Récit historique d'un témoin qui a été au coeur de l'action durant toute cette période du vingtième siècle qui a façonné notre monde contemporain.
Gaulliste s'il en est, comment ne pas sourire à la phrase d'exergue :
"A chacun sa vérité, mais toutes les vérités sont bonnes à dire
Si le poisson qui sort de l'eau prétend que le crocodile qu'il a vu au fond n'a qu'un oeil, qui pourra le contredire ?" Dicton bantou.
Car c'est ce livre, pour toutes les "petites histoires" racontées par cet homme libre qui se moque des conventions et nous rappelle que
L Histoire, comme le reste, ne dit pas la vérité, mais en est une interprétation, une fabrication même souvent.
Quel que soit le sujet, de la mort du maréchal E.
Rommel par exemple :
"La « vérité vraie » est quelque peu différente de cette légende répétée par tous les historiens qui ont écrit et publié à l'époque" ou bien encore sur la guerre des Malouines :
"Plus nombreux encore sont ceux qui par le monde n'ont lu ou connu que la vérité des Anglo-Saxons sur les causes et le déroulement de cette triste guerre. Il aura fallu attendre la guerre du Golfe pour subir un tel déferlement de contrevérités !"
Ce livre est simplement indispensable car M. Clostermann ne cesse de se moquer des éditorialistes qui se prennent pour des journalistes et se fient au poisson du proverbe Bantou... Jouissif.
"le journaliste a le devoir de raconter objectivement ce qu'il a vu, de ses yeux vu, et vérifier avec prudence ce que l'on a pu lui confier. Dans le cas contraire il est un éditorialiste, ce qui n'est point la même chose".
Il nous décrit donc de l'intérieur toute notre fin de vingtième siècle, le Portugal de Salazar, son amitié avec les pilotes de la Luftwaffe, Rudel en tête :
"Nous étions tous deux des patriotes, lui de son pays, moi du mien quoique passablement écoeurés l'un et l'autre par l'après-guerre pour des raisons différentes à première vue, mais qui se révélaient à l'analyse finalement très proches !"
Che Guevara, le Chili de Pinochet, l'Algérie, Foccart et la françafrique, Israël pour lequel ses pronostics sont démentis : "Nous sommes un pays qui sait faire la guerre, mais ne sait pas faire la paix ! " Nous espérons tous qu'il va apprendre !"
Son avant dernier chapitre est simplement indispensable à tout esprit libre d'aujourd'hui, il commence par :
"Mes amis me pardonneront d'avoir été si longtemps patient à l'égard de ceux que l'on peut qualifier de « voleurs de l'Histoire ». Par pudeur, mes camarades de la France libre (la vraie…) qui furent parmi les meilleurs fils de ce pays, ont refusé jadis les polémiques stériles et la réfutation des affirmations péremptoires de ceux que Valéry appelait les « enfileurs de perles ».
Mais voilà que maintenant, cinquante ans après, certains veulent réécrire les pages de l'histoire de France 1940-1945, pour accommoder des rancunes haineuses et les mauvaises consciences."
La suite, je suis heureux de voir qu'elle est écrite par le crocodile, car un esprit libre préférera toujours le crocodile au poisson rouge.