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« On nous interdisait de rester, on nous interdisait de partir, on voulait nous interdire de vivre ».

Je ne sais pas vous, mais moi, je deviendrais folle !
Et pourtant, c'est ce qu'ont connu les Juifs au 16e siècle (et pas seulement), qu'ils soient convertis au christianisme par convenance – et donc appelés les Marranes, càd les porcs ! – ou qu'ils soient restés Juifs.

Beatriz de la Luna, nom christianisé, ou Gracia Nasi de son vrai nom, ou encore Beatriz Mendès de son nom d'épouse d'un des plus puissants commerçants de son époque, cette Beatriz a été appelée « la Señora » par les Juifs expatriés de tous les pays occidentaux. Elle a créé des réseaux pour les aider à fuir les persécutions. C'est donc une grande dame. Qui a existé !
Mais cette dame ne m'a pas paru du tout sympathique ; apathique par moments, colérique d'autres fois, je n'ai jamais su la cerner avec précision. Il faut dire que le narrateur – son neveu de cinq ans son cadet – a plutôt privilégié son propre point de vue, fort subjectif vu qu'il était amoureux d'elle, et donc continuellement jaloux et frustré de n'avoir pas pu concrétiser cet amour.
Ce Josef Nasi l'a accompagnée dans ses pérégrinations à travers l'Europe jusqu'à Istanbul, en passant par Anvers, Venise, Ferrare, Ancône, et même en allant jusqu'en Palestine.
Un neveu bien colérique lui aussi, n'hésitant pas à la gifler ou à lui parler durement, à traiter les femmes d'une manière « non adéquate ». Pas sympathique du tout, non plus.

Il a joint à son récit d'amour frustré la relation des guerres, machinations politiques, commerciales, religieuses...qui ont foisonné en ce 16e siècle explosif. Guerres de religion, Inquisition, tortures diverses : il faut du cran pour vivre à cette époque, surtout lorsque l'on est juif.

Je suis amatrice de romans historiques, ici il ne s'agit pas d'un roman, mais bien d'une espèce de biographie romancée. Disons que le point central, c'est le narrateur et sa propre vie. Beatriz m'est apparue assez secondaire et vraiment caractérielle. Donc si mon appétit pour le 16e siècle a été comblé – ô combien ! – je suis restée un peu sur ma faim en ce qui concerne l'empathie et la compréhension des personnages principaux. Et puis l'enchainement des faits m'a paru par trop enlevé, sans répit d'aucune sorte. Je ne suis pas une historienne dans l'âme, et même si j'adore connaitre la façon de vivre et les faits principaux d'une époque, il faut que ceux-ci soient un peu romancés pour me faire rêver, pour que s'épanouisse mon imagination.

Avis donc aux amateurs d'Histoire : la Señora a un drôle de caractère et un neveu inflexible mais ceux-ci vous combleront grâce à leur participation à tout ce qui a construit le 16e siècle.
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Parmi les femmes remarquables de la Renaissance, Élisabeth Ière, Catherine de Médicis ou Lucrèce Borgia. il y eut la singulière, riche et influente Gracia Nasi, (1510-1569) qui naquit à Lisbonne, mourut à Constantinople, géra une immense fortune qu'elle prêta aux rois et hommes de pouvoir, vint en aide aux juifs persécutés à travers l'Europe et lutta contre les différents monarques qui tentèrent de s'approprier sa fortune.
Née au sein d'une famille juive espagnole qui s'enfuit au Portugal en 1492 et qui dut se convertir quelques années plus tard, elle fit un riche mariage, eut une fille, vécut à Anvers une fois veuve, puis à Venise et à Ferrare, s'installa à Constantinople où elle fut accueillie par Soliman le Magnifique. Dirigeant la « Banque Mendes », aussi puissante que celle des Médicis, Gracia Nasi, fut surnommée « Le Coeur de son peuple », « La Senora », figure de la bienfaitrice, qui organisa de véritables réseaux pour les juifs et marranes percutés, fit construire des synagogues et des yeshivas et traduire la Bible en judéo-espagnol, se fit accorder par Soliman un bail dans la région de Tibériade, pour y reconstruire des villages destinés aux réfugiés.

