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Critique de Chatoon


«De père légalement inconnu » de Françoise Cloarec
En 1949, au cours d'une réception, Camille est présentée à la société huppée de Hué, ville du centre de l'Annam. Elle est la fille du colonel Régis Delore et de Thi Vien, fille de mandarins estimés. Ce sera le seul souvenir qui aura échappé à l'amnésie de cette toute petite enfant.
Mais qui est ce père ? Camille a maintenant 60 ans. Elle est mère et grand-mère. Elle se rend au centre d'archives du Ministère de la Défense et rencontre l'adjudant-chef Bastillac. Il aide tous ceux qui sont à la recherche d'un ancêtre. Il sait observer, « un peu détective, un peu freudien ». Il va remonter le fil de cette vie et retrouver la trace de ce père.
En 1947, le colonel Régis Delore est à Hué. Il tombe amoureux de Thi Vien. Celle-ci est bientôt enceinte. La femme et les enfants du colonel sont restés en France. Il ne veut ni se soustraire à ses responsabilités, ni reconnaitre sa fille. Il tranchera en décidant qu'elle sera envoyée en France, partageant ainsi le sort de 4500 autres enfants métis. Elle portera les stigmates de deux continents, de deux univers opposés et en guerre. Elle s'appellera Camille, comme sa grand-mère paternelle. Avec cette nouvelle identité, son prénom vietnamien sera effacé et son père sera désormais légalement inconnu, mais présumé français. Arrivée dans un pensionnat à Illiers-Combray, Camille perdra tout ancrage. Régis Delore, devenu général, habite dans les environs du pensionnat et veille de loin sur sa fille. Camille incarne sa part de mystère. Il meurt le jour du Têt, le 16 février 1980.
Grâce à l'adjudant-chef Bastillac, la quête de Camille se termine. Elle retrouve ce père fantomatique qui désormais prend corps. Son histoire va pouvoir s'écrire au présent : Régis Delore, un homme, un père, un mort. Elle a trouvé un nom, un destin, une histoire, la sienne. Victime collatérale de cette guerre, elle retrouve enfin son identité, 40 ans après.
Françoise Cloarec, psychologue, psychanalyste, peintre et écrivain, retrace sans pathos mais avec empathie, de sa fine plume de clinicienne, cette « fiction librement inspirée de faits réels». L'auteure nous avait précédemment amenés sur les traces de Séraphine de Senlis, femme de ménage et peintre talentueuse que la maladie mentale avait envahie. Dans ce nouvel ouvrage, le regard compétent de cette experte, se porte sur le destin douloureux de ces enfants nés dans le fracas de la guerre. Ils ont été légalement abandonnés et sont désespérément en quête de leur filiation. Touchant d'émotion retenue.
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