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Critique de CDemassieux


Pendant plus de 20 000 ans, des hommes – et peut-être des femmes – ont peint, gravé, sculpté sur les parois des grottes ou dans des abris avec une constance inédite dans l’histoire de l’humanité. Preuve de la force de leurs croyances. A titre de comparaison, la civilisation de l’Egypte antique a duré un peu plus de 3000 ans.
Pourquoi l’art préhistorique ? interroge Jean Clotte, expert international de l’art rupestre, c’est-à-dire quelqu’un qui maîtrise quelque peu son sujet ! Pouvons-nous un instant croire que cet acte était gratuit ? L’Art pour l’Art à cette époque était-il concevable ? A moins de s’armer d’une mauvaise foi blindée, on ne peut adhérer à cette idée. Si l’Art était essentiellement signifiant au Moyen Âge – tourné vers Dieu –, il ne pouvait en être autrement à l’ère préhistorique.
Cet art répondait forcément à des considérations religieuses. Et Clottes, qui a rencontré nombre de peuples traditionnels – à savoir des peuples qui ne transpirent pas d’extase à l’arrivée des soldes ! –, émet une hypothèse qu’il défend avec ardeur : le chamanisme, qui vouait un culte à la nature et aux esprits. Chamanisme qui a essaimé dans le monde, depuis la Sibérie jusqu’à l’Amérique.
De nature il est justement question dans cette histoire, où la bête est surreprésentée par rapport à l’Homme. Ces peuples lointains faisaient corps avec cette nature qui les entourait de sa toute-puissance. Elle était leur divinité. Nous, qui vivons d’artifices, l’avons oublié, mais c’est la Terre qui nous accueille et non le contraire. Ces œuvres, vieilles de plusieurs milliers d’années, en sont la manifestation la plus fervente.
L’intérêt de ce texte est précisément là : ne pas énumérer des faits et se projeter, avec une rigueur toutefois scientifique, dans un passé trop souvent caricaturé. Evidemment, rien ne peut être prouvé avec une totale exactitude, mais l’on est forcé de reconnaître que l’image du primitif poilu tirant sa femme par les cheveux pour s’accoupler avec elle est un peu désuète !
L’essai de Jean Clottes, par son approche ouverte, désépaissit la brume entourant ces humains du paléolithique supérieur, comme il conclut si finement, et nous fait entrevoir une société complexe, avec ses rites non moins complexes, dont les traces qui nous sont parvenues sont chargées d’une indéniable intensité émotionnelle, propres à exciter notre imaginaire.
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