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EAN : 9782915854046
340 pages
Editions Delga (15/06/2006)
4.11/5   41 notes
Résumé :


La crise actuelle s’avère l’ultime expression de la négation du procès de production : prévalence des actionnaires sur les producteurs, prépondérance des services en Occident et « usine du monde » délocalisée partout ailleurs etc.

Si cette négation tyrannique a été intériorisée même par ses victimes, c’est qu’elle est au résultat de ce long dressage que réalisa le « libéralisme libertaire », dont Michel Clouscard a le premier théorisé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Clouscard Michel (1928-2009) – "Le capitalisme de la séduction : critique de la social-démocratie libertaire" – Delga, 2014 (ISBN 978-2-915854-13-8)
– format poche, 350p.
– Réédition d'un ouvrage publié en 1981.

Le type même d'ouvrage dont le lecteur ressort consterné, navré, fâché, tant il regrette que la sauce soit ainsi gâchée, sottement.
En effet, l'auteur formule des remarques pertinentes et intéressantes, illustre – parfois – son propos d'exemples tirés de judicieuses observations de la réalité, en tire des pistes à creuser car prometteuses, mais hélas, trois fois hélas, mille fois hélas, tout cela est gâché par le recours à un charabia caractéristique des gourous sectaires, tout autant que par le rabâchage de positions politiques figées, littéralement enkystées.

Commençons par ce côté négatif : comme tant d'autres gourous de sa génération, ce pôvre Michel Clouscard crut "compléter le marxisme" et fournir une interprétation totale du monde, de la société, de la réalité. Resté fidèle au PCF, il n'était pas franchement dans l'écurie à la mode d'autant plus qu'il publia ses prodigieuses révélations précisément dans les décennies du déclin s'accélérant inexorablement pour ce parti aujourd'hui réduit au rang de groupuscule.
De ce fait sans doute, et comme tout gourou, il abreuve ses concurrents et rivaux d'invectives et d'injures (pas toujours injustifiées, le plus souvent involontairement drôles) : Bourdieu et Lacan (dès la page 24), Althusser, Lévi-Strauss, Foucault, Barthes, les freudo-marxistes, les gauchistes, Cohn-Bendit etc etc, tout ce petit monde en prend pour son grade, tous se voient mis "dans le même sac" (cf p. 227 puis p. 251, note de bas de page), ainsi que "le hippie, le casseur, le Mai 68 estudiantin, Woodstock etc" (cf p. 244), ou encore Cocteau, Artaud, Godard, Chéreau, le Living, Planchon (pp. 240-241) – l'auteur cultive les listes d'excommuniés.
Comme tout gourou fort content de lui-même, il s'auto-cite très souvent, renvoyant le lecteur à d'autres opuscules issus de sa plume dans lesquels il aurait "démontré" tel ou tel axiome. Restons polis, constatons que c'est un peu lassant, et fort peu convaincant.

Autre côté négatif : l'auteur mobilise un galimatias invraisemblable de formulations qu'il est probablement le seul à comprendre. En ceci, certes, il ne fait qu'imiter Lacan ou Debord : pratiquement toute la deuxième partie du livre (pp. 225-343) oscille entre le délire, l'incantation, la vocifération, le postulat énoncé comme une évidence, sans plus fournir le moindre exemple ou argument concret. Il espérait sans doute laisser ainsi la place à un troupeau d'exégètes sectaires se disputant la postérité du "maître", mais ça n'a guère fonctionné (contrairement par exemple à Lacan).

Ces aspects négatifs sont toutefois à relativiser, car l'auteur ouvre quelques pistes de réflexion prometteuses.

A commencer par le fait que – né en 1928 – il appartient à la génération des gens disposant d'un vécu suffisant pour mettre en perspective les "évènements" de mai-68.
L'ouvrage s'ouvre d'ailleurs sur de fréquentes allusions au "Plan Marshall" d'aide à la reconstruction de l'Europe de l'Ouest entre 1948 et 1951 (cf pp. 37 à 41) tout en mettant en scène la trilogie du "poster, flipper, juke-box" (pp. 29-44) : quel jeune non historien sait aujourd'hui ce que ces mots pouvaient bien désigner ??? Alors que ce furent effectivement des phénomènes massivement répandus ! le poster (du "che" Guevara à James Dean ou Elvis Presley, décliné ensuite par toutes les "idoles", distribué en cahier central de "salut les copains"). le flipper du bistrot du coin de la rue (qui était encore largement réservé aux seuls individus de sexe mâle), avec ses virtuoses qui vous secouaient l'appareil sans qu'il fasse "tilt" pour autant. Une mention encore pour le juke-box Wurlitzer bariolé, pour draguer la midinette esseulée (qui se souvient du scopitone ?).

