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EAN : 9782226440808
304 pages
Albin Michel (02/09/2020)
2.96/5   14 notes
Résumé :
En Europe, on a brûlé les sorcières jusqu'au XVIIe siècle. Elles n'étaient coupables que d'une seule chose : être femme. A la veille de la Renaissance, un pape avait proclamé que toutes les femmes étaient sorcières. Bonnes à tuer pour protéger le "membre viril" disent les textes. Toutes ces cruautés à peine balayées par la Révolution française, l'impure sorcière fut bientôt transformée en son contraire : la très pure Sainte Vierge.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans un premier temps, cet essai déconcerte. Ce n'est pas l'idée que je me fais d'un essai pointu et souvent « hermétique ». « le musée des sorcières » est un ouvrage didactique, récréatif et historique sur la représentation de la femme depuis le Moyen Âge. La caricature de la sorcière faite par des hommes phallocentriques est grotesque. Cette vision de la femme est relayée par l'Eglise. Pour l'anecdote, j'ai découvert que les parisiennes étaient autorisées à porter le pantalon depuis février 2013 ! Il a fallu un texte de loi pour légitimer ce droit !
Les cheveux détachés et les danses sont démoniaques et attirent l'homme loin de ses « vertus ». La femme est de nature faible, lubrique. Elle est un péché. Il a fallu le traité Malleus Maleficarum (Marteau des sorcières) pour chasser, torturer les sorcières. Catherine Clément remonte jusqu'à l'épouvantable Médée qui égorgea ses enfants, trahie par Jason au retour de l'épique vol de la Toison d'or pour décrire la sorcière.
La religion n'est pas loin. S'affrontent les protestants et les catholiques. Les pratiques et la spiritualité jansénistes seront condamnées après la révocation de l'édit de Nantes. Les religieuses catholiques, visionnaires et émotives seront maltraitées et tourmentées par le pouvoir temporel avant d'être déclarées sainte pour certaines d'entre elles.
Les balbutiements de la psychanalyse offrent de nouvelles perspectives. La femme n'a rien de diabolique. Elle est sujet à l'hystérie, une maladie des organes reproducteurs féminins.
Les histoires racontées dans cet essai seraient cocasses si la mort ne s'était pas invitée. Les sorcières ont été torturées, noyées, brûlées. L'inquisition aussi assouvira les désirs furieux d'hommes dominés par leurs instincts et le pouvoir.
Même dans nos sociétés contemporaines, je ne pense pas que nous en ayons finis avec cette définition de la femme ensorceleuse. J'espère seulement, qu'il n'y aura pas de recul dans les acquis sociaux des femmes à cause de pseudo-religions et de sectes mortifères.
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Catherine Clément, romancière et philosophe, propose un essai et une réflexion sur l'histoire des sorcières en Europe du XVe au XXIe siècle. Elle dresse un portrait de celles qui ont connu la chasse aux sorcières, véritable crime contre l'humanité lancé par la diffusion du traité de démonologie, le Marteau des Sorcières, qui a profondément fixé le dogme chrétien.
Ce traité des deux inquisiteurs dominicains Institoris et Sprenger publié à Strasbourg en 1486, véhicule les idées misogynes selon lesquelles une femme qui pense seule pense mal, que son regard est une véritable substance qui diffuse du poison, que les déesses du paganisme sont très actives à l'intérieur de son corps… de gigantesques procès de sorcellerie menant à la torture et aux bûchers deviennent la défense de la foi catholique contre ses femmes qui infectent l'humanité.

Une véritable persécution renforcée par des missions judiciaires se répandent dans toute l'Europe au XVIIe siècle. Des femmes de pêcheurs du Labourd qui selon Pierre de Lancre, auteur du Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons en 1612, vont au sabbat et dansent la sarabande les cheveux détachés à des cas plus particuliers comme celui du modèle de toutes les possédées Nicole Obry, éprise de convulsions et de contorsions, sont autant d'exemples de dénonciation de femmes portant les fameuses marques du diable. Face à ce déchaînement, des exorcismes publics sont mis en place. Lors de ces cérémonies, la présence d'un médecin est souvent de rigueur pour affirmer que le démon n'a rien de diabolique... le malaise des possessions démoniaques serait en réalité une maladie comme le démontrera au XIXe siècle le professeur Charcot, neurologue à la Pitié Salpêtrière, en parlant d'hystéromanie ou de grande hystérie.

Le XIXe siècle voit également la femme possédée se transformer en prophétesse visionnaire et de nombreuses visites de la Vierge se multiplient comme en témoignent l'apparition de la vierge miraculeuse à Catherine Labouré ou encore à Bernadette Soubirous… L'impure sorcière commence sa rédemption.

