Raphaël Moineau est agent de surveillance au musée du Louvres. Lui qui voulait être peintre mais dont un coup de colère a laissé la main infirme, arpente les galeries le long des toiles des grands maîtres. Devant les Bergers d'Arcadie, de Nicolas Poussin, une femme vêtue de jaune attire son attention. Sur le cadre de ce même tableau, il a trouvé, lors de sa ronde de la veille, une plume. Une jolie plume jaune. Machinalement, il la porte à son oeil, regarde par l'interstice, aperçoit la femme en jaune… Mais cette fois-ci avec deux ailes dans le dos. Il y a un mystère autour de ce tableau de Poussin. Après quelques recherches sur Poussin, son admiration pour
Virgile et pour Naples, il découvre d'autres plumes, toujours sur des vues de la cité italienne. En regardant dans l'interstice des plumes, il peut voir leur propriétaires: des anges, qui suivent de près leurs protégés. Alors le moineau s'envole pour Naples, bien décidé à en apprendre davantage sur la femme en jaune.
Quelle magie! J'ai été immédiatement touchée par ce personnage qui reste dans les coulisses des grands peintres, comme un oiseau aux ailes coupées. Son périple à Naples va mettre sur sa route des personnages étonnants, qu'il va apprendre à connaître en écoutant leurs anges, parfois fatigués de suivre ces hommes et ses femmes aux vies parfois tumultueuses, parfois tragiques, parfois à répétition. J'ai particulièrement été émue par l'histoire écarlate de l'ange aux ailes pourpres et ses vies plus sanglantes les unes que les autres. Dans une langue précieuse et soignée qui s'attache à créer à chaque histoire un univers colorée et tout en nuance, tout en légèreté, ce roman m'a déroutée et m'a émerveillée par sa capacité même à me perdre. Il est exigeant, certes, surtout quand on n'est pas familier de la langue italienne et des noms, et l'on a vite fait de se prendre au rythme des sons et la musicalité des phrases avant de se rendre compte qu'on a oublié de suivre l'histoire. Et pourtant, elle vaut la peine de s'y accrocher, car la femme en jaune est bien à Naples, et n'était pas par hasard devant ces tableaux du Louvre.