L'auteur enchaîne (pp. 45-56) avec les modes qui étaient, à l'époque, des nouveautés : jeans, treillis, cheveux longs des garçons (les "élucubrations" d'Antoine monopolisent les ondes en 1966), sans oublier la sacro-sainte guitare, qui faisait des ravages auprès des minettes.
Encore mieux vu de la part de Clouscard, l'avènement des fesses féminines moulées dans le jean (ou la mini jupe) "le cul est devenu une silhouette" (p.46, p. 49), un phénomène qui perdure aujourd'hui, l'exhibition des fesses étant devenu incontournable pour l'écrasante majorité de la gent féminine, le sommet de la vulgarité étant assumé par les "vedettes" offertes en modèles aux midinettes.
Viennent ensuite "la bande", la drogue, le féminisme et la pilule, la moto, la chaîne hi-fi, le Nikon, sans oublier l'incantatoire "passe ton bac d'abord"...

Chacun de ces points n'est malheureusement abordé que dans le cadre fort étriqué de la thèse centrale, sur le mode "tout ça ma brave dame n'est là que pour renforcer le grand vilain capitalisme", un leitmotiv répété jusqu'à lasser le lecteur qui préférerait une étude approfondie de chacun des phénomènes évoqués trop sommairement.

Une exception, qui fait encore plus regretter l'absence d'approfondissement des autres points cités ci-dessus : dans le quatrième chapitre (pp. 77 à 109) l'auteur approfondit un peu plus la description et l'analyse du monde sonore qui envahit la société entière – ce bruit ahurissant, ce fracas tapageur qui perdure aujourd'hui sous le nom de "musique amplifiée". Il compare le jazz et ce qu'on appelle (à tort le plus souvent) le "rock", et ses remarques concernant le rythme et le swing s'avèrent d'une justesse fort intéressante.
Malheureusement, une fois de plus, l'auteur dévie vers ses idées fixes et son charabia, au lieu d'approfondir un sujet qu'il connaît manifestement fort bien. Dommage.

Il en va de même pour ce qu'il désigne par le vocable "arythmie macro-sociale" (p. 146), avec une formidable comparaison entre le rythme des anciennes sociétés rurales et celui des entassements urbains, passant par la destruction de la famille (pp. 144-147) :
"... le nouveau rythme social ne dispose plus de l'unité organique famille/village, d'une temporalité apaisante, de longue durée, lente, équilibrée. A la place : deux systèmes spatio-temporels : le temps de travail et le temps de loisir. Et entre les deux, ce monstrueux cancer spatiotemporel : le temps de transport. (pp 146-147).

Le noyau le plus abouti dans sa réflexion réside dans son analyse du mécanisme mis en place par les adultes, permettant – voire imposant – aux "jeunes" d'adopter des postures de révoltés (un petit passage sur quelques barricades et dans une secte trotskyste, genre Jospin lambertiste), pourvu qu'ensuite elles et ils en tirent parti judicieusement :
"l'incivisme est une école d'arrivisme. A condition d'avoir été bien élevé" (p. 72)
On ne saurait mieux définir la ligne éditoriale d'un quotidien comme "Le Monde" ou le parcours type d'innombrable cadres du parti socialiste.

Il faudrait reprendre une à une les pistes concrètes exposées dans cette ouvrage, les sortir de leur gangue charabiatesque (hi, hi, hi), et procéder à des approfondissements, ceci permettrait d'élaborer une bonne restitution de ce que fut la deuxième moitié du vingtième siècle.

Un livre à lire, en connaissant ses inconvénients et faiblesses, à moins que quelqu'un puisse recommander un ouvrage déjà publié reprenant ces thèmes de façon non doctrinaire ???

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Cet ouvrage a la volonté de montrer, tout comme Debord, l'évolution du capitalisme depuis la seconde guerre mondiale jusqu'au année 80. Autant chez Debord, on retrouve un contenu encore pertinent de nos jours. Autant ici, il y a un gros problème de temporalité (on parle de la mode: poster, flipper, jeans, juke-box une époque que je n'ai point connu...) mais on peut remarquer quand même, l'évolution bien monstrueuse de ce capitalisme débridé. Ce capitalisme libéral libertaire qui subversive et séduit toute chose, ce point central est, lui, toujours d'actualité.