Sa vie tumultueuse, se prête à la saga romanesque. C'est via l'existence de son célèbre neveu Joseph Nassi (1524-1579),associé fidèle devenu ensuite une figure importante de la cour de Soliman le Magnifique qui le fit seigneur de Tibériade et duc de Naxos que renaît La Senora. Catherine Clément offre à ses lecteurs une grande fresque dans laquelle Gracia Nasi est au second plan, mais bien entendu omniprésente, et dans la vie, et dans les souvenirs de son insupportable neveu qui lui voue un amour ambigu . Les amateurs apprécieront ce savant dosage d'Histoire et d'aventures romanesques notamment entre les murs de la Sérénissime ou sous les fastes du règne de Soliman le Magnifique .
Hélas pour moi, avant de lire ce roman, j'ai lu Doña Gracia Nasi de Cecil Roth, et la fresque de Catherine Clément a bien du mal à rivaliser avec l'ouvrage, certes universitaire mais qui montre cette femme exceptionnelle dans toute sa complexité: trois patronymes, deux religions, l'une de façade, l'autre secrète, une existence oscillant entre catholicisme et judaïsme, entre Orient et Occident, qui vivait à l'espagnole dans le quartier européen de Constantinople, une femme dotée d'un grand sens politique qui comprit que les nations avaient besoin de réseaux marchands, se servit de ces mêmes réseaux pour organiser la fuite des juifs et des marranes, et organisa le boycott d'Ancône, port des états pontificaux, en réaction aux agissements de l'Inquisition.
Je remercie Latina pour le conseil de lecture, et attends avec impatience de voir le film que le réalisateur Amos Gittaï va lui consacrer.
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Clément Catherine
La Senora
Donna Gracia Mendez Nassi (1510-1569)
Son nom chrétien était Béatriz de Luna et s'est appelée aussi Dona Mendès, Hannah Gracia Nasi ou La Senora (la dame)
Au départ je pensais m'installer et vivre une aventure de femme, du 16ème, quelqu'un qui pour son époque aurait été quelqu'un de particulier, mais surtout je pensais lire une histoire. En avançant dans ce livre, des questions se sont posées, mais c'est un roman ou c'est historique. Je suis donc allée me renseigner, non c'est historique. Comme j'aime les femmes qui marquent leur temps ou leur époque, fatalement je m'y suis attelée.
Qui est donc cette Senora
Je cite : une femme légendaire, dont le destin exceptionnel intrigue et fascine… plusieurs milliers de Marranos et d'autres juifs persécutés ne lui donnaient pas d'autre nom que « notre Ange »
Mais un petit résumé s'impose :
Je vous donnerais le 4ème de couverture ,
Pourchassée par l'Inquisition, expulsée successivement de Lisbonne, Anvers, Venise, Ferrare, le destin extraordinaire de la Senora s'achève en apothéose dans l'Empire ottoman. de son vrai nom Gracia Nasi, cette jeune et séduisante héritière d'une immense fortune, ennemie des Habsourg, des papes et de la république de Venise, incarne aujourd'hui encore la fierté et la douleur des Marranes, ces juifs contraints à l conversion, ces nouveaux chrétiens pour lesquels elle est devenue une figure de légende, et dont l'auteur restitue l'existence épique et romanesque
Au coeur de l'Occident déchiré par les haines religieuses et les conflits politiques, elle va organiser des réseaux destinés à la fuite des persécutés et des victimes de l'intolérance. Avant de payer chèrement la protection d'Istanbul, elle commandite la Bible de Ferrare, première bible en judéo-espagnol, magnifique emblème qui lui sera dédié et la fera entrer dans l'histoire
La Senora et son neveu sont les héros de cette fresque flamboyante où se mêlent péripéties amoureuses et querelles théologiques, initiation à la puissance politique et grands événements de l'époque. Roman vrai, mais aussi conte, épopée, La Senora est encore une prière, un chant d'amour, un mémorial
J'ai lu aussi et je cite : un étudiant du nom de Christopher Marlowe entendit un soir l'histoire de Gracia Nasi, il confondit Chypre et Malte et ne retint à son réveil qu'une livre de mémoire, une parcelle de vérité ; un mauvais négociant juif avait réussi, par ses ruses à tromper les princes européens…. Il en fit une pièce qu'il intitula « le Juif de Malte »
Plus tard William Shakespeare à son tour eut connaissance de cette pièce et transforma Josef Nasi, duc de Naxos en Shylock : le Marchand de Venise
Un excellent livre (pour ma part certes) une fameuse épopée, des vies incroyables, un rappel de l'histoire sous Charles Quint avant et après….
Je n'ai pas loupé une seule voyelle, je me voyais là, comme dans un film.
Pour bien comprendre qui sont les Marranes, qui elle est et ce qui la caractérise ainsi que le parcours chaotiques de ces Marranes si vous le désirez, allez voir le site : http://www.terredisrael.com

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Il s'agit plutôt d'une biographie romancée, à la limite d'un livre d'histoire, centré autour de la figure emblématique de Gracfia Nasi, plus connu sous le nom de la Señora et/ou Beatris Mendès.

Au travers le portrait du narrateur - Josef Nasi, duc de Naxos et accessoirement le neveu de Gacia Nasi - Catherine Clément évoque la vie mouvementée de la Señora ainsi que l'histoire du peuple juif ayant vécu dans l'Europe du XVIe siècle, et, plus particulièrement dans le sillage du règne d'Isabelle la catholique.

Des recherches historiques ont été effectuées par l'auteur. En effet, Beatriz Mende / Gracia Nasi et sa famille ont réellement existé. Même si ce roman tient plus du documentaire, même si il n'est pas facile d'accès pour le simple profane, il reste malgré tout intéressant à lire car il permet de découvrir tout un pan de l'histoire du peuple juif quelque peu méconnu du grand public : celui se situant peu de temps après la Reconquista menée par les souverains espagnols Isabelle et Ferdinand de Castille ainsi que la haine envers les juifs qui s'ensuivirent un peu partout en Europe.

