Quoi ? Encore une commande d'éditeur en mal de lecteurs branchés passée auprès d'écrivains plus couperosés qu'acnéiques pour qu'ils nous content comment c'était mieux avant, du temps du punk ? Je tique ! Je m'insurge ! Encore une compil de textes écrits à la va-comme-je-te-pond par des quinquagénaires nostalgiques de leurs années rebelles, des comptes rendus éthyliques et virils du type « j'y étais, c'est moi sur la photo, là, le petit derrière Strummer !» ? Je pouffe !
Et puis, je lis. Et malgré toutes mes craintes, je m'embarque. Il faut pas la leur faire, aux pointures du polar français réunies ici. En inventant des personnages directement sortis de l'univers des Clash, des Jimmy Jazz, des Rudy, des Ray Gange, ils brodent des récits autour du groupe plutôt que sur leurs propres souvenirs, et évitent l'écueil de l'artificialité de l'exercice pour composer au final un recueil cohérent, souvent drôle. 19 nouvelles avec pour titre une chanson des Clash, 19 courtes histoires, 19 styles : une dentelle s'ébauche (même si certains ont oublié de déchausser leurs gants de boxe).
Parmi ces 19 voix, certaines ne sont pas sans rappeler les petits punks tendres et gauches de
John King dans
Human Punk, comme l'ado amoureux de
Thierry Gatinet dans Koka kola, qui se situe dans cette veine sensible et réaliste. Alors que d'autres se rapprochent plus des barges d'
Irvine Welsh sans la face glauque : les supporters de foot guingampais de
Frédéric Prilleux dans Four Horsemen sont franchement désopilants, tout comme le tenancier, hilarant malgré lui, du magasin de chaussures discount « Clash Chaussures » dans Lover's rock de
Jean-Bernard Pouy. Et dire que j'ai failli passer à côté.
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