Les hippies, les féministes, les antiracistes, les freudo-marxistes, les gauchistes, ces causes sont devenues des images, des stéréotypes, des discours vite fait et peu réfléchis, vaut mieux ne pas trop chercher quel est le réel problème de ce monde. Faisons comme les autres... Ces pseudo révoltés manipulés par le système, une moto, symbole de la liberté, bah voyons... La drogue, véritable émancipation, disons merde au système... Dommage, il se contrebalance de votre cris.

Voilà, les idées générales sont très bonnes, l'émancipation des femmes qui devient guerre des sexes, une véritable tornade dans les moeurs, une tornade manipulée... mais couplée avec un charabia pseudo philosophique digne de Francis Cousin. Non merci, les thèses sont à peine effleurées en réalité. Derrière le fait de dire, ma méthode, c'est la phénoménologie, il en profite pour ne rien dire.

Mais cela n'empêche pas de montrer les grands thèmes et évolutions de cette américanisation et la gauchisation de la France. Il explique comment ce capitalisme d'état bureaucratique et technocratique en est venu à créer cette société entièrement orientée vers le divertissement et la consommation de masse. Comment le PS a pu subvertir tout un électorat petit-bourgeois envahi par les causes spectacles libéral et rêvant d'émancipation écologique et festive...

Les mesures sociales permettent de privilégier les métiers du tertiaire et du quaternaire pour constituer le « ventre mou » de la « techno-bureaucratie social-démocrate». Ce nouveau dispositif de classes prend le relais de l'affrontement frontal de l'antagonisme bourgeoisie/prolétariat par le développement de types sociaux jusqu'alors embryonnaires et désormais associés à un « management » et une « animation » plus ou moins futile et « frivole » de la nouvelle « convivialité » de la civilisation marchande (mode, industrie des loisirs, jeux, festivités…), devenue champ étendu de la nouvelle « mondanité » des couches dominantes.

En résulte une nouvelle civilisation capitaliste, la fantasmatique de l'idéologie publicitaire et l'initiation à la civilisation de la marchandise grâce à cette idéal d'émancipation, d'assouplissement des moeurs ainsi que la consommation des signes de richesse (lunettes de soleil) et non de leur réalité (semaine à Miami). La constitution d'une nouvelle aristocratie festive, ces clubs friqués de l'Olympe mondaine. Jeunesse, beauté, vedette, argent, plage, habits, drogue, sexe et pouvoir. Puis ceux qui veulent les copier, la cour des dieux, vivre comme eux cette libération du plaisir, mais plaisir inauthentique et archétypal.

Il y a également une étude sur la musique, à la fois contestataire et mondaine , archétypal et en constante innovation, cette révolution qui va envahir toute la société. Puis également ces pseudo écologistes hippies voulant revenir à cette nature idéalisée et à ce rural, renouer à la source. Plein de petite réflexion sur l'hypersexualisation, les mécanismes initiatiques sur la jeunesse... Mais tout ceci est enrobé d'un discours avec des "potlatch", des réflexions sur l'être, du charabia sans utilité, presque du remplissage.

