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Citations sur Le bal des ardents (7)

Danvé marche sur la couverture d'écorce qui tapisse et orne le parcours de promenade, jusqu'au massif de fougères qui bloque le passage. Il envisage de retourner en arrière un instant, avant de repousser les grandes palmes par bouquets. Laissez-moi me baigner dans les fleuves, dans la légèreté des fleuves et dans vos cuisses, vos muscles, bulles. Une fois que la couche de kaolin aura recouvert les pieds de Danvé et que les sables seront homogènes. Que les ardoises plates et bien découpées seront éparpillées en écailles sur le chemin du retour des baigneurs, et que le lac sera vide. Les marécages en prairies et les poissons qui agonisent, tordus sur le kaolin et sur l'argile et sur les ardoises en écailles. Plus besoin d'appât pour se servir. C'est de la soupe. C'est du bouillon.
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Le boomerang finit dans la main de Yasen, et tout est relancé au-dessus des cimes. Au-dessus des miniatures et des bombes qui filent sous la pluie à la vitesse des trains. Ca pourrait être des insectes, des insectes noyés. Il y en a un qui ralentit, un autre qui manque de tomber et qui stoppe. Les autres sont loin, droits comme des brise-lames, la tête froide, qui ne peuvent que regarder les concurrents qui précèdent. Et leurs petites lumières, les compteurs. On rallume les phares sans faire exprès, dans un écart, et on les éteint car c’est la règle. Mais c’est surtout plus beau. Et si on tombe, on tombe. On sera propre sur le goudron et sa pellicule de pluie. Juste quelques ombres bleues et vertes sur le nez et la bouche qui s’effacent après avoir été fixes longuement. Mais on ne tombera pas cette fois. Voilà ce qui court sur la route qu’on ne peut voir que depuis le vol. Et quand il revient de nouveau on y est encore. On est au beau milieu. Au beau milieu de la courbe.
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Et cette nuit-là en particulier était très grise. Il y avait dans l’air et la profondeur la couleur des eaux remuées. Pourtant ça ne bougeait pas en surface depuis des mois. Alors c’était peut-être la densité de l’eau. Il n’y connaissait rien. En soudure, on abandonnait vite la biologie. Alors il restait là à regarder les programmes comme les autres, dans un faux sommeil, avec des mouvements très lents. Pour se mettre en état de travailler les prochaines heures, il imaginait un requin-pèlerin, immobile dans son avancée. Et les poussières et le plancton qui foncent dans les filtres. La grosse bête perdue dans un des coins du delta, marée haute, si bien qu’on voit son aileron alors qu’il a le ventre posé sur le fond. Le temps d’un cycle. Rester et attendre sans attendre. Il s’asseyait sur le strapontin et répétait les gestes. Face aux troncs cassés empilés, les mêmes propositions. Entre les œuvres vives et les œuvres mortes, restent les gestes et les vitesses. Et puis on ouvre le sas comme d’habitude. On fait le travail. Mais justement, à force, il y a des jours où on ne fait pas comme d’habitude et où on fait tout sauter. Et plus tard il y aurait Rockall et les autres explosions. Rockall, une anecdote comme mille autres pour le monde – pour tout le monde sauf lui.
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Mais si on commence à faire attention, on se retrouve à scruter tous les bouts de gras des rues des Soifs.
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Des trois retardataires en retrait de la manifestation, seul le plus vieux n’a pas terminé d’uriner sur les ruines des conserveries antiques. Les deux autres discutent, ou plutôt rient, sans que le motif de leur rigolade nous soit intelligible. Le vieux termine d’uriner, ferme sa braguette avec difficulté – c’est une braguette à boutons -, puis le groupe avance de nouveau vers la foule amassée sur le rond-point. Ils sont de ceux qu’on a enduits de poix et de plume, pour qu’ils aient l’air d’animaux. Certains jouent les chevaux de soldats au chef couvert de casseroles. D’autres jouent les tigres ; hommes sauvages chargés de poils de la tête aux pieds.
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Depuis la Colline-qui-Bouge, quartier à l’est du port, il regarde vers l’esplanade où sont encore sûrement les chanteurs. Il ne peut les voir parmi la foule indifférenciée qui noircit la place. On voit très bien l’autre colline de la ville en revanche, les palmiers au loin, ceux qu’il a remarqués quand il est passé tout à l’heure le long des grillages. Il a vu que la clinique fonctionne comme si de rien n’était, patients et médecins. C’est comme si le parc médical n’avait pas entendu parler du carnaval ou de l’avancée des troupes. Yasen est maintenant tout en haut, sur le parking de la cité administrative, et peut depuis le grand bâtiment qui surplombe le quartier regarder les palmiers et les parterres d’aloe vera qui peuplent le parc de l’hôpital psychiatrique, imaginer les promenades des patients dans les jungles, les carpes des petits étangs, les livraisons à l’arrière, le camion qui livre les rougets, les coquilles, les hâ, les conversations paisibles des malades et de leurs médecins, sans intérêt aucun pour le carnaval, sans intérêt pour les rois, sans rois, à l’ombre des yuccas géants.
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Car on dit que le roi est mort. On l’a toujours dit. Même quand le roi est bien vivant, on a l’habitude de chuchoter sa mort. Mais ces derniers temps on l’annonce plus volontiers que d’habitude. Il faut dire qu’il n’y a quasiment plus de déclarations officielles sur la santé du roi depuis des mois. Les dernières nouvelles de la part de l’entourage royal remontent à deux ans. Donc cet appel du lundi arrive trop tard ; les rumeurs s’intensifient et se précisent, au sujet des nombreuses et lourdes opérations sur le corps du roi.
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