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Laurent le Magnifique (1449-1492) fait partie de ces "grands hommes" à la charnière du Moyen Âge et De La Renaissance qui fascinent, parce qu'il fut à la fois un responsable politique, le membre d'une famille liée à la finance, un mécène, un esthète et un écrivain. La ville de Florence dont il était le maître rayonna grâce à lui de mille feux et l'on doit dire qu'elle en avait les moyens car elle tirait en partie sa richesse de l'exploitation des mines d'alun de Sforza qui lui rapportait d'énormes profits qu'elle savait placer pour faire fructifier l'argent encaissé. La famille Médicis ou Medici était d'ailleurs bien placée car elle disposait d'un réseau bancaire très influent sur les places européennes, bien que son prestige commençât à décroître à Londres comme à Bruges. L'homme politique et le prince qu'était Laurent ne connut pas toujours le succès : soutien des Orsini, contre les Colonna, il eut à lutter contre la toute-puissance des Pazzi - lutte dans laquelle son frère Julien laissa la vie -, mais aussi contre des ennemis tenaces comme Francesco Salviati, le cardinal Riario et le pape Sixte IV. Il dut aussi affronter des coalitions dans lesquelles on vit même entrer Ferdinand 1er de Naples et les Aragonais, et toutes ces guerres menacèrent ses territoires. Laurent de Médicis eut cependant toujours l'art de savoir retourner les situations et de rétablir les équilibres lorsqu'ils semblaient rompus, et c'est ainsi qu'il s'allia à son tour à Ferdinand de Naples contre le pape Innocent VIII. Il n'était pas très beau et son surnom de "Magnifique" renvoie surtout à la faveur dont jouirent les artistes qui se placèrent sous sa protection et parmi lesquels on retiendra les noms de Vinci, de Botticelli et de Michel Ange. Formé à la pensée aristotélicienne aussi bien qu'à la philosophie platonicienne, il s'était lié avec des gens comme le théologien "néo-platonicien" Marsile Ficin, l'humaniste Pic de la Mirandole et le poète Ange Politien. Mais ce goût pour l'art, et tout le raffinement et le luxe qui allaient de pair avec, furent bientôt la cible d'un moine dominicain du monastère San Marco, Girolamo Savonarole, qui s'érigea en juge par rapport aux excès commis selon lui par tous les Florentins fortunés. L'influence de ce dernier ne cessa de grandir, et Laurent de Médicis tenta de l'amadouer. En vain. On dit que le Magnifique aurait réclamé la présence du moine prêcheur à son chevet au moment de mourir mais que les conditions posées par celui-ci pour recevoir l'ultime confession de Laurent durent finalement décourager le moribond tant elles semblaient excéder les choses auxquelles un homme de pouvoir pouvait consentir. La ville de Florence vécut avec le Magnifique les moments les plus exaltants de son histoire. Ivan Cloulas a retracé les grands moments de cette histoire dans cette biographie de Laurent de Médicis, qui est écrite sans excès, ni dans l'éloge, ni dans le blâme. François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010) + Lire la suite |