Je ressors confus de cette lecture qui ne m'a, au final, pas appris grand chose, à des moments moralisateurs, d'autre fois, il se lance dans des critiques sur ces collègues à la méthode Nietzschéenne. Pleurant sur le sort du PC et ne proposant pas grand chose au final (à part du charabia peu concret). A vous de voir mais franchement, Debord, cela reste bien mieux....
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Le livre indispensable pour comprendre les nouvelles stratégies du capitalisme depuis 30 ans.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Le cul est devenu une silhouette. Et quelle silhouette ! Celle de l'archétype Hollywoodien. Les jeans à l'origine tenue de travail, permettent de camoufler cette promotion mondaine, du derrière. La tenue de vulgarisation Hollywoodienne pourra même être proposé comme mépris de toute sophistication mondaine (constante inversion des significations de la réalité par les signifiants mondains). Hollywood est descendu dans la rue, et les idéologies diront que la jeunesse tourne le dos au passé, qu'elle méprise les modes !
Promotion du derrière : il est devenu enfin une silhouette et celle-ci est celle de la mode. Une matière a pris forme. Ce qui était en puissance est devenu en acte. La sexualité a revêtu la mode.
Quelle séduction ! Quel triomphe narcissique ! L'objet lourd, gros, obscène, la femme encombrée de son derrière, culpabilité secrète, pesante, pendante au dos (étalée sur la poitrine) s'efface et devient la silhouette longue, fine, souple, galbée, élégante "sans le vouloir", nonchalante, décontractée. Libre, l'unisexe. Pour revendiquer l'identité, (laquelle ?).
Le couturier vous faisait porter la toilette : toute une civilisation. Et celle-ci s'avérait non seulement incapable de résoudre le problème mais aussi de le poser. Que faire d'un derrière qui révèle, dans le moindre geste, à travers la sexualité, la maternité ? Cet élargissement du bassin, cette disposition de l'os iliaque, qui proclame la fonction de l'espèce en même temps que le désir de la créature ?
Le couturier ne savait comment s'y prendre : le cacher ou le révéler, le révéler en le cachant ? Ce qui s'avérait alors c'est l'ambiguïté du statu de la femme : objet de désir et moyen de reproduction, et à mesure que la bourgeoisie accède à la société civile - à la sphère des besoins - l'idéologie du désir se développe de telle manière que le derrière, moyen de reproduction est de trop (de Rubens, Fragonard, Delacroix, Renoir à Van Dongen et Modigliani)
Le nouveau bourgeois devenu le parfait consommateur ne veut que d'un derrière objet de désir. Le derrière de la pondeuse doit s'effacer pour ne plus être que la silhouette inventée par la libido capitaliste.
Cette opération est réalisée par les blue-jeans. L'eurêka de la mondanité : l'uniforme du désir, l'objectivation de la phallocratie. Voici le nouveau corps prêt à porter, le corps du désir. Les couturiers peuvent aller se rhabiller. Les modélistes doivent se soumettre au modèle.
Certes, déjà la mode était descendue dans la rue. L'élégance des modélistes était devenue celle du prêt-à-porter. L'imitation de Chanel pour un dernier combat d'arrière-garde, une banalisation chère.
Alors la femme pauvre élégante. La toilette de la femme qui ne peut la porter. Quel style : la prétention petite-bourgeoise de sa maman, affichée, proclamée. La copie de la copie comme bonne tenue respectueuse.
Le blue-jeans permet de franchir d'un bond barrières et niveau de l'étiquette bourgeoise, pour revêtir le corps idéal, celui qu'Hollywood a mis si longtemps à forger dans son usine à rêver. Les jeans permettent de passer de la robe modèle au corps modèle. La toilette était valorisante du couturier de la mode. Elle revêtait le corps. Alors que les jeans donnent forme - parfaite - au corps. Le corps réinventé ! Une autre peau.
La forme culturelle, d'abord prototype de l'usine à rêver, est reproduite en série. C'est le modèle parfait qui devient prêt-à-porter. Il suffit de l'endosser pour se l'approprier.
Blue-jeans, rêve de femme ! À la portée de toutes, corps parfait revêtu en masse. Enfin une féminité désencombrée de la maternité, le sexe sans la reproduction, le désir sans le mariage et le mariage avec le divorce. Le corps libre, naturel, spontané ! Le corps sans la toilette ! Le corps sans la mode !
C'est toute l'idéologie de la libéralisation qui est endossée avec les jeans. Idéologie sans laquelle ces jeans ne seraient qu'un banal instrument de mode.
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Les stéréotypes fonctionnels fonctionnent tout seuls. Le corps récite la leçon de choses et de gestes appris. Pour agir dans et selon ce langage imposé.
L'âme machinale va passer à l'acte sexuel machinalement : elle y est conduite fatalement, par le gestuel appris. L'acte sexuel n'est plus qu'un geste situé dans une série. Il n'a plus de signification par lui-même. Mais de par la totalité du comportement. Le sens de l'acte est dans ce qui précède mais aussi dans ce qui le suit. Il est la signification de la série. Une consommation de plus, un rythme de plus. L'acte sexuel est un élément parmi d'autres qui a la nécessité sociologique des gestes à faire et des mots à dire.
