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EAN : 9782708253896
285 pages
ATELIER (05/05/2022)
4.17/5   3 notes
Résumé :

Les Roms, est-ce utile de le dire, font l’objet de nombreuses idées reçues et d’un rejet très fort. Or cette population est surtout très mal connue : dès lors, les préjugés sont tenaces. Nicolas Clément, aussi bien par sa grande connaissance de la population rom que par son expérience de terrain, nous en offre une image tout autre.

Dans des récits sensibles et incarnés, soutenus par des informations et données précises, l’auteur raconte les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un autre regard sur les Roms. Car oui, même de nos jours, on continue à nous dire "attention à vis filles, il y a une camionnette qui tourne. Ce sont des Roms. Ils prennent les enfants." Évidemment j'ai envie de demander dans ce cas "Ils les font cuire dans une grande marmite vous croyez ?", mais je me contente de "Vous m'emmerdez" et encore je ne fais que le penser car à quoi ça sert de se fâcher...
J'ai des souvenirs très marquants concernant les Roms et développé une certaine fascination à leur sujet, que je ne développerai pas ici - je le ferai dans quelques temps sur mon blogs quand je reprendrai l'écriture d'articles.
En tout cas, en savoir plus sur les Roms m'intéresse au plus haut point, pour pouvoir aller au-delà des préjugés si nombreux sur eux.
Nicolas Clément nous raconte. Il nous raconte son propre parcours avec les Roms, en commençant par ses propres a priori, la peur de se faire voler par exemple en allant dans les camps Roms. Il deconstruit ces idées reçues, les siennes qui sont aussi les nôtres, bien souvent, par son expérience personnelle mais aussi en s'appuyant sur des chiffres issus de rapports officiels d'organisations ou d'associations.
Il fait le point sur les Roms, par rapport aux roumains, aux bulgares, ainsi que les gens du voyage, leurs origines... Il donne du vocabulaire, il explique le mode de vie, sans éviter les contradictions. La contradiction par exemple entre la recherche de confort et le refus du renoncement à la vie en communauté.
Il nous oblige à réfléchir avant de porter des jugements négatifs : le refus de prendre une place en logement social d'urgence s'explique parfois par les contraintes trop fortes - impossibilité de faire à manger soi-même, impossibilité de recevoir du monde, impossibilité de s'absenter... L'absence à un rendez-vous s'explique aussi par le travail de nuit par exemple... et quand bien même l'un d'entre eux ne serait pas parfait, ce n'est évidemment pas une raison pour arrêter de l'aider.
C'est un livre utile pour mieux connaître les Roms et pour gagner en empathie car celle dont déborde Nicolas Clément ne manque pas de nous atteindre.
Si les Roms gagnent à être connus, Nicolas Clément aussi gagne à être connu à n'en pas douter.
Merci à Babelio d'organiser masse critique et aux éditions de l'atelier d'y participer.
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Parce qu'il les accompagne au quotidien depuis plus de 10 ans , en région parisienne, Nicolas Clément est bien placé pour nous parler de cette communauté si souvent décriée et au fond si mal connue.

« Pour les médias tous les Roumains seraient Roms, or ils ne sont que 10 % du total des Roumains ayant émigré dans les années 2000 et c'est aussi leur part en Roumanie. » Rejetés d'une bonne partie de la population et en très grande précarité dans leur pays, ils n'ont guère le choix que de migrer pour tenter de s'en sortir.

En région parisienne on les retrouve le plus souvent dans ce que les autorités appellent « Campements illicites » , les associations des « bidonvilles » bien qu'ils n'abritent souvent que quelques dizaines de personnes. Eux parlent de « platz », terrain en allemand, « installés entre deux bretelles d'autoroutes, le long de voies de chemin de fer, sous les verrières d'usines abandonnées ». Sur des terrains souvent boueux ils se construisent des baraques très bien tenues et « coquettement organisées ». Ils en sont régulièrement expulsés et éventuellement relogés , souvent de façon très provisoire, dans des centres d'hébergement ou des hôtels.

Nicolas Clément raconte ces conditions de vie, les difficultés à gagner sa vie , à assurer un suivi scolaire aux enfants quand les parents n'ont aucune stabilité de logement, la difficulté du moindre acte administratif quand on n'a pas de domiciliation officielle, la violence symbolique des expulsions et leur absurdité financière, les contraintes imposées dans les centres d'hébergement. Il parle aussi de la grande solidarité familiale au sein de cette population, de la fierté des enfants progressant à l'école et de l'accueil chaleureux qu'il rencontre dans ses visites.


Dans un chapitre intitulé « Oser la rencontre », il rappelle, texte de 1851 à l'appui (voir rubrique citations), que « Ce qui se dit aujourd'hui sur les migrants et plus encore sur les Roms (envahissement, saleté repoussante, dégradation morale et donc délinquance, mendicité, incapacité à s'intégrer...) se disait déjà des Français habitant à quelques dizaines de kilomètres à peine de la ville qu'ils allaient envahir »( les Bas-Bretons fuyant la misère des campagnes )

Dans ce livre bien documenté , d'une lecture facile et enrichissante, c'est bien à un autre regard sur les Roms qu'on nous invite . « Cela suppose d'abord de changer de regard. Ou du moins , d'accepter de regarder et de rencontrer. Quitter les idées toutes faites et les stéréotypes et aller vers des personnes, pas se contenter, comme bien souvent, de leurs représentations. »

Osons la rencontre !