Un bon moment de lecture où l'on apprend, mine de rien, de nombreuses anecdotes sur le mode de vie, etc, du peuple juif vivant à cette époque, alors en proie à de multiples rebondissements, et, cela au travers la vie tumultueuse de l'héroïne. Par moment, on peut se demander si le récit est vraiment objectif. En effet, le propre neveu de la Señora - Josef Nasi - en est le chroniqueur. On peut donc penser qu'il décrit les moindres faits et gestes, les moindres paroles de sa tante avec les yeux de l'amour, sans en voir les travers, si travers il y a chez sa parente.

A part cela, le présent ouvrage est à lire, à découvrir si l'on est tant soit peu curieux.

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Un livre intéressant pour qui ne connaît pas trop bien le sujet. le livre est très documenté, on le sent, mais il m'a semblé que c'était presque plus l'histoire du Duc de Naxos que celle de la Senora, même si leurs vies semblent avoir été intimement mêlées. le côté romanesque doit prendre le pas sur l'Histoire de temps en temps, et j'ai recherché si Senora et Duc avaient existé, oui, ils ont bien existé. et une biographie de la Senora existe, que je ferais bien d'aller lire :)
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Née à Lisbonne dans au sein d'une famille marrane, Gracia Nasi (connue aussi sous le nom de Beatriz de Luna, son nom chrétien), est toujours aujourd'hui une des figures importantes de l'histoire des Juifs. Issue d'une famille aragonaise qui avait fui l'Espagne au début de l'Inquisition, celle qui est connue sous le nom de la Senora épousa le banquier Francisco Mendes qui possédait une des plus importantes banques du continent européen et à qui toutes les cours étaient redevables.

L'histoire de la Senora, c'est celle d'un siècle où guerres de religions sévissent de l'Occident à l'Orient en passant par Anvers, Ferrare, Venise et Istanbul. Et elle, la richissime banquière, veuve très jeune, dédiera sa vie à sauver ses frères juifs souvent contraints à la conversion en utilisant sa fortune et tout le pouvoir qui en découle, avec à ses côtés son neveu Joseph Nasi, connu aussi sous le nom de João Miquez, qui devint duc de Naxos et inspira le Juif de Malte à Christopher Marlowe et le marchand de Venise à William Shakespeare.

Une vie digne d'un roman avec ses intrigues, ses personnages, de Charles Quint à Catherine de Médicis en passant par Soliman le magnifique, ce qu'a bien compris Catherine Clément lorsqu'elle entendit parler de ce personnage et se mit en quête de la Senora. Ce qui nous donne un roman historique fouillé et passionnant de plus de 400 pages dont on sort avec l'impression d'avoir compris nombre de détails historiques.

À cette vie d'intrigues de toutes sortes, au coeur même de l'Inquisition, s'ajoute une histoire d'amour : celle entre une tante et son neveu, lesquels n'ont que cinq ans d'écart et ont grandi ensemble. Une histoire bien sûr impossible, mais qui fera qu'ils ne pourront qu'être constamment là l'un pour l'autre, ensemble, malgré les vies qu'ils mènent chacun de leur côté. Parce que, comme le disaient les personnages de la femme d'à côté de Truffaut : Ni avec toi ni sans toi.

Un roman bâti à la manière des Contes des mille et une nuits, où celui qui raconte n'est nul autre que le comte de Naxos lui-même et celui qui l'écoute son valet, alors que les derniers jours de Joseph Nassi sont comptés.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Au delà de tout ce qui a déjà été écrit sur la richesse historique de ce roman, sur les drames personnels qui se jouent, quelque chose d'autre m'a interpellée .
Une famille, voire une seule femme, concentre, par héritage, une fortune colossale, au point d'influencer les politiques.
Je me demande si le grand capital au XXI siècle est différent du grand capital au XVI siècle ... quelles que soient les mains qui le détiennent... mêmes causes mêmes effets ?
Le personnage principal est très attachant même si j'ai parfois trouvé que le roman manquait un peu de rythme .
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ferrare-les-dames-des-temps-jadis-isabelle-deste-et-beatriz-de-luna-lucrece-borgia/
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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J'ai relu avec plaisir 20 ans après les tribulations de Beatriz de la Luna et de joseph Nasi, du futur duc de Naxos. de Lisbonne, au temps des Grandes Découvertes à Anvers, puis Venise, Ferrare et Istanbul et la Palestine; Tout l'avènement du monde moderne se dessine, entre le pouvoir de l'argent de la banque Mendes qu'utilisent les rois et les empereurs, les persécutions de quatre papes...Le narrateur est familier de Maximilien Habsbourg, puis du sultan Sélim, l'histoire, commencée avec le sac de Rome, se termine à la bataille de Lépante.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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