Qu'en est-il aujourd'hui de la survie des sorcières au XXIe siècle ? Guérisseuses, démonologues des temps modernes, issues de la tendance féministe ou encore partisanes de la Wicca (chamanisme, druidisme ou retour au paganisme celtique ou gréco-latin), ces sorcières des nouveaux temps, toujours hors cadre, semblent inestimables en termes de renouvellement des champs symboliques.
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En préambule : « les génocides du 20ème siècle ont plongé dans l'oubli ce long crime contre l'humanité que fut la chasse aux sorcières en Europe et dans ses colonies ».

Catherine Clément, nous emmène à la chasse aux sorcières, qui a duré des siècles. Un véritable génocide.

Tout commence avec "Le marteau des sorcières", manuel d'inquisition écrit en 1486.

"Pierre de Lancre, 1609. Chargé par Henri IV d'épurer la région du Labourd, région basque réputée « infestée de sorcières. » Après avoir bien fantasmé sur le Malin sodomisant les gueuses aux cheveux libres (...), le zélé serviteur livra aux flammes en place publique, en l'absence des hommes partis chasser la baleine, 80 femmes, maudites païennes coupables donc d'avoir....dansé la sarabande, d'avoir eu des moeurs un peu trop légères à son goût".

"La chasse aux sorcières ne prit fin que sous Louis XIV, qui y mit un terme en 1682 non par bonté d'âme mais simplement pour protéger sa favorite Mme de Montespan (donc la Cour), impliquée - sans doute à tort - dans la sulfureuse Affaire des Poisons".


J'ai apprécié cette lecture, très bien documentée. Un hommage à toutes ces femmes emprisonnées, torturées, et condamnées.



« Une femme qui pense seule pense à mal »
Lien : https://monjardinleslivres.b..
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Le religieux est très présent, forcément présent, et m'a pas mal embrouillé dans les repères d'époque et de noblesse.
L'autrice est extrêmement documentée et une sommité dans son domaine.
Une lecture très instructive à la fois drôle et effrayante0.

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De la chasse aux sorcières qui débute en Europe au 13ème siècle jusqu'à nos jours, Catherine Clément nous retrace l'histoire de ces femmes qui ont été persécutés légalement pendant des siècles.
Si le début du livre commence vraiment comme la description de l'intérieur d'un musée, la suite expose surtout un grand nombre d'histoires de sorcières, comme une longue collection d'horreurs réparties sur les siècles qui nous ont précédés. L'auteur a fait un énorme travail de recherche pour rassembler tout cela.
J'avoue que je me suis un peu ennuyée sur la fin car les histoires se ressemblent un peu trop (malheureusement et c'est vraiment atroce) et j'ai fini par perdre l'intérêt que l'ouvrage avait suscité chez moi lors des premières pages. Je pense, mais c'est très personnel, qu'il aurait gagné à être plus court.
En bref : mitigée.
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
07 juin 2021
L’ouvrage, documenté et précis, souligne que ces prétendues « sorcières » ont été mises à mort parce qu’elles étaient coupables d’une chose : être femme.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Une femme qui pense seule pense à mal »
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Videos de Catherine Clément (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Clément
Jérémy Chaponneau, chargé de collection au département Philosophie, histoire et sciences humaines, vous propose un programme de lectures autour des voyages d'Henri Cartier-Bresson : « le Musée du peuple mexicain », Pedro Ramirez Vazquez, Vilo, 1968 https://c.bnf.fr/NKm « La Nuit de Tlateloco », Elena Poniatowska, Éditions CMDE, 2014 https://c.bnf.fr/NKp « Autobiographie ou Mes expériences de vérité », Gandhi, PUF, 1982 https://c.bnf.fr/NKs « Gandhi : la biographie illustrée », Kapoor Pramod, Chêne, 2017 https://c.bnf.fr/NKv « Gandhi, athlète de la liberté », Catherine Clément, Découvertes Gallimard, 2008 https://c.bnf.fr/NKy « Mahatma Gandhi », Romain Rolland, Stock, 1924 https://c.bnf.fr/NKB « Mahatma Gandhi : a biography », Bal Ram Nanda, Oxford India paperbacks, 1959 https://c.bnf.fr/NKE « Histoire de l'U.R.S.S. », Nicolas Werth, Que sais-je ?, 2020 https://c.bnf.fr/NKH « Staline », Oleg Khlevniuk, Gallimard, 2018 https://c.bnf.fr/NKK « U.R.S.S. », Jean Marabini, le Seuil, 1976 https://c.bnf.fr/NKN
En savoir plus sur l'exposition Henri Cartier-Bresson. le Grand Jeu : https://www.bnf.fr/fr/agenda/henri-cartier-bresson
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