Je remercie les Éditions de l'Atelier et Babelio pour cette lecture instructive .
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Au risque de paraphraser @Darjeelingdo, je ne peux que me rallier à sa critique.

Les Roms, peuple relativement méconnu, souvent allié aux roumains. Bien qu'ils proviennent en majeure partie de Roumanie, du moins dans ceux qui sont cités dans le livre de @Nicolas Clément.
Parcours hasardeux pour beaucoup, fait de rêves qui se heurtent à la dure réalité des sans-papiers ou presque, transbahutés de camps provisoires en chambres d'hôtel pour quelques nuits avec toutes les restrictions y inhérentes, rejetés de beaucoup car peu de personnes veulent réellement voir la pauvreté quand elle est à leur porte.
Et puis se profile chez les Roms, l'idée de ne pas abandonner les siens, le clan. A quoi cela sert d'être logé à deux heures de Paris si les contraintes scolaires des enfants, le boulot précaire et ses déplacements vous amputent de la majeure partie de votre salaire ou de vos allocations, sans ne plus pouvoir faire appel à la famille pour vous aider.
Et que dire de toutes les difficultés administratives ! je cite pour exemple le fait que pour ouvrir un compte bancaire, la carte d'identité doit être signée. Malheureusement, la Roumanie n'impose pas cela d'où difficultés. Et cela n'est qu'une infime part des difficultés rencontrées.
Mon propos n'est pas de décrire le chemin difficile emprunté par les Roms mais de vous aider à découvrir un autre peuple, à poser un regard différent sur eux et à les accepter comme un des vôtres, même si ce dernier rencontre des difficultés.
N'aiderions-nous pas quelqu'un de notre "race", alors pourquoi pas eux ????
Mon propos est sans doute tendancieux mais je suis restée marquée par ces récits de vie. Je remercierai d'ailleurs les éditions de l'Atelier ainsi que Monsieur Clément en privé.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Deuxième point commun de ces expulsions : leur grande violence. Pas physiquement ( peut-être parce que les associations s’efforcent d’être présentes à chaque fois) mais symboliquement. D’abord par l’énorme déploiement de forces policières ultra équipées alors que les habitants (c’est même frappant) ne se révoltent jamais ! Ensuite par la présence, presque à chaque fois, des engins de démolition qui interviendront sitôt l’expulsion réalisée. Bien souvent ils se mettent en action dès le dernier habitant sorti de sa baraque. Ainsi, les habitants peuvent voir voler en éclats les lieux où ils ont vécu pendant des mois. Parfois tout de même aussi, grande violence de propos. Ainsi, lors d’une évacuation, l’un des policiers chargés de vérifier que les baraques étaient vides avant de les faire détruire, glissait à son camarade (sans repérer qu’il était entendu) : «  Quand on va entrer dans les baraques, moi je regarde partout, sous les lits, partout, parce que c’est comme les rats, ils se cachent partout ! » Et son collègue de répondre : « Moi, je vais flanquer des coups de hache partout : si ça crie, ce sera qu’il y avait quelqu’un de caché sous les couvertures. »
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« Nos espérances se décourageraient si les quartiers misérables dont nous poursuivons l’assainissement, devaient être régulièrement infectés, le mot n’est pas trop fort, par ces invasions de mendiants qui viennent de XX. Ces populations étrangères à notre département, chez lesquelles la malpropreté la plus repoussante est une seconde nature et dont la dégradation morale est descendue à un niveau effrayant, viennent périodiquement encombrer nos quartiers les plus pauvres et les plus insalubres [...]. Lorsqu’ils parviennent à occuper des habitations qui ne sont pas, par elles-mêmes, dans des conditions d’insalubrité, leurs habitudes d’une malpropreté hideuse, sur la personne, les vêtements, dans toutes les fonctions usuelles de la vie, ne tardent pas à y créer une insalubrité grave [...]. Les mesures tendant à arrêter l’envahissement du mal seraient non moins dans l’intérêt de la population de notre ville que dans le véritable intérêt de ces infortunés [...]. La plupart ne comprennent ou ne parlent que XX ; ils sont donc dans l’impossibilité de pouvoir s’employer utilement, sauf le cas exceptionnel de grands travaux de terrassement. La charité publique ne leur est pas accessible parce qu’elle n’est acquise qu’à certaines conditions de domicile; leur seule ressource est la charité privée, c’est à dire son exploitation par la mendicité. »

Les mots « datent ». Mais, dit un peu différemment, on pourrait retrouver aujourd’hui un tel discours. Or, ce rapport est de ...1851; il a été rédigé à l’attention du maire de Nantes et les terribles populations décrites sont simplement des Bas-Bretons fuyant la misère de leur campagnes et venus tenter leur chance à la ville.
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Comme le dit l’essayiste Georges Elgozy : «  On imagine mal la somme de catastrophes que chacun peut supporter dans l’indifférence, pour peu qu’elles s’abattent sur autrui. »
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