Alors l'initiation sexuelle écarte la culture de jeune fille, les rituels et les célébrations valorisantes, qui faisaient de ce moment un moment privilégié, unique, d'une grande portée symbolique. L'idéologie de la consommation fait de la sexualité une consommation parmi d'autres. La psyché se paupérise, se banalise à l'extrême. Après avoir écarté l'imaginaire de l'attente, l'idéologie dévalorise l'acte sexuel en le réduisant à un acte d'usage, à la consommation (du plaisir).
À la place de la psyché, l'initiation de série. L'impératif catégorique de l'opinion libérale. Les adolescentes sont revues émanant de spécialistes, d'éducateurs... Malheur à celle qui n'est pas dans le coup. Elle sera repérée, désignée, dénoncée, moquée. Comment pourrait-elle se dérober ? Les copines qui vous tournent le dos. Les garçons qui vous charrient. La mise en quarantaine (mondaine). Laquelle consentirait-elle- d'elle-même - résister à cet environnement idéologique et s'écarter du troupeau ? Comment pourrait-elle soudain briser en elle tout l'acquis culturel et affectif de l'animation machinale qui déjà l'a inexorablement modelée ?
Surtout lorsque c'est la mère qui fait fonction d'entremetteuse. La mère ou l'éducateur. Bien intentionnés, ils prennent des intérêts de l'adolescente. Ils pensent agir pour le mieux. Etant donné l'époque, pensent-ils, il "vaut mieux" ne pas attendre qu'elle soit bêtement enceinte. Il "vaut mieux" éviter l'avortement. Bien que l'avortement, lui aussi, ait été banalisé, vulgarisé. Mais quand même : pourquoi prendre le moindre risque alors qu'il y a la pilule ?
Aussi la maman ou l'éducateur sympa agissent préventivement : "Tu sais ma petite fille... La pilule."
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Comment le nouveau phallocrate ne serait-il pas féministe, puisque le féminisme est le vieux projet phallocrate adapté au libéralisme avancé jusqu'à la social-démocratie libertaire ? De toute son hypocrisie sexiste, i la voulu que la femme "réussisse" son divorce comme elle a déjà "réussi" ses avortements. De même, en lançant la femme sur le marché du travail, il réussira à en faire une chômeuse. Car là aussi, les dés sont pipés : toujours deux destins de femme. Celles qui profitent du système. Celles qui en sont victimes. Les bourgeoises, nanties de diplômes et qui se sont cassées avant la récession. Ou qui, maintenant, bénéficient d'une qualification professionnelle qui leur permet d'exercer un métier libéral, ou d'occuper les secteurs de pointe des public-relations, des mass-media. Celles qui ont le pouvoir de choisir. D'attendre. De se faire pistonner. Qui savent plaire. Qui gèrent les boutiques de mode. Qui ont des relations. Des oncles bien placés. Celles qui peuvent rentrer à la maison. Après avoir gagné la maison de campagne. Ou l'autre voiture.
Et les femmes d'origine populaire. Sans diplôme. Sans qualification professionnelle. Même pas ouvrières. Même pas OS. Les femmes de salle. Les balayeuses. les serveuses. Les bonnes (portugaises) .Les femmes de ménage. Les vendeuses. L'immense armée des femmes à tout faire. Contraintes de prendre n'importe quel travail. Les saisonnières. Et toutes celles qui ne trouvent même pas ces humbles et pauvres tâches. Chômeuses. Ou même pas chômeuses.
Le féminisme est cette idéologie qui consacre une nouvelle et terrible ségrégation dans le sexe féminin. Ségrégation de classe qui organise deux destins de femme.
Celles qui parviennent, arrivent. Qui s'intègrent à la dynamique du système. Celles qui ont droit aux essais et erreurs. Aux expériences non seulement permises mais recommandées. Et qui, en définitive, réussissent ou réussiront leurs mariages, leurs enfants, leurs carrières. Et celles pour qui l'avortement, le divorce, le travail-chômage sont de terribles drames, des traumatismes irrécupérables, des épreuves insurmontables.
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De l'enfance à l'adolescence, de celle-ci à l'âge adulte. L'enfant doit être un pseudo-adulte. L'adolescent infantile. Et l'adulte un éternel adolescent. Tel est le processus de l'infantilisation d'une société : faire de l'immaturité un adulte irresponsable. Par la médiation de l'adolescence, d'une contestation qui n'est qu'une voie d'accès à la consommation mondaine. Pour cela, produire un enfant à la coule, un usager averti et difficile. Écarter de l'éducation les conduites d'apprentissage du procès de production. Ainsi que toutes les valeurs qui s'y rattachent. Ne proposer que les conduites de consommation ludique et marginale, libidinale.
Pour que l'adolescent reconduise cet univers ludique dans la société adulte. En tant qu'immaturation devenue irresponsabilité civique. Mais, nous l'avons vu, irresponsabilité prise en charge par le système : irresponsabilité programmée du consommateur, lequel ne fait qu'accomplir le plan du néo-capitalisme qui conquiert ainsi un immense et nouveau marché.
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Le rock (et ses dérivés) découpe la durée musicale en tranches homogènes, répétitives, similaires. Le temps devient une durée linéaire débitée en tranches toujours identiques. C'est le temps du mêle, du devenir réduit à la répétition. Ce qui a été sera.
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