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EAN : 9782330127961
192 pages
Actes Sud (02/10/2019)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Journal de deuil intermittent, entre travail de mémoire et d'accompagnement de l'aimée qui lutte pour durer encore. Un livre-portrait écrit avec et sans distance, à l’épreuve de la maladie, et qui est avant tout un chant d'amour, de tristesse et de force.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je débute, en tout premier lieu, par exprimer toute ma reconnaissance et mes plus vifs remerciements à Patrick Cloux, pour l'envoi de son tout dernier texte, découvert hier soir à mon retour d'une brève échappée dans le Cantal, dans ma boite aux lettres...

Une émotion des plus palpables dès que me suis plongée dans ce "Journal
intermittent", mêlant les souvenirs, l'enfance, le quotidien, le bilan
d'un homme dont la vie a été habitée par l'art, les livres, la littérature, et
en filigrane central, constant ,le vécu d'un accompagnement dans la maladie de la Compagne aimée , vénérée...

" Mon livre m'échappera. Il sera lui aussi indûment fini. Prétendument abouti, ce qui est évidemment impossible. Beaucoup de choses finissent ces jours autour de nous. Mais d'évidence, les livres sont infinis. (...)
Ratiociner à un certain niveau est un sport de combat. Un objet de résistance. Une leçon de maintien qu'on se donne à soi-même. Une gondole à chagrin qu'il me faut, tant que tu es là, coûte que coûte, stabiliser. "(p. 95)

Ce texte si bouleversant , hommage absolu à la femme aimée, n'aurait pas besoin de commentaires , tant ce Journal se suffit à lui-même, au vu du chemin de douleurs parcouru par ce couple fusionnel, déchiré par la maladie ....

Des thèmes éternels, universels qui frappent chacun, à un moment donné:
le manque d'aptitude à vivre, le temps qui passe cruellement, les amis qui
disparaissent, la fragilité de toute existence, le rôle délicat, éprouvant
d'"aidant"...auprès de la personne aimée !

Patrick Cloux nous parle aussi de ses points d'ancrage littéraires: Henri
Thomas, Robert Walser, Henri Bauchau, Paul Gadenne , Eric Holder,Jean-François Billeter, etc. [des écrivains
de "l'intime" que j'affectionne aussi tout particulièrement ! ], de ses admirations multiples, dont le photographe "humaniste", André Gamet ( que je découvre, à l'occasion...)

Dans ces lignes épurées...j'y retrouve échos et émotions personnels, très parallèles, dans une proximité saisissante !!

C'est un livre chavirant car il parle de tout ce qui constitue un homme : sa vie, ses amours, ses amitiés, ses convictions et ce temps qui use,déconstruit, fragilise, nous enlève les êtres aimés. Comme à chaque lecture de cet écrivain, le style est à la fois sobre, lyrique, avec une petite musique familière, une poésie chaque fois renouvelée à partir du "plus simple"...qui me touchent infiniment...


"S'il te plaît, ne deviens pas un fantôme. Cela fait trop mal. (p. 33)

"Tu fus, je peux maintenant te l'avouer, mon auteur préféré, celle qui me raconta les plus belles histoires. "(p.25)

Pour la lectrice que je suis, ayant proclamé ci-dessus que ce " journal intermittent" était si dense que les commentaires étaient comme surfétatoires...alors pourquoi ?.... je tente de "justifier" cette obstination comme le souhait d'exprimer des lignes de modeste "reconnaissance"à Patrick Cloux pour ce vibrant chant d'amour et de tendresse, envers son épouse, et le beau chemin de vie parcouru de concert, des années durant...

L'ECRITURE qui, malgré tout, recule l'Absence, La Séparation...définitives,insupportables, inacceptables !

"Mais il y a tant d'éclats encore, tant de choses à sauver. A écrire, à ne corrompre en rien. J'aimerais ouvrir en grand l'éventail, tourner les pages de l'échéancier, en montrer les nuances de couleurs, sans ne rien oublier sans ne rien profaner. "(p. 116)

Même si...le chagrin, le deuil sont là, intolérables... la prose de Patrick Cloux reste totalement lumineuse, chavirante... Je renouvelle reconnaissance et admiration à son auteur devant une telle élégance, une harmonie des MOTS...Force et faiblesse. Un homme aimant, attentif, qui se met à nu dans sa souffrance; non pas par nombrilisme...mais pour garder la tête hors de l'eau...pour rester, grâce à ce "journal intermittent", relié, au plus près de sa "petite cigogne" ...

"Ecrire certains soirs m'autorise à croire que je peux prolonger en leurs trames et tissages, longuement, les jours de ma compagne." (p. 130)


"Le temps s'est arrêté. L'art sert au moins à cela. A maintenir l'illusion d'une corde de rappel. (p. 75)"
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Nous vivions en costumes, un peu comme les gens du cirque (...) cela dura des années- des clowns itinérants, des théâtreux bavards, des camelots saisonniers, des nomades au nez rouge. Nous partions présenter les nouveautés chez les libraires. On changeait chaque mois de répertoire. On avait belle allure. On était enfin devenus ces gitans tant idéalisés autrefois, lorsque nous étions petits et que le monde nous paraissait si vaste. (p. 73)
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Il y eut une série mémorable de gitans photographiés au sortir de la guerre aux Saintes-Maries-de-la-Mer par un photographe lyonnais, André Gamet, un membre de l'agence Rapho. Elles nous renseignent sur leurs pèlerinages. Je les trouve très belles. Le temps s'est arrêté. L'art sert au moins à cela. A maintenir l'illusion d'une corde de rappel. (p. 75)
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[Eric Holder ]
Nous aimions beaucoup ses livres, leur ton nous était si proche. Il était nourri d'une suite de vies précaires, d'histoires courtes ou d'amours échevelées, pleines d'ouvriers disqualifiés, d'intérimaires largués, d'institutrices rêveuses, d'animatrices locales, de forains démerdards et de marchands à la tire. Il excellait à rendre vivant l'ordinaire, puis poétique la galère et ses à peu près. (p. 184)
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La littérature a quelque chose à voir avec l'ascèse, la maltraitance et le cilice. Ecrire un tel journal donne un statut particulier à la perte. Ces constructions, ces jardins de ferveur, ces cabanes isolées, ces moulins de Quichotte sont tous plus ou moins nos membres fantômes. (p. 163)
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Mon livre m'échappera. Il sera lui aussi indûment fini. Prétendument abouti, ce qui est évidemment impossible. Beaucoup de choses finissent ces jours autour de nous. Mais d'évidence, les livres sont infinis. (...)
Ratiociner à un certain niveau est un sport de combat. Un objet de résistance. Une leçon de maintien qu'on se donne à soi-même. Une gondole à chagrin qu'il me faut, tant que tu es là, coûte que coûte, stabiliser. (p. 95)
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