La petite illustration théâtrale, n°250 : Le beau métier

Le propos d' Henri Clerc, avec "Le beau métier", est de réhabiliter le "fonctionnariat", trop souvent décrié ou caricaturalement représenté par toute une tradition littéraire.
"Le beau métier" est né de la collaboration étroite de l'auteur dramatique et du fonctionnaire puisque Henri Clerc est lui-même chef de bureau au ministère des finances où il s'occupe des réparations que doit l'Allemagne au titre des dommages de guerre.
Cette pièce a été jouée, pour la première fois, en décembre 1929 au Théâtre National de l'Odéon.
Albert Barrail est un homme dont la vie professionnelle tend à supplanter la vie de famille, l'entourage de ses collaborateurs éprouvant pour leur chef une estime et une compréhension que sa femme et ses enfants n'ont plus pour lui.
La secrétaire de Barrail, Hélène Beaugé, une jeune fille intelligente et jolie, vit à ses côtés depuis quatre ans. A ce contact quotidien d'un homme dont elle apprécie les qualités, elle ne s'intéresse plus à ce qui se passe dans son propre milieu, qui est modeste et dont les préoccupations lui semblent trop terre à terre.
Souvent on pense qu'une intime amitié entre un homme jeune et une femme désirable aboutit fatalement à l'amour....
Pourtant le propos de la pièce ne s'arrête pas là. Son élément principal est la peinture de la lutte quotidienne entre l'honnêteté administrative et l'affairisme sous ses diverses formes.
Et c'est la raison du formidable succès et du retentissement de cette pièce hors des milieux du Théâtre. Après la répétition générale, les chroniqueurs d'actualité et les journalistes politiques lui ont consacré de nombreux articles de fond, en dehors des habituelles critiques dramatiques.
"C'est une pièce qui sort de l'ordinaire" dit Pierre Veber dans "le petit journal", c'est le drame original d'un honnête homme, une comédie sincère où, si les personnages restent des figures de théâtre, le bureau du directeur est un vrai bureau et l'air qu'on y respire est celui du ministère. Les coups de téléphone, les réponses, le ton dont on reçoit les gens, les affaires à étudier, les faits, tout cela semble encore aujourd'hui de la plus pittoresque exactitude.