en s'appuyant, malgré la violence qu'elle subit, sur l'amour de sa mère et de son frère, d'un petit ami, sur les animaux de la ferme, sur l'école.
Mais la vie en décide parfois autrement et Marthe devra subir son destin jusqu'au bout.

Un petit roman par la taille, presqu'une nouvelle, grand par l'intensité de son message, de son texte, de l'émotion qu'il suscite.
Ce texte est un « premier roman » ; il donne envie de découvrir ce que Nicolas Clément pourra écrire d'autre.
J'ai fait une découverte et je vous invite à faire de même..
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Je ne sais pas pourquoi, avant même de commencer ce livre, je savais que je l'aimerais.
On a parfois des intuitions, comme ça.
Et ce fut le cas, un véritable coup de coeur.
Quatre personnes dans une ferme.
Les parents et deux enfants.
Le père est violent, d'une violence inouïe.
Le trois autres se réfugient dans l'amour qu'ils se portent.
Marthe a sept ans au début de l'histoire, elle en a vingt à la fin.
Plus que l'histoire, douloureuse et tendre à la fois, c'est l'écriture qui est magique.
Quelle puissance dans le choix des mots,
quelle beauté dans la tournure des phrases
quelle poésie pour décrire l'horreur.
Peu de gens écrivent aussi bien, c'est très rare.
C'est un enchantement pour l'esprit, pour le coeur.
Un texte comme un poème, un long poème en prose.
Un livre à relire pour savourer toutes les choses qui ont du nous échapper,
parce que c'est riche, tellement riche des sensations, d'émotions.
Il y a tellement de phrases et de passages à relever, à admirer, à se souvenir.
Un pur moment de magie et de bonheur.
A lire et à relire, encore et encore
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Préface de ce livre écrite par Valentine Goby :

"Nicolas Clément crée rien moins qu'un territoire pour la beauté. C'est par la beauté qu'il nous tient, et non par le goût du malheur, du sang, du pire. C'est un tour de force."

- Grâce de ce roman, chaque image compte.

L'écriture de Nicolas Clément ne ressemble à aucune autre,
une pluie de velours entourée de ronces !

Une plaie à vif, qui mord et qui déchire,
douleur indicible de l'enfance brisée,
d'une maman massacrée,
d'un Papa qui ne sait parler qu'avec ses poings.

"J'avance dans le noir - j'ai dix huit ans".

" Je manque un peu de tout et ne rêve qu'en moitiés".

"Chaque sourire me sourient que la vie est bonne, qu'il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés".(p.59)

Livre percutant comme un long et violent coup de poing !

Trente six chandelles qui brûleront la vie de Marthe à travers ses mots d'une musicalité nue et d'une puissance étincelante !

Bouleversant !

* pour finir, écrit dans Le Nouvel Observateur par Isabelle Monnin, ces mots :
"Sidérante, la langue de Nicolas Clément est d'une poésie de ronce".



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Attention, pépite ! Et dire que j'ai failli passer à côté de ce livre paru en 2014, couronné de quelques prix et fort heureusement replacé sous les feux des projecteurs grâce à sa parution en collection Libretto dont il porte haut les couleurs et le numéro 500. Petit par la taille, grand par l'émotion. Quatre-vingt pages de pure beauté au service d'un récit pourtant dramatique. Une langue inventive, des expressions qui surprennent et retournent. Une syntaxe vivante et poétique. Un petit bijou parfaitement ciselé.

C'est par la voix de Marthe que nous est contée cette histoire, à la fois si banale et si terrible. Marthe habite avec ses parents et son petit frère Léonce, aide à la ferme lorsqu'elle n'est pas à l'école et surtout, tente de protéger tant bien que mal sa mère de la violence de son père.

"Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n'existe qu'à la ferme, hélas. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque".

Dès le début, le lecteur est prévenu, c'est bien à un drame qu'il va assister. Marthe a 16 ans lorsque sa mère succombe sous les coups. Et que par chance, sa rencontre avec Florent lui apprend que les corps peuvent être doux aussi.

"La bouche de Florent descend le long de mes cheveux. Je cherche sur ses lèvres des parents qui s'entendent et se comprennent. Je dois puiser dans cet amour".

Florent et Eschyle sont les deux béquilles de Marthe. Deux promesses d'évasion, l'un avec son amour, l'autre par l'instruction et la connaissance. "J'apprendrai leur grec. J'irai sur l'agora. Athènes sera ma seconde école, ma classe après la classe, l'entrée de mon étagère haut placée".

Marthe déborde de l'amour qu'elle porte à Léonce, son petit frère et à sa mère disparue. Un amour qui cache à peine la haine envers son père désormais emprisonné. Quitter Léonce pour suivre Florent aux États Unis sera une déchirure nécessaire, une façon de se donner une chance d'écrire une nouvelle page.

"Son odeur sur mon ciré, son goutte-à-goutte dans mes veines, naît, parle, éclaire et va chercher".

Là-bas, loin de la ferme, la vie se fait plus légère, plus douce. Marthe étudie, aime, s'épanouit.

"Aujourd'hui, je n'étais pas heureuse sans savoir pourquoi. Demain, je le serai de nouveau sans savoir comment. Je rame, le bonheur est là".

Mais Marthe n'oublie pas. Et lorsque le passé la rappelle, elle ne peut faire autrement qu'agir.

La plume de Nicolas Clément n'est que beauté, sublimant le moindre espace de nature, faisant naître l'émotion à chaque phrase. C'est magnifique.

NB : un grand merci aux Editions Libretto et à Babelio pour cette découverte lors de la soirée de présentation du catalogue 2016. Ravie d'avoir fait le déplacement, rien que pour cette petite